FORUM DE L’APEF 2022
Imaginaires du rail
Aiguillages critiques
Porto, FLUP, 29 et 30 novembre 2022
Depuis son invention au XIXe siècle et en Europe, le chemin de fer n’a de cesse d’inspirer la fiction, et de nourrir et élargir l’imaginaire littéraire comme cadre mobile, emblème du voyage, invitation à l’aventure ou synonyme de déplacement forcé. En effet, dans Nous, l’Europe. Banquet des peuples, Laurent Gaudé rappelle que l’Europe s’est, entre autres facteurs, bâtie sur l’explosion du ferroviaire : « Pressent-il [Stephenson] que bientôt l’Europe sera couverte de rails ? » (Gaudé, 2019 : 30), et que le rail triomphant du XIXe siècle préparait inconsciemment les convois de déportés vers les camps de la Shoah au XXe siècle.
Depuis lors, la littérature, et notamment de langue française, s’est emparée de cette invention technique au point d’en faire une puissante source de création qui va bien au-delà du simple décor ou motif. En effet, le rail est devenu un symbole de modernité, de vitesse et de mobilité, et s’est constitué en véritable signe dans l’acception barthésienne (Barthes, 1970), du fait de son aptitude sémiotique à faire réseau, à s’agréger à d’autres activités humaines comme le travail, le tourisme, la publicité, l’aménagement du territoire ou l’évasion.
Aussi le train a-t-il très souvent interpelé, tantôt avec enthousiasme, tantôt avec méfiance, les auteurs de Jules Verne à François Bon, en passant par Nerval, Flaubert, Zola, Proust, Valéry, Cendrars, Boulle, Butor, Hergé, Carrière, Rolin, Toussaint, et tant d’autres.
Dans ce contexte, nous sommes également invités à relire le dialogue du Petit Prince de Saint-Exupéry avec l’aiguilleur, lequel « (…) trie les voyageurs, par paquets de mille [et] expédie les trains qui les emportent, tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche », pour signaler combien le trafic ferroviaire, dans son agitation, métaphorise la condition de l’existence moderne : « Ce ne sont pas les mêmes, dit l’aiguilleur. C’est un échange. – Ils n’étaient pas contents, là où ils étaient ? – On n’est jamais content là où l’on est » (Saint-Exupéry, 1999 : 78-79).
À cet égard, force est de convoquer des ouvrages collectifs qui ont illustré les rapports que noue l’univers ferroviaire avec la fiction, et notamment Les Chemins de fer dans la Littérature (1955) de Raymond Prince, Le Train dans la littérature française (1964) de Marc Baroli, Écriture du chemin de fer (1998) de François Moureau et Marie-Noëlle Polino, et plus récemment Sur les rails. De Victor Hugo à Jacques Roubaud (2018) d’Anne Reverseau.
C’est dire combien le rail, dans tout son champ sémantique dérivé (gare, quai, valise, voyageur, compartiment, guichet, chef de gare, cheminot, horloge, vapeur, aiguillage, modélisme, caténaire, horaire) et dans la polyphonie qu’il éveille (sifflet, sonneries, voix, informations, bruit métallique) renvoie à un riche imaginaire littéraire pluriel et transdisciplinaire qu’il y a lieu d’illustrer, approfondir et actualiser.
Aussi, l’Association Portugaise d’Études Françaises (https://apef-association.org/), en prolongement de l’Année Européenne du Transport Ferroviaire – et du souci écologique qu’elle sous-tend -, et en complicité avec la Saison France-Portugal lancée par l’Institut Français du Portugal en 2022, dont la longue histoire du Sud Express entre Lisbonne-Porto et Paris (exil, émigration et interactions culturelles) est le symbole métonymique, est-elle heureuse d’annoncer ce forum APEF 2022 qu’elle organise à l’Université de Porto, les 29 et 30 novembre 2022, et en raison duquel elle lance cet appel à communications aux chercheurs que la thématique de l’imaginaire du rail ne manquera pas d’intéresser et d’interpeller à partir du corpus de langue française.
Axes thématiques :
1. Le Sud-Express et les relations culturelles luso-françaises ;
2. Expérience de la mobilité et de la vitesse ;
3. Enjeux géopoétiques, écocritiques et géopolitiques de l’Europe ;
4. Représentations littéraires et intermédiales ;
5. Enjeux (post)mémoriels.
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Bibliographie indicative :
BAROLI, Marc (1964). Le Train dans la Littérature française (Préf. de Pierre Gaxotte), Paris, Éd. N.M.
BARTHES, Roland (1970). L’Empire des signes, Skira, Paris.
DES CARS, Jean (206). Dictionnaire amoureux des trains, Paris, Plon.
Des Rails, la revue de l’imaginaire ferroviaire (http://desrails.free.fr) (2006-2013).
GAUDÉ, Laurent (2019). Nous, l’Europe. Banquet des peuples, Paris, Actes Sud.
LEROY, Claude et CHAMARAT, Gabrielle (2009). Feuilles de rail : les littératures du chemin de fer, Paris, éd. Paris-Méditerranée.
MELDOLESI, Tommaso (2010). Sur les rails. La Littérature de voyage de la réalité aux profondeurs de l’âme, Paris, L’Harmattan, coll. « Espaces littéraires ».
MOUREAU, François et POLINO, Marie-Noëlle (1998). Écriture du chemin de fer, Paris, Klincksieck.
PRINCE, Raymond (1955). Les Chemins de fer dans la Littérature, Uzès, Éd. La Capitelle.
REVERSEAU, Anne (2018). Sur les rails. De Victor Hugo à Jacques Roubaud, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles.
SAINT-EXUPÉRY, Antoine de (1999 [1946]). Le Petit Prince, Paris, Gallimard.
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Langue de travail : français.
Organisation :
Ana Isabel Moniz (Un. Madère)
Ana Maria Alves (IP. Bragança)
Ana Paula Coutinho (Un. Porto)
Dominique Faria (Un. Açores)
João da Costa Domingues (Un. de Coimbra)
José Domingues de Almeida (Un. Porto)
Maria de Fátima Outeirinho (Un. Porto)
Nicole Almeida (Un. Porto)
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Calendrier :
1er septembre 2022 : date limite pour la soumission de propositions (20 minutes maximum) (résumé de 200 mots maximum et une brève notice biobibliographique de 15 lignes maximum escomptés).
09 septembre 2022 : date limite pour le retour de l’organisation.
Courriel : rail.apef2022@gmail.com
Frais d’inscription :
Membres de l’APEF, ILCML ou enseignants de la FLUP : 75,00€
Autres : 120,00€
Le paiement de l’inscription est, entre autres, un soutien à la publication éventuelle dans la collection « Exotopies » de l’APEF aux Éditions Le Manuscrit (Paris). Les textes feront l’objet d’un avis favorable préalable de la part du comité de lecture.
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