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Littératures et Histoire en terre (s) coloniale (s) et post-coloniale(s). Décryptage à partir des Antilles et des Guyanes (XIXe-XXIe s.)

Littératures et Histoire en terre (s) coloniale (s) et post-coloniale(s). Décryptage à partir des Antilles et des Guyanes (XIXe-XXIe s.)

Publié le par Marc Escola (Source : Jean Moomou)

 JOURNEE D’ETUDE : 28 avril 2022

Laboratoire LC2S 
(Laboratoire Caribéen de Sciences Sociales)- UMR 8053-CNRS.

LITTERATURES ET HISTOIRE EN TERRE (S) COLONIALE (S) ET POST-COLONIALE (S)

DECRYPTAGE A PARTIR DES ANTILLES ET DES GUYANES (XIXe-XXIe SIECLES)



 
Cette journée d’étude se propose de questionner l’écriture de l’histoire à travers les enjeux de transcription, d’interprétation ou encore de réception, inhérents à la littérature. Elle s’inscrit pleinement dans le projet d’écriture théorique et critique que l’équipe FRACA du LC2S (Laboratoire Caribéen de Sciences Sociales, Université des Antilles) développe depuis quelques années en tentant de mettre en évidence une approche épistémologique de l’écriture de l’histoire de l’espace Caraïbe-Amérique-Amazonie.

Dans le désir d’exploration identitaire qui les caractérise, les littératures antillaise et guyanaise, accordent une place centrale à l’examen de la réalité historique et elles ont joué un rôle décisif, non seulement dans l’écriture du passé qui obsède littéralement les peuples qui en sont issus, mais également dans la quête identitaire des habitants de ces territoires, bien avant l’intervention des historiens universitaires. 

La relation qui se noue entre ces deux disciplines que sont la littérature et l’histoire a, depuis longtemps, fait l’objet de nombreux débats dans les milieux universitaires français et étrangers, en Amérique latine notamment (. Le questionnement théorique n’est donc pas nouveau : en 2011, par exemple, il a nourri une riche réflexion au sein d’un numéro de la revue Le Débat et le travail mené par Roger Chartier sur le lien entre l’histoire et ce que certains chercheurs ont nommé les « savoirs de la littérature » (Étienne Anheim et Antoine Lilti, Annales HSS, 2010, p. 253-260) en est un autre exemple. Plus largement, les rapports entre écriture et de vérité ont alimenté diverses réflexions, parmi lesquelles on retiendra celles qui ont été menées par des auteurs tels Michel de Certeau (L'Écriture de l'Histoire, 1975), Michel Foucault (Ordre du discours, 1970), Roger Chartier (Au bord de la falaise. L’histoire entre certitudes et inquiétude, 1998), Paul Ricœur (La mémoire, l’histoire, l’oubli, 2000), François Hartog (« Ce que la littérature fait de l’histoire et à l’histoire », 2013), etc. 

Cependant, en dépit de quelques rares approches - la journée d’étude sur « Penser et dire la recherche depuis la marge (Caraïbes/Guyanes)» (AIHP-GEODE ET ADECAM/MC, 2020) et le programme de recherche ANR ALTER (2018)-, cette question n’a pas véritablement suscité de débats théoriques au sein du monde universitaire des Antilles et de la Guyane. Une telle démarche réflexive paraît pourtant particulièrement nécessaire, dès lors que nombreux ont été les écrivains antillo-guyanais à investir le champ du passé, et ce, bien avant que les historiens de profession ne s’en chargent réellement à partir des années 1960 et 1980. Qu’ils soient auteurs de romans, de poésie, de théâtre ou d’essais, ces écrivains font désormais autorité dans le discours identitaire et historique des Antillo-Guyanais, et leurs écrits sont exhibés en tant que grilles d’analyse et d’interprétation des phénomènes de l’histoire coloniale et de l’esclavage. Cette prévalence du discours littéraire dans l’espace intellectuel des Antilles et de la Guyane rend éminemment malaisée et complexe toute distinction entre ce qui relève d’une analyse historique au sens propre et ce qui relève du monde de la fiction.

D’un autre côté, l’approche épistémologique, méthodologique et heuristique qui fonde le discours historique ne saurait faire l’impasse sur l’apport de la littérature. L’influence de la littérature savante, engagée, production des militants nationalistes anticolonialistes, notamment, ou encore de la littérature orale dans l’écriture du passé est une chose connue. Cependant, l’exigence de vérité qui habite l’historien se heurte à la liberté d’invention sans laquelle le discours littéraire n’aurait pas de raison d’être : le romancier reconstitue « ce qui n’a pas eu lieu, à la rigueur ce qui aurait pu advenir » (Nadeau 1999 : 77), L’historien recherche ce qui a eu lieu et ce qui est effectivement advenu. Pourtant, au sein de l’espace antillo-guyanais, la réception de ces deux modes d’écriture se révèle quasi identique. Il arrive même que le discours littéraire, artistique prenne l’avantage sur le discours historique, engendrant discordances, crispations, conflits. Les réflexions théoriques d’Hayden White (Metahistory, 1973) s’inscrivent au centre des débats sur cette question : en analysant l'organisation intellectuelle des données et connaissances historiques, il établit une égalité de statut entre le discours historique et le texte littéraire qui partagent, selon lui, la même valeur d’autorité. 

