La revue Études littéraires lance un appel à contributions :
Le lyrisme critique
Per noi, che non possiamo più scrivere dialoghi, il compito è ancora più arduo.
Pour nous, qui ne pouvons plus écrire de dialogues,
la tâche est encore plus ardue.
Giorgio Agamben, Autoritratto nello studio
(Autoportrait à l’atelier), 2017.
On sent, à lire cette phrase du philosophe Giorgio Agamben que la condamnation de la poésie prononcée par Adorno en 1962 continue de hanter certains écrivains, et fait de notre époque celle d’une crise du discours littéraire, et plus que jamais donc de crise du lyrisme[1].
1. Survivances d’un lyrisme en crise : Le premier axe de ce dossier serait donc de partir à la recherche des survivances d’un lyrisme en crise plus que jamais. Il s’agirait d’établir une forme d’état des lieux de cet état originaire de la littérature, 25 ans après le travail important mené en ce sens par et autour de Dominique Rabaté (Figures du sujet lyrique, 1996), en prenant surtout en compte les nouveaux développements de la poésie permis par le numérique, par sa sortie hors du livre sous des formes impossibles à envisager en 1996. Tâcher ainsi de chercher les traces, les subsistances, la pertinence d’un lyrisme critique.
2. Lyrisme critique : Le deuxième axe du dossier, complémentaire au premier, serait d’étudier la manière dont le lyrisme a été pris en charge par des œuvres critiques. Une telle interrogation, ouvrant autant à une définition de ce qu’est le lyrisme que de ce qu’est la critique, viserait la manière dont le lyrisme a, à la fois, été mis en œuvre et tenu à distance par des œuvres critiques majeures du 20ème siècle, comme celles de