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Visualités artistiques et médiatiques du sujet animal (89e Congrès de l’ACFAS, Québec)

Visualités artistiques et médiatiques du sujet animal (89e Congrès de l’ACFAS, Québec)

Publié le par Marc Escola (Source : Vincent Lavoie )

Visualités artistiques et médiatiques du sujet animal

89e Congrès de l’ACFAS, Québec, Mardi 10 mai 2022
 
 
Depuis les années 2000 principalement, la « question animale » suscite un intérêt marqué dans les domaines de la philosophie, de la littérature, de l’histoire et des sciences humaines et sociales. La phénoménologie, par exemple, s’est mise à interroger la notion d’existence animale (Burgat, 2012), pour souligner le fait que les bêtes ne sont pas « simplement » vivantes, mais bien douées d’une forme de conscience de soi. Avec la philosophie éthique (Jeangène Vilmer, 2015), laquelle pose avec acuité la question du statut moral de l’animal auquel on reconnaît désormais une sensibilité et des droits, s’amorce une nouvelle critique de l’anthropocentrisme. La littérature refond pour sa part les mythes et les imaginaires animaliers jusqu’à faire des bêtes les motifs de nouvelles fresques historiques (Del Amo, 2016), tandis que l’éthologie parle de « cultures animales » (Lestel, 2001) ébranlant ainsi les fondements humanistes du sujet. Dans un mouvement similaire de reconnaissance des prérogatives existentielles des animaux non-humains, des historiens écrivent des biographies animales. C’est ainsi qu’Éric Baratay (2011), à la suite de Michel Pastoureau (2001) ou de Robert Delort (1984), tous deux précurseurs dans la reconnaissance de l’animal comme véritable acteur de l’Histoire, propose une historiographie soucieuse de son point de vue. L’entreprise est ambitieuse, car elle commande de relire des textes historiques – ouvrages canoniques ou simples archives – pour y déceler, au détour de tel commentaire ou allusion jusqu’alors passés inaperçus, des signalements de comportements et de ressentis animaliers. Cette refonte des rapports interspécifiques trouve sa source dans les épistémologies situées (Haraway), lesquelles invitent à repenser tant nos modalités d’interactions avec les bêtes (Despret) qu’à établir avec elles de nouvelles diplomaties (Morizot).

Quelle place dès lors accorder à l’image dans cette reconnaissance du sujet animal? La montée en popularité des études animales au sein des sciences humaines et sociales n'a eu jusqu'à présent que trop peu d’échos dans le domaine de l'histoire de l'art et des études visuelles. Dès la fin du XIXe siècle pourtant, les organisations de défense des animaux ont recours à des représentations artistiques (Landseer, Bonheur) dans leurs campagnes de communication et de sensibilisation au bien-être animal. Aujourd’hui, les groupes animalistes misent principalement sur le pouvoir de conviction des images de l’outrage et de l’indignation.  La visualité du sujet animal n’est cependant pas réductible à ces emplois caritatifs et militants. Des photographies animalières ludiques (Frees), substrats de discours pédagogiques, moraux ou encore publicitaires (Chandoha) inondent au même moment le supermarché des images. Ce fort courant qui traverse tout le XXe siècle trouve aujourd’hui son apothéose dans les vidéos ludiques de chatons qui pullulent sur le Web. Avec ces millions de vues, cette iconographie de la mignonnerie animale occupe le premier rang parmi le répertoire des représentations animalières contemporaines. Le reportage animalier, qu’il soit diffusé sur des chaines spécialisées ou présenté dans le cadre de concours internationaux de photographie, spectacularise pour sa part les merveilles et les périls du monde animal. Si diverses dans leurs manières d’appréhender le fait animal, les pratiques artistiques, pour plusieurs d’entre elles, redéfinissent les ambitions caritatives, ludiques et heuristiques portées par ces régimes visuels, en remettant en cause la position d’autorité du spectateur face au sujet animal.

Qu’elles ravissent, indignent, instruisent ou émeuvent, les représentations animalières en appellent aux affects du spectateur, ainsi qu’à sa capacité d’insérer ces images dans une histoire de la visualité du sujet non-humain. C’est à l’examen de ces formes de visualité que ce colloque est consacré. Plusieurs axes de réflexion sont pour cela envisagés :
 
- Existence et sentience animale : comment les représentations donnent corps
- instrumentalisation, spectacularisation, exhibition : faire spectacle de l’animalité
- imaginaires animaux : places et formes de la mise en représentation
- influence de l’éthologie dans les relectures écocritiques
- imagerie du bien-être et de la bienveillance : historiographie et études de cas
- animal et publicité
- viralité animale sur les plateformes (Instagram, TikTok)
- la construction de l’animal dans le documentaire animalier
- concours de photographie : la part de l’animal
- photographies de famille : le membre animal
- littérature enfantine illustrée : évolution des représentations animales
- spécisme émotionnel : espèces invisibles et survisibilités
- les représentations de l’animal dans les sciences naturelles
- Etc.
 
Cet appel à communications s'adresse à tout.e.s les chercheur.e.s que ces questions intéressent, par-delà les disciplines : histoire de l'art, histoire, littérature, anthropologie, éthologie, sociologie, etc.
 
Envoi des propositions
 
Les propositions doivent être envoyées aux deux organisateurs-trices du colloque simultanément avant le 10 février 2022, avec indication du titre provisoire de la communication, l'affiliation et la discipline de l'auteur.e, et une présentation, en 15-20 lignes (300 mots), de la démarche choisie et de l'interprétation développée. Une réponse sera donnée au plus tard le 18 février 2022.
 
Organisateur-trices :
 
Alice Boisvert, étudiante à la maitrise, Université du Québec à Montréal, département d’histoire de l’art : boisvert.alice@courrier.uqam.ca
 
Vincent Lavoie, professeur, Université du Québec à Montréal, département d’histoire : lavoie.vincent@uqam.ca


 
Pour consulter le site de l’ACFAS (Association canadienne-française pour l’avancement des sciences), voir www.acfas.ca
 
Un soutien pour les frais d’inscription au congrès de l’ACFAS pourrait être apporté aux étudiants.es et chercheurs.euses indépendants.es.