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Anthologies, canons et contre-canons

Anthologies, canons et contre-canons

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Marie-Jeanne Rossignol)

Congrès AFEA 2022 Légitimité, autorité, canons Bordeaux 31 mai 3 juin

Proposition d’atelier « Anthologies, canons et contre-canons »

Responsables : Marie-Jeanne Rossignol, Université de Paris et Marlène Daut, University of Virginia

Commentateur : Yohann Lucas, Université de Rouen Normandie

Descriptif

Comme le démontre efficacement la thèse de Yohann Lucas, une anthologie ne sert pas seulement à « canoniser » des auteurs classiques déjà connus[1]. Le format de l’anthologie, tel qu’il a été utilisé par les Africains-Américains en particulier, a servi à mettre en valeur des textes méconnus mais également à structurer un nouveau « canon » : The New Negro (1925) d’Alain Locke, The Negro Caravan (1941) de Sterling A. Brown, Arthur P. Davis et Ulysses Lee, Early Negro Writing de Dorothy Porter (1971) et la Norton Anthology of African American Literature (1997) de Henry Louis Gates Jr. et Nellie McKay sont quelques-uns des titres les plus emblématiques. L’anthologie africaine-américaine du xxe siècle n’est d’ailleurs pas un objet entièrement nouveau, puisqu’elle s’inscrit dans des pratiques d’anthologisation et de compilation plus anciennes, qu’on pense aux biographies collectives de Noirs célèbres à destination de la communauté africaine-américaine, par exemple The Black Man (1863) de William Wells Brown, ou aux listes et bibliographies de textes africains-américains étudiées par Elizabeth McHenry dans son récent ouvrage, To Make Negro Literature (2021)[2]. Le cas des Africains-Américains n’est pas isolé - même s’il comporte des singularités - et les anthologies jouent aujourd’hui plus largement un rôle dans la remise en question du savoir canonique, nourrissant les débats sur le colonialisme atlantique comme le rappelle la récente anthologie Haitian Revolutionary Fictions[3]. On peut également penser au combat féministe qui est aussi passé par la compilation d’anthologies, la plus connue étant peut-être The Norton Anthology of Literature by Women. The Traditions in English, de Sandra M. Gilbert and Susan Gubar (troisième édition en 2007), qui a à la fois accompagné le mouvement de « recovery » des femmes écrivains américaines, et ouvert la voie à d’autres entreprises telles que celles portées par les femmes de couleur, les femmes lesbiennes, par exemple[4].

Dans cet atelier, nous voudrions réfléchir à l’anthologie et au rôle qu’elle peut jouer dans la construction de canons, et plus précisément de contre-canons. Quelles communautés se sont emparées du format « anthologie » aux États-Unis et ailleurs pour mieux l’utiliser aux fins de diffusion d’un corpus peu connu ? Quels sont les objectifs des directeurs et directrices de publication lorsqu’ils et elles rassemblent des textes (littéraires ou autres) ? Ces anthologies « contre-canoniques » constituent-elles une transition indispensable pour construire un savoir collectif plus divers, ou risquent-elles de figer un savoir « minoritaire » dans des niches particulières et au final isolées ? 

Merci d’envoyer vos propositions avant le 17 janvier 2022 à : Marlène Daut mld9b@virginia.edu et Marie-Jeanne Rossignol marie-jeanne.rossignol@u-paris.fr by January 17, 2022.

Bio-bibliographies des responsables :

Marlene L. Daut est professeure d'études américaines et de la diaspora africaine à l'Université de Virginie. Elle se spécialise dans les études littéraires et historiques caribéennes, afro-américaines et françaises. Son premier livre, Tropics of Haiti: Race and the Literary History of the Haitian Revolution in the Atlantic World, 1789-1865, a été publié en 2015 par Liverpool University Press. Son deuxième livre, Baron de Vastey and the Origins of Black Atlantic Humanism, a été publié en automne 2017 à partir de la série de Palgrave Macmillan dans le New Urban Atlantic. Elle a co-édité et co-traduit la collection Haitian Revolutionary Fictions: An Anthology, à paraître avec l'University of Virginia Press en novembre 2021. Daut est aussi le co-créateur et co-éditeur de la plate-forme numérique de H-Net Commons, H- Haïti. Elle gère également le projet numérique, La Gazette Royale d’Hayti : A Digital Journey Through Haiti’s Early Print Culture (http://lagazetteroyale.com) et elle a développé une bibliographie en ligne des fictions de la Révolution haïtienne de 1787 à 1900 sur le site web http://haitianrevolutionaryfictions.com.


Marie-Jeanne Rossignol est professeure d’histoire américaine (Etats-Unis) à l’Université de Paris. Spécialiste de l’antiesclavagisme dans les jeunes Etats-Unis, elle dirige avec Claire Parfait la collection « Récits d’esclaves » aux PURH  https://purh.univ-rouen.fr/taxonomy/term/37. Son histoire de l’antiesclavagisme dans la jeune république états-unienne (Noirs et blancs contre l’esclavage : une histoire de l’antiesclavagisme aux Etatst-Unis, 1754-1830) sera publiée en 2022 aux éditions Karthala (collection CIRESC-Esclavages). Entre 2013 et 2016, elle a coordonné avec Claire Parfait et Hélène Le Dantec-Lowry le projet IDEX « Ecrire l’histoire depuis les marges : le cas des Africains-Américains » qui incluait la préparation et la publication d’une anthologie d’historiens noirs en ligne : Ecrire l’histoire depuis les marges, une anthologie d’historiens africains-américains, 1855-1865 http://www.shs.terra-hn-editions.org/Collection/?-Historiens-africains-americains-. Détentrice d’un IDEX Université de Paris 2019-2020, elle travaille actuellement sur l’histoire de la démocratie américaine au prisme des questions raciales dans la période précédant la guerre de Sécession ; un des volets du projet inclut la préparation d’une anthologie d’intellectuels africains-américains (Etats-Unis, Haïti) des XVIIIè-XIXè siècles, en collaboration avec Marlène Daut, Cécile Roudeau et Michaël Roy. 

 

Bio-bibliographie du commentateur : 

Yohann Lucas est maître de conférences en civilisation américaine à l’université de Rouen Normandie. Ses recherches se situent au croisement de l’histoire africaine-américaine, de l’histoire du livre et des études culturelles. Il a récemment soutenu une thèse intitulée « Produire, reproduire et préserver : les magazines et les anthologies de la Renaissance de Harlem et du Black Arts Movement dans la construction d’un canon littéraire africain-américain », sous la direction de Jean-Paul Rocchi et Frédéric Sylvanise.

 

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[1] Yohann Lucas, « Produire, reproduire et préserver : les magazines et les anthologies de la Renaissance de Harlem et du Black Arts Movement dans la construction d’un canon littéraire africain-américain », thèse de doctorat, Université Gustave Eiffel, 2021.
[2] Elizabeth McHenry, To Make Negro Literature: Writing, Literary Practice, and African American Authorship, Durham, Duke University Press, 2021.
[3] Marlène L. Daut, Grégory Pierrot et Marion C. Rohrleitner eds, Haitian Revolutionary Fictions, University of Virginia Press, 2021.
[4] Voir par exemple : Cherrie Moraga et Gloria E. Anzaldua, This Bridge Called My Back : Writings by Radical Women of Color, Persephone Press, 1981. La quatrième édition est publiée en 2015 par SUNY Press. Toni Cade Bambara, The Black Woman : An Anthology, Washington Square Press, 2005. Joan Nestle, et Naomi Holoch, Women on Women : An Anthology of American Lesbian Short Fiction,  Mass Market Paperback, 1990.