Après Crimes d'auteur, dont J.-F. Duclos avait rendu compte pour Acta fabula sous le titre "Petits meurtres entre amis", Anthony Mangeon fait paraître dans la même collection "Fictions pensantes" des éditions Hermann, un nouvel essai annoncé comme le premier volet d'une trilogie : L’Afrique au futur. Le renversement des mondes. Si l'on ne cesse de répéter, et si l'on veut croire, que le XXIe siècle sera celui de l’Afrique, où se jouera en grande partie l’avenir de l’humanité, quelles formes prendront les futurs africains ? Faut-il espérer l’éden, ou plutôt craindre l’enfer ? En revisitant un siècle et demi de productions africaines, américaines et européennes, des années 1880 à nos jours, A. Mangeon établit un double constat : dans leurs scénarios d’anticipation, qu’il s’agisse d’ouvrages de géopolitique, de prospective ou de fictions du futur, les auteurs contemporains réactivent souvent, paradoxalement, des imaginaires du passé. Ces derniers remontent, à tout le moins, à la fin du XIXe siècle, et ils ont en commun de s’être figuré, de diverses manières, les possibilités d’un renversement des mondes. On peut découvrir sur Fabula l'introduction de l'ouvrage…
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Dans Afrodystopie. La vie dans le rêve d’autrui ((Karthala), Joseph Tonda soutient de son côté que "le continent noir n’existe pas" : "il est une Afrodystopie créée par le rêve d’Autrui". Du rêve colonial du premier président gabonais, Léon Mba, de faire de son pays un département français, au mea culpa postcolonial de son successeur, Omar Bongo Ondimba, en passant par l’utopie mobutiste de l’« authenticité » ; du blockbuster Black Panther, institué en paradigme afrofuturiste de la puissance africaine, à la régulation de la vie sociale et politique africaine par la Mort, cet essai met au jour le paradigme de la vie humaine entrée dans le rêve des abstractions et des choses, celles de l’Argent, de la Marchandise, de l’État, du Corps-sexe, de la Jouissance, devenues dans le monde capitaliste des « puissances mystiques » qui agissent comme des dispositifs d’éblouissement des imaginaires sociaux africains. Dépassant les critiques classiques de l’impérialisme et du néocolonialisme, les théories de la dépendance et les études postcoloniales, cet ouvrage analyse ce rêve afrodystopique dans lequel sont plongées les sociétés africaines et afrodescendantes. À la différence des dystopies littéraires, cette chimère n’est pas une projection dans le futur, mais une composante bien réelle de la violence des imaginaires colonialistes et impérialistes qui structure l’inconscient des rapports de l’Occident aux mondes africains, mais aussi les rapports des États africains à leurs propres citoyens. Avec le concept d’Afrodystopie, Joseph Tonda propose une nouvelle manière de penser les relations entre dominants et dominés à l’ère du capitalisme globalisé.