Chaque siècle a besoin d’une Comédie humaine. Celle du XXe nous a été donnée par Marcel Proust. Sa vie a coïncidé avec la meilleure époque de la IIIe République et avec les sources du monde contemporain. Il a observé le remplacement d’une société de cour par une société des élites, et la permanence d’un peuple chargé d’histoire.
C’est le regard de Proust sur ce monde extérieur changeant que nous avons voulu analyser. Si le monde intérieur de l’auteur, avec sa sensibilité et ses passions, nous est bien connu, s’épanouissent également dans son œuvre une sociologie, une géographie et une histoire, chacune de ces disciplines se proposant de rendre compte du monde tel qu’il a été, tel qu’il est. En creux se dessine alors un portrait renouvelé d’un auteur tout à fait dans son siècle.
Quelle surprise de voir Proust, parfois injustement décrit comme un peintre du passé, si sensible à certains aspects de la vie collective moderne ! Observateur avisé de ses contemporains, il intervient volontiers dans les débats de l’époque (génocide arménien, affaire Dreyfus, séparation de l’Église et de l’État), tout autant qu’il fait preuve d’un grand intérêt pour les progrès techniques nombreux (téléphone, aviation). Homme social évoquant ses fréquentations, boursicoteur peu capable de gérer sa fortune, géographe de Paris et de la province, Proust se dévoile de façon inédite, parfois malgré lui.
Voici donc un parcours à travers un autre monde, et à la découverte d’un autre Proust.