Édition illustrée. Traduit de l'anglais par Benjamin Saltel.
“La technologie étend le pouvoir et la compréhension, mais lorsqu’elle est appliquée inégalement elle concentre aussi le pouvoir et la compréhension. L’histoire de l’automatisation et de la connaissance computationnelle, depuis les champs de coton jusqu’aux microprocesseurs, ne se limite pas au lent remplacement des travailleurs humains par des machines plus compétentes qu’eux. Cette histoire raconte aussi comment le pouvoir se concentre dans de moins en moins de mains et la compréhension dans de moins en moins de têtes.”
La technologie façonne les événements mondiaux et envahi chaque aspect de notre existence. Elle affecte notre capacité à penser, à comprendre et à agir. Pourtant, notre compréhension de celle-ci reste lacunaire et cette ignorance nous rend vulnérables.
Dans Un nouvel âge de ténèbres, référence directe à H.P. Lovecraft, James Bridle analyse l'enchevêtrement croissant de l'humanité avec un réseau de processus technologiques multiples et complexes. Il nous invite à comprendre les outils que nous utilisons, leur fonctionnement technique et leurs implications éthiques. Il aborde ainsi, dans une perspective historique et philosophique, une multitude de sujets : les premiers supercalculateurs, l’invention de la bombe atomique, les GPS, le Big Data, les logiciels automatisés, les banques et le marché, les bots, les algorithmes des sites de rencontres, l'IA, la surveillance globale…
Aux antipodes d’une critique réactionnaire de la technologie, Bridle démontre comment la technologie échoue à répondre aux grands défis de notre modernité et nous enferme dans des schémas de pensée qui brident notre intelligence et notre créativité. Alors que nous disposons d'un savoir immense à portée de clic, nous sommes, paradoxalement, incapables de penser. Nous en arrivons à préférer l’interprétation de la réalité à la réalité elle-même. En outre, la prétendue neutralité du système masque des enjeux de pouvoir tout sauf innocents. Il démonte par la même occasion quelques lieux communs, notamment l’idée d’un progrès technologique linéaire et imparable, mais aussi la croyance, largement entretenue par les GAFA, selon laquelle une surabondance d’informations serait toujours bénéfique. James Bridle livre une réflexion dense et efficace, véritable boussole à l’orée de ce “nouvel âge de ténèbres”.