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Le Banquet des Belles Lettres. Gastronomie et littérature

Le Banquet des Belles Lettres. Gastronomie et littérature

Publié le par Université de Lausanne (Source : David Michon)

Le Banquet des Belles Lettres

Gastronomie et littérature

Inutile de remonter au Banquet de Platon pour mesurer combien manger et se nourrir intellectuellement vont de pair dans l’histoire de la littérature et de la pensée. Des agapes rabelaisiennes au Ventre de Paris de Zola ou au Festin de Babette de Blixen, l’on se rend bien vite compte que, loin d’occuper seulement l’arrière-plan d’un récit, les scènes de repas peuvent en constituer le cœur vibrant, le centre névralgique : qui ne se souvient de la fameuse oie servie par Gervaise dans L’Assommoir de Zola ? Si la gastronomie occupe le premier plan de l’histoire culturelle française, c’est qu’elle se rattache à un savoir-vivre qui n’est autre qu’un savoir-se-nourrir souvent en lien étroit avec un savoir-écrire. L’analogie entre le plat concocté et l’élaboration d’une œuvre littéraire n’est pas qu’un pur rapprochement de l’esprit : au pays de La Physiologie du goût de Brillat Savarin ou du Grand Dictionnaire de cuisine d’Alexandre Dumas, force est de constater que le repas demeure de première importance : le suicide de Vatel, n’ayant pu préparer à temps et selon ses exigences le repas commandé par son maître le prince de Condé devant recevoir le roi et sa cour, en est une preuve tragique.

Ainsi, les liens entre littérature et sensibilité gastronomique constituent le fondement de nombreuses études depuis Jean-François Revel (Un Festin en paroles, 1978). Se tourner vers les sources littéraires permet de dépasser le goût de l’anecdote par l’expression verbale d’identités sociales : « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es », déclarait Brillat-Savarin dans un célèbre aphorisme. La scène du repas favorise également la confrontation des esprits et la libération des âmes. Qui mange se livre. Dépassant largement la fonction triviale de l’alimentation, la gastronomie se conçoit de manière anthropologique comme un objet social, faisant partie intégrante de notre culture (Aron, Le Mangeur du XIXe siècle, 1973). Dans la filiation du don maussien, la gastronomie est à envisager dans ses atours rituels et symboliques. Ainsi, les agapes ouvrent de plus en plus vers des espaces de convergence entre les classes, entre les lieux de « restauration » – haute cuisine, cuisine bourgeoise, saveurs régionales –  et les diverses plumes qui les décrivent – à l’image des chroniqueurs mondains dans les journaux –  à la suite des premiers écrits de gastronomie historique de Grimod de la Reynière (Almanach des Gourmands et Manuel des amphytrions).

Certes, le repas peut parfois manquer à l’œuvre littéraire : senti comme prosaïque, il n’est souvent relaté que dans des récits réalistes ou comiques et évacué des sphères poétiques, plus éloignées des nécessités du ventre. Ainsi le jeune Balzac s’interroge-t-il dans Falthurne : « Mange-t-on dans René ? ». Les romantiques seraient-ils ennemis du repas littéraire ? Eux qui donnèrent parfois leurs noms à des plats, qui se réunissaient souvent pour des festins dans les grandes brasseries parisiennes comme Magny ou Tortoni n’ont pas tous boudé la description de ces festins qui les ont réjouis tout autant que l’échange des idées ou des vues. C’est que le repas peut servir la poétique littéraire en apportant sa touche d’exotisme : qui n’a pas rêvé devant les steaks d’ours ou autres ragoûts de castor évoqués par Chateaubriand dans Atala et le Voyage en Amérique ou sur la fameuse salade à l’ananas et aux truffes de Proust décrite dans A l’ombre des jeunes filles en fleurs ?

L’objet de ce volume consistera à sonder tous les aspects du repas et plus largement de la gastronomie – au sens d’art de bien manger et de mise en discours de cet art – dans les œuvres littéraires – françaises ou étrangères – selon leur degré d’implication dans l’entreprise d’écriture ou l’imaginaire de l’auteur.

Pourront être sondés les aspects suivants : 
 
- Composition du repas et composition de l’œuvre (poétique de la gastronomie littéraire)
- Place et rôle de la gastronomie ou du repas dans l’économie d’une œuvre ou dans les œuvres d’un auteur
- Effets produits ou recherchés des realias gastronomiques
- Symbolique du repas et de la nourriture
- Esthétique de la description, du tableau ou du détail gastronomique
- Théorisation, réflexion, philosophie du repas ou de la gastronomie
 
Cet ouvrage fait suite à plusieurs conférences et discussions données dans le cadre d’une rencontre sur la gastronomie au Salon international des amis d’écrivains, à Illiers-Combray le 18 septembre 2021. 
 
Dans un premier temps, nous recevrons les propositions d’articles à l’adresse suivante : banquetdesbelleslettres@gmail.com.

Elles prendront la forme d’un résumé ne dépassant pas 500 mots, accompagné d’une brève bio-bibliographie. 
 
Dates à retenir :
 
Soumission des résumés : 31 mars 2022

Notification d’acceptation ou de refus : 15 avril 2022

Soumission des articles : 17 juin 2022
 
Les textes seront soumis à l’examen d’un comité scientifique. Si les propositions sont retenues, les textes fournis devront être rédigés en Times New Roman caractère 12, texte justifié, avec nom de l’auteur en bas à droite de la fin de l’article, interligne simple, décalage des citations en caractères 10 et ne pas dépasser les 35.000 signes. Les notes de bas de page, en caractères 10, suivront l’ordre en usage dans les travaux universitaires (Prénom, nom, titre de l’œuvre, lieu d’édition, éditeur, date de parution, tome éventuel, page).
 
 
Laurent Angard – Université de Haute-Alsace - ILLE.

Sébastien Baudoin – CPGE Paris.

David Michon – Université de Bourgogne.

Contact : david.michon@u-bourgogne.fr