La première fois, la dernière fois
Quand, en 1981, Jean Rousset publiait son ouvrage intitulé Leurs yeux se rencontrèrent. La scène de première vue dans le roman, il ne faisait pas qu’analyser un des moments-clés de l’écriture amoureuse. Le chercheur genevois attirait l’attention sur l’importance de tout commencement, de toutes les premières fois dont la littérature témoigne avec d’autant plus d’assiduité qu’elle ne cesse elle-même de ressasser sa propre première fois, celle d’une feuille blanche qui doit être à tout prix noircie avec un premier mot. Les écrivain.e.s conjuguent donc ces débuts et ces commencements, bien conscients du poids de toutes les scènes dans lesquelles un univers se dégage du non-être, un personnage prend corps, un mot se met à circuler parmi d’autres mots. Ce passage à l’existence, si infime et difficile à saisir soit-il, constitue un des grands sujets de la littérature moderne, obsédée qu’elle est souvent par la nouveauté du monde.
Cependant, elle ne l’est peut-être pas moins par tout ce qui se termine. De la mélancolie romantique jusqu’à la catastrophe climatique déjà en train de s’accomplir en passant par les morts et les adieux racontés avec autant de passion que de désespoir, la littérature moderne explore volontiers ce territoire des dernières fois, pas moins fascinant que celui des commencements. Réalisant une des fonctions premières de la littérature, à savoir garder ce qui est fugitif, ce qui est en voie de disparition, les auteur.e.s créent une grande collection d’archives qui permettent, un peu paradoxalement, de répéter chaque dernière fois presque à l’infini, celle-ci renaissant à chaque lecture.
Dans le prochain numéro de la revue Cahiers ERTA, nous aimerions proposer une réflexion sur les premières et les dernières fois dans la littérature française et francophone, depuis le 18e siècle jusqu’à nos jours, et explorer l’écriture qui essaie de rendre compte de la spécificité des fins et des commencements.
Calendrier :
- avant le 05 janvier 2022 : adresser une proposition d’une longueur maximum de 500 mots, à l’adresse suivante : ertafr@ug.edu.pl, finewi@univ.gda.pl
- 15 janvier 2022: réponse du comité de rédaction
- 15 mars 2022 : remise des articles respectant la feuille de style (http://www.ejournals.eu/CahiersERTA/menu/409/); le texte ne se conformant pas aux consignes éditoriales ne sera pas admis,
- 30 mai 2022 : décision du comité de lecture,
- octobre et décembre 2022 : publication des numéros, respectivement 31 et 32 (version électronique)
- janvier 2023 : publication du volume (version papier)
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Indépendamment de ses numéros thématiques, la revue accepte des articles divers dans ses rubriques « Varia » et « Comptes rendus ».
Site internet : http://www.ejournals.eu/CahiersERTA/