À partir de l’expérience historique des sociétés antillaises et guyanaises, surtout avec la montée de la pensée décoloniale qui remet radicalement en question toute l’épistémologie de l’historiographie occidentale, il sera donc question durant cette journée d’étude d’attirer l’attention d’une part, sur l’importance de la littérature dans l’écriture de l’histoire et sur sa prégnance dans le discours historique et identitaire ; d’autre part, sur la rencontre entre le « savoir littéraire » et la pratique des historiens. Il s’agira également de comprendre ce que cette polarisation engendre en termes de réception et ce qu’elle indique en termes de pratiques.

La thématique placée au cœur de cette journée d’étude est certes centrée sur les Antilles et les Guyanes, mais se veut accueillante à d’autres aires géographiques, dès lors qu’elles sont approchées dans une démarche comparative incluant les espaces antillais et guyanais.

LES AXES THEMATIQUES (NON EXHAUSTIFS) VISÉS SONT LES SUIVANTS :

1- Les Antilles et les Guyanes dans la littérature ethnographique (littérature de voyage, chroniques, etc.).

2- Littératures antillo-guyanaises et les questions coloniale et identitaire. 

3- Représentations littéraires et artistiques de l’esclavage et du marronnage.

4- Histoire et écriture théâtrale. 

5- Dire musical, oralité et histoire. 

6-Savoirs littéraires et apports dans la compréhension d’histoires troublées.

7- Enjeux de la fictionnalisation de l’histoire antillaise et guyanaise : narration, dialectique de la vérité et de la vraisemblance.

8- Ecriture féminine du passé : une spécificité ? 

9-Approches théoriques
 
MODALITÉS PRATIQUES :

Cette journée d’étude aura lieu par Zoom.

Temps de parole : 15 minutes maximum.

 Langues de communication : français.

Réception des propositions de communication accompagnées d’une brève fiche bio-bibliographique. 

Á envoyer avant le 20 Mars  2022, à l’adresse suivante : jdelitteratureshistoire2022@gmail.com

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COMITÉ D’ORGANISATION

Jean Moomou : Maître de conférences-HDR, Histoire moderne et contemporaine, Université des Antilles, LC2S ; Odile Hamot : Maîtresse de conférences-HDR, Littérature française moderne et contemporaine, Université des Antilles, CRILLASH ; Clara Palmiste : Maîtresse de conférences, Histoire moderne et contemporaine, Université des Antilles, AIHP-GEODE ; Géneviève Biron : Docteure en géographie, directrice d’études, Université des Antilles, AIHP-GEODE ; Maël Lavenaire : Docteur en histoire et civilisations, Université des Antilles, AIHP-GEODE ; Philip  Sadikalay: Docteur en études anglophones, Université des Antilles, CRILLASH.
 
COMITÉ SCIENTIFIQUE :

Anakesa Apollinaire : Professeur des Universités, en musicologie et ethnomusicologie, Université des Antilles, ADECAm/MC-CRILLASH ; Cottias Myriam: Historienne, directrice de recherche au CNRS, CNRS-LC2S ; Lozère Christelle: Maîtresse de conférences, Histoire de l’art, Université des Antilles, LC2S ; Bechacq Dimitri : Anthropologue, chercheur au CNRS-LC2S, Université des Antilles ; Bénac Karine : Maîtresse de conférence-HDR, Littérature moderne et chercheuse-artiste, Université des Antilles, LC2S ;  Diop David: Maître de conférences-HDR, Littérature française du XVIIIe siècle, Université de Pau et des Pays de l'Adour, G.R.R.E.A. 17/18 siècles ; Hamot Odile: Maîtresse de conférences-HDR, Littérature française moderne et contemporaine, Université des Antilles, CRILLASH ; Palmiste Clara: Maîtresse de conférences, Histoire moderne et contemporaine, Université des Antilles, AIHP-GEODE ; Géneviève Biron : Docteure en géographie, directrice d’études, Université des Antilles, AIHP-GEODE  Moïse Myriam : Maîtresse de conférences, Études anglophones, LC2S ; Lemaire-Mertens Ria: Professeure émérite de l'Université de Poitiers, Littérature portugaise et brésilienne, Centre of Latin-American Studies ; Lavou Zoungbo Victorien: Professeur des Universités, Etudes culturelles, Université Perpignan Via Domitia, GRENAL ; Jean Moomou : Maître de conférences-HDR, Histoire moderne et contemporaine, Université des Antilles, LC2S ; Ponce Nestor : Professeur des universités, Littérature et civilisation hispano-américaines, Université Rennes 2, ERIMIT ; Blérald Monique : Professeure des Universités, cultures et langues régionales, spécialité Littérature, Université de Guyane, MINEA ; Hidair-Krivsky Isabelle : Maîtresse de conférences-HDR, Anthropologie, Université de Guyane, MINEA ; Nicolas Thierry : Maître de conférences en géographie, Université de Guyane, MINEA ; Sainton Jean-Pierre : Professeur des Universités, Histoire contemporaine, Université des Antilles, AIHP-GEODE ; Vété-Congolo Hanétha : Henry Wadsworth Longfellow, Professor of Romance Languages and Literatures, Bowdoin College, USA.