Le jardin dévasté, les bouquets de la colère: autour de l'oeuvre de Catherine Mavrikakis (Montréal)
Appel à communications
Le jardin dévasté, les bouquets de la colère: autour de l’œuvre de Catherine Mavrikakis
Colloque – Université du Québec à Montréal – 27 mai 2022
L’œuvre de Catherine Mavrikakis, romancière, essayiste et professeure, est aujourd’hui reconnue comme l’une des plus riches et foisonnantes de la littérature québécoise contemporaine. La hantise, la demande incommensurable d’amour, la transmission de l’expérience concentrationnaire, la survivance du passé traumatique, le rapport à la banlieue, l’omniprésence de la mort et la folie sont quelques-uns des enjeux traversant les romans et les essais, et ayant jusqu’ici fait l’objet de commentaires critiques. Du côté de la fiction, les protagonistes de Mavrikakis combattent des blessures mémorielles profondes, promettent de mourir de la colère qui les tient pourtant en vie et cherchent, parfois en vain, à s’émanciper de relations familiales douloureuses. Du côté de l’essai, c’est « l’archaïque démesuré » (Diamanda Galás), le rapport excessif et dangereux des femmes et des groupes minorisés au politique, qui est régulièrement interrogé. De la fiction à l’essai, les thématiques abordées se font régulièrement écho, la démarche d’écriture de Mavrikakis s’articulant notamment autour d’un désir de donner du sens aux délires et déraillements : « La littérature pour moi ne peut être qu’un travail sur la terreur, un travail de sape ou de déflagration. [...] Je préfère la pétarade du langage et sa folie, son absence de sens, son désordre et son essoufflement, sa participation malveillante au vide de la communication » (« Les silences logorrhéiques de l’hystérique »).
Malgré l’abondance d’études, de nombreuses pistes de réflexion méritent encore d’être développées. L’objectif de ce colloque est de poursuivre les débats critiques autour de l’œuvre de Mavrikakis et de proposer de nouvelles avenues de recherche. Nous souhaitons tout particulièrement explorer les décalages, formels et thématiques, qui fondent tant la poétique romanesque que le travail théorique et essayistique. Les protagonistes « à côté d’elles-mêmes » (Deuils cannibales et mélancoliques), la torsion de la vérité et la non-fiabilité des personnages (Le Ciel de Bay City), les contradictions dans la narration (Fleurs de crachat), le rapport trouble aux figures parentales (La Ballade d’Ali Baba, L’Absente de tous bouquets), la notion d’absence seront au cœur de notre réflexion. Du reste, si Mavrikakis a souvent parlé en entrevue des auteur·ices qui l’ont influencée (Proust, Duras, Bernhard, Guibert, etc.), il reste à comprendre sa propre influence sur des écrivain·es contemporain·es; nous souhaitons accorder une attention particulière aux filiations que son œuvre est susceptible de créer.
Nous invitons les chercheur·ses à réfléchir entre autres aux pistes suivantes :
Liens entre les œuvres romanesque et essayistique
Aspects formels de l’œuvre (forme logorrhéique, monologue, dédoublements, etc.)
Relations familiales et filiation
Imaginaire du corps et représentation des sexualités
Approches féministes et queer
Présence de l’humour dans la narration
Théâtralité et rapport au tragique
Expression de la colère et mise en fiction de la violence
Représentation des États-Unis et de l’Europe
Esthétique de l’apocalypse
Etc.
Les propositions (titre et résumé de 250-300 mots), accompagnées d’une notice biobibliographique, sont attendues au plus tard le mercredi 5 janvier 2022 et doivent être transmises à Marie-Noëlle Huet (huet.marie-noelle@uqam.ca) et à Ariane Gibeau (ariane.gibeau@ubc.ca). Une réponse sera rendue le 10 janvier.
Organisation :
Marie-Noëlle Huet (UQAM)
Ariane Gibeau (Université d’Ottawa / UBC Okanagan)
Note : Étant donné les consignes sanitaires en vigueur à l’Université du Québec à Montréal, toute personne souhaitant participer au colloque devra présenter une preuve vaccinale.