Le poème, le juste : comment la poésie a-t-elle à voir avec la justesse et la justice ?
« Rendre justice » suppose connaître la justesse de ce que l’on fait et dit. L’application mécanique du droit n’est pas la justice. N’est-ce pas une leçon de poésie qui se dit ici ? Si la justice passe d’elle-même, c’est par la vertu de l’agencement même du poème, dans l’équilibre de ses éléments et traits, condition sine qua non pour qu’elle soit ce qu’elle doit être.
La « justice poétique » évoque une justice rendue sans l’intervention d’une tierce partie cherchant expressément à récompenser ou punir. Quelque chose comme une autorité simple se manifestant par le poème. La justesse trouverait-elle ainsi son efficacité propre, en poésie — et parfois, dans le monde ?
Le fait que la justice réelle soit plus rarement présente dans le monde que la justesse dans la poésie ne constitue pas un constat d’impuissance quant à la poésie : au contraire, la pointe extrême, sociale, de ce que dit la proximité entre justice et justesse, entre politique et langage, pourrait être le lieu même de la poésie.
À travers des cas exemplaires, cet ouvrage invite à réfléchir sur la justice et la justesse de la poésie, en ouvrant les points de vue thématiques, génériques, métriques, l’histoire des théories poétiques, confrontant la littérature et les sciences humaines, afin de tenter de comprendre pour quelle raison la poésie, la justesse et le désir de justice sont si intrinsèquement liés.
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Corinne Bayle est professeur de littérature française à l’ENS de Lyon, spécialiste de la poésie des XIXe et XXe siècles, et de la relation entre la poésie et la peinture. Elle travaille en particulier sur Nerval, Baudelaire, Éluard, Char, au sujet duquel elle a publié, en 2021, La Beauté en partage, aux éditions Hermann.
Éric Dayre est professeur de littérature comparée à l’ENS de Lyon, directeur du CERCC-UR 1633, spécialiste du romantisme anglais dans son rapport à l’Allemagne (en particulier Coleridge et de Quincey). Convaincu de l’immanence de la théorie à la pratique, il a été le maître d’œuvre du volume collectif L’art de chercher : l’enseignement supérieur face à la création-recherche, paru en 2020, aux éditions Hermann.
Corinne Bayle et Éric Dayre ont co-dirigé plusieurs ouvrages : L’Arabesque, le plus spiritualiste des dessins. Poésie et arts aux XIXe-XXe et XXIe siècles, KIMÉ, 2017 ; Poète cherche modèle, PUR, 2017 ; Le réel de la poésie, KIMÉ, 2019.