En 2017, Peter Szendy publiait Le Supermarché du visible. Essai d'iconomie (Minuit), un ouvrage dans lequel il interrogeait le rapport qu’a notre société actuelle à l’image. L'essai donna lieu à une exposition présentée en 2020 au Jeu de Paume à Paris, pour introduire auprès du public la notion d’iconomie qui questionne l’économie générale des images, leur histoire, leur généalogie. Cette notion forgée pour jeter un pont entre les théories économiques et les théories de l’image trouve de nouveaux prolongements dans le dernier essai publié par le théoricien : Pour une écologie des images (Minuit toujours). Comment entendre le projet d’une écologie des images, ébauché dès 1977 par Susan Sontag à la fin de son ouvrage sur la photographie pour exhorter à la vigilance face au débordement d’images qui menace d’engloutir notre capacité de voir. P. Szendy propose de "laisser affleurer sous l’immédiateté du visible les temporalités dissonantes et les vitesses contrastées qui font la tension, le ton des images dans leur venue à l’apparaître. Non seulement celles qui furent faites de la main de l’homme, mais aussi toutes les autres, depuis les infinies variations mimétiques du règne animal jusqu’aux vues produites par les machines ou le divin". Son livre nous fait parcourir tout le chemin, de l’histoire de l’ombre (elle commence avec Pline) jusqu’à ce que Bataille aurait pu appeler une iconomie à la mesure de l’univers. En cours de route, on s’arrête sur l’iconogenèse selon Simondon, la mimétologie de Caillois, les papillons de Nabokov, le ralenti d’Epstein, une gravure de Hogarth et le développement de la photographie aérienne…
Illustr. : Addressability 2011 © Jeff Guess