Atelier conjoint APFUCC / AIELCEF (l’Association internationale d’étude
des littératures et cultures de l’espace francophone)
Autochtonies et espaces francophones
La responsable de l’atelier : Ndeye Ba, Ryerson University, ndeye.ba@ryerson.ca
Il existe une variété d’usages et de définitions du mot « autochtonie » en fonction des régions géographiques (le Canada, l’Amérique, le Pacifique, l’Afrique, les Caraïbes, etc…) et des champs disciplinaires de recherche (les arts, la sociologie, la littérature, l’histoire etc…). Selon René Lemieux, « l’“autochtonie“ dit une relation première, originelle, au territoire » (p.1). Pour l’usuel de la langue, autochtonie renvoie à une qualité, celle d’autochtone, et à un état, celui d’une personne originaire du pays qu’elle habite. Elle renvoie aussi à la réalité qui n’est pas étrangère à son propre milieu. C’est dans ce sens que le terme incorpore une dimension critique et un nouveau paradigme de lecture des relations internationales qui remettent en question aussi bien les fondements idéologiques du colonialisme européen que les rapports hiérarchisés d’une mondialisation déséquilibrée. Comment les littératures et les arts francophones représentent-ils une Histoire qui a longtemps nié la pertinence ou la prévalence du fait autochtone, local, originaire ? Si ce débat touche l’Histoire, il ramène aussi au-devant de la réflexion épistémologique ce qui définit, caractérise, spécifie l’autochtonie. Quelles sont ses expressions artistiques, ses formulations verbales et ses discours sur le monde ? C’est pour interroger les formes et les sens des autochtonies francophones qu’est proposé cet atelier conjoint. Les interventions que nous souhaitons dans l’atelier s’intéresseront donc aux expressions autochtones dans les espaces francophones, au nouveau paradigme de relecture de l’Histoire qu’elles induisent, à leurs esthétiques comme à leurs conceptualisations du monde.
En quoi, par exemple, l’écriture contemporaine d’une écrivaine comme Fatou Diome, qui met en scène Niodior, son île d’origine, actualise-t-elle la problématique « autochtone »? En quoi, de même, en restant dans le même contexte continental africain, le paradigme est-il valide dans un cadre discursif où il ne semble plus « nécessaire » de parler des populations d’origine, devant l’injonction du « cosmopolitanisme »? Cet atelier se propose de penser l’autochtonie en tant que paradigme qui permet de questionner l’historiographie coloniale. En ce sens, le concept va au-delà des questions afférentes aux Premières Nations, au Canada et dans le Nouveau Monde, de façon générale. L’atelier devrait ainsi permettre d’élargir la problématique « autochtone » à de telles autres déterminations qui font également penser, entre autres, à une francophonie du Pacifique dans les questionnements identitaires et politiques qu’elle soulève, comme ailleurs. Dans la Caraïbe française, le terme autochtonie, en demeurant associé au vocabulaire colonial, n’est plus vécu que comme mépris envers le sujet individu local. Là, la réparation, autre paradigme concomitant, demande la modification, le changement de la vision coloniale, voire le rejet du paradigme lorsqu’il est question des Caribéens, Antillais, Martiniquais ou Guadeloupéens.
Les contributions souhaitées aborderont ainsi des cas d’étude ponctuels et/ou présenteront des réflexions épistémologiques, herméneutiques, heuristiques ou historiographiques sur la problématique ainsi formulée, à partir ou non des axes ci-après, que nous proposons à titre uniquement indicatif :
- Autochtonie et histoire, identité, francophonie
- Formes littéraires et artistiques de l’autochtonie
- Autochtonie et espace, culture, géographie, lieu, terre, territoire, Terre
- Autochtonie entre local et mondial
- Autochtonie entre discours et épistémologie
- Autochtonie, diversité, nature et patrimoine
- Autochtonie et hétérochronie
- Autochtonie et réparation
- Langues autochtones, bilinguisme, traductions, pédagogie autochtone
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Les personnes intéressées doivent soumettre une proposition de communication (contenant un titre, un résumé de 250-300 mots) ainsi qu’une notice bio-bibliographique (contenant l’affiliation et son adresse, l’adresse courriel) d’ici le 5 janvier 2022.
Le colloque annuel 2022 de l’APFUCC, auquel participe l’AIELCEF, sera virtuel et se tiendra dans le cadre du Congrès de la Fédération des sciences humaines. Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des personnes responsables de l’atelier avant le 22 janvier 2022 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC ou à l’AIELCEF est requise pour participer au colloque. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. À ce sujet, de plus amples informations seront envoyées aux personnes dont les propositions ont été retenues. Veuillez noter que vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication pour le colloque 2022 de l’APFUCC. Toutefois, il est possible de soumettre une communication dans un atelier conjoint et une autre dans un atelier de votre choix. Toutes les communications doivent être présentées en français.
Une sélection des communications présentées sera publiée dans une revue savante.
Texte cité :
Lemieux, René. « Introduction au dossier "Traduction et autochtonie au Canada" ». Trahir, Septembre 2016, pp. 1-5.