Les philosophes et les clowns se ressembleraient-ils ? L'hypothèse est peut-être moins incongrue qu'il n'y paraît. Elle est même suggérée par... des philosophes, en particulier ceux qui, observant ce que devient l'individu humain depuis le début du terrible XXe siècle, interrogent sa foncière ambivalence.
Le clown serait-il le modèle d'un sujet devenu bancal mais rusé, dépassé mais calculateur, égaré mais lucide, épuisé mais inventeur d'espérances ? Le temps des clowns que décrivent les philosophes et écrivains ici invités (Ernst Bloch, Siegfried Kracauer, Walter Benjamin, Franz Kafka, Theodor Adorno, Samuel Beckett, Hannah Arendt, Günther Anders) n'est pas celui des Lumières, et il n'est pas non plus celui des transports romantiques ou tragiques du XIXe.
Il témoigne d'une expérience historique spécifique, qui pourrait bien être encore, pour une grande part, la nôtre.
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Daniel Payot a été Président de l'Université Marc Bloch Strasbourg III ; il y a enseigné la philosophie contemporaine et la philosophie de l’art. Il a publié notamment Le Philosophe et l’Architecte (Aubier-Montaigne, 1982), Anachronies de l’œuvre d’art(Galilée, 1990), Des villes-refuges (L’Aube, 1992), Effigies (Galilée, 1997). Il a préfacé chez Circé L'Architecture de verre de Paul Scheerbart. Il a publié aux éditions Circé La Statue de Heidegger, L’art africain entre silence et promesse et Après l’harmonie.