Essai
Nouvelle parution
Joseph Tonda, Afrodystopie. La vie dans le rêve d’autrui

Joseph Tonda, Afrodystopie. La vie dans le rêve d’autrui

Publié le par Marc Escola

Le continent noir n’existe pas. Il est une Afrodystopie créée par le rêve d’Autrui. Du rêve colonial du premier président gabonais, Léon Mba, de faire de son pays un département français, au mea culpa postcolonial de son successeur, Omar Bongo Ondimba, en passant par l’utopie mobutiste de l’« authenticité » ; du blockbuster Black Panther, institué en paradigme afrofuturiste de la puissance africaine, à la régulation de la vie sociale et politique africaine par la Mort, cet essai met au jour le paradigme de la vie humaine entrée dans le rêve des abstractions et des choses, celles de l’Argent, de la Marchandise, de l’État, du Corps-sexe, de la Jouissance, devenues dans le monde capitaliste des « puissances mystiques » qui agissent comme des dispositifs d’éblouissement des imaginaires sociaux africains.

Dépassant les critiques classiques de l’impérialisme et du néocolonialisme, les théories de la dépendance et les études postcoloniales, cet ouvrage analyse ce rêve afrodystopique dans lequel sont plongées les sociétés africaines et afrodescendantes. À la différence des dystopies littéraires, cette chimère n’est pas une projection dans le futur, mais une composante bien réelle de la violence des imaginaires colonialistes et impérialistes qui structure l’inconscient des rapports de l’Occident aux mondes africains, mais aussi les rapports des États africains à leurs propres citoyens. Avec le concept d’Afrodystopie, Joseph Tonda propose une nouvelle manière de penser les relations entre dominants et dominés à l’ère du capitalisme globalisé.

Joseph Tonda est professeur de sociologie et d’anthropologie à l’université Omar Bongo de Libreville, au Gabon. Il a notamment publié, aux éditions Karthala, Le Souverain moderne. Le corps du pouvoir en Afrique centrale (Congo, Gabon) et L’Impérialisme postcolonial. Critique de la société des éblouissements.

*

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un entretien avec l'auteur…

Voir aussi sur lemonde.fr…

*

Table des matières

Remerciements


Introduction Le rêve d’un président dans l’inconscient de l’impérialisme

Chapitre 1. Rêves blancs et rêves noirs du continent noir

Chapitre 2. Le rêve, l’utopie et la dystopie, réalités du néocolonialisme et de l’impérialisme

La complication du rêve de manière générale

La complication objet de ce livre : la merde ou la valeur africaine qui s’ignore

Chapitre 3. Le rêve compliqué de l’« autre homme »

Le problème d’une vie dans l’inconscient d’Autrui dans la sociologie classique Sarr, Bourdieu, Orwell et le principe de l’exagération onirique

Le principe de la dévoration monstrueuse des vies humaines

Mobutu et Big Brother, Marx et Mandeville : l’éthique du lumpenprolétariat en Afrodystopie

La plus-value et le plus-de-jouir

Textures littéraires, textes philosophiques et anthropologiques

L’Argent, l’« autre homme » qui rêve

Chapitre 4. La vie des monstres dans le rêve du CFA, rêve de la Mort et de la Nature

Le monstre et la monstruosité dans l’imaginaire africain

Foucault, le monstre et la monstruosité politiques aux XVIII e et XIXe siècles

Le monstre de Shelley, Djoro djoro au Congo et l’interpellation althussérienne

L’Argent, la Réflexion, la Puissance politique et le monstre sadien Youlou Mabiala, Marx et Freud sur les chutes de la Loufoulakari au Congo

L’entrée du monde dans le rêve de l’Argent en 1971 : la création du Créancier fétiche

La politique du Souverain moderne dans le rêve de la Mort et de l’Argent

L’Argent, fils de la Mère, Chose divinement diabolique aînée de la Femme : un monstre 

Un monde amoral

Des lieux de résistance dans le rêve du monstre ?

L’imaginaire africain

La vie de rêve, la vie des rêves et la valeur de la vie dans le rêve d’Autrui

La vivantité

La valeur sociale des « nouveaux riches »

L’Argent-patrie

La violence de l’imaginaire de Bretton Woods

Matérialisation des rêves, matérialisation de la vie et de l’utopie

Le rêve de la Mort et de l’Argent

Une allégorie de la mauvaise mère appelée nation

Un imaginaire de l’économie libidinale

La vie des « Blancs de fond » dans leur patrie

La jungle et les « machines de guerre » du monstre

Chapitre 5. Cinq vies exemplaires en Afrodystopie gabonaise

 Le Gabon, un Far-West qui s’ignore

Le travail de Satan et la prière pour les Émergents

Les ordures de la colère nourricière du pouvoir

« La lettre du commandant Cousteau »

Irène et son mari intérieur : ce « quelque chose » en elle

La valeur heuristique des récits et le rêve de la Chose

Chapitre 6. La valeur des choses et des vies « noires » dans le rêve kinois de l’Europe

 L’extraversion et la vie dans le rêve d’Autrui

Chapitre 7. Deux naissances de l’État et de la famille dans le rêve d’Autrui au Gabon et au Congo (RDC)

Un procès de l’État de nuit contre l’État de jour

La conversion des rêves et utopies des prophètes, des leaders, des masses et de leurs élites en cauchemars

Première naissance de l’État de nuit et de la famille

Les innombrables couples de l’État de nuit au sein d’un foyer conjugal

La conscience humaine dans l’État de nuit, conscience du corps sans organes

Une deuxième naissance historique : la création de Mobutu, mari de nuit du Zaïre

Le bordel

Chapitre 8. L’État de droit du sang et la Mort ordalique au Gabon

 La voix de la mère ou la voie à suivre

La malédiction des richesses naturelles

La connexion du sang, de la loi et de l’Argent

La productivité et la normativité du pillage : « Je prends ma part »

Le cynisme du capitalisme

L’oppression et l’impossible résistance

Chapitre 9. La Folie dans l’espace dystopique de l’État

Rêver hors de soi

Le fou et le mort dans l’espace dystopique de l’État

Les morts dirigent la vie, l’intelligence et la raison des vivants

L’inquiétante « liberté » des fous dans l’espace dystopique de l’État

Distinguer la société civile et la société politique

La Folie de l’illimitation de la vie au pouvoir

Chapitre 10. « A ller à la mort » à Libreville, aller à l’« activité » à Brazzaville

 Aller à la Mort à Libreville. L’obsolescence de la décolonisation et la puissance des images

« Fatigue sévère », « manigances » et « machinations » des images

La politique et ses montages : l’obscénité du pouvoir

La voix de l’interpellation

L’obsolescence de la décolonisation

La puissance politique de la nudité

La crise des images et l’irréductible incertitude du Réel afrodystopique du pouvoir

L’« activité » de la Mort à Brazzaville

La Mort comme activité

La morgue comme temple, lieu de culte ou église

Extension du domaine du mort

La Mort en campagne hors d’elle sur l’espace dystopique de l’État

Désirer l’Argent, aimer la Mort

Chapitre 11. La machination et la manigance de la machine qui fait jouir pour faire mourir

 Les femmes prédatrices animalisées par le Sexe invisible, l’Argent et l’Instruction

La machine infernale du sexe afrodystopique

L’esprit du capitalisme et le bordel sadien

La machination

La machination sans victime

La société esclavagiste psychique

La machine et la machination

Le gouvernement du corps sans organes

Ce que l’économie psychique du capitalisme veut dire

L’image afrodystopique de la ville où l’on doit soigner les images contre les corps

Trace Africa : une jouissance onirique ininterrompue avec les morts

Les corps dystopiques, corps schizophréniques

Conclusion : Le combat du signe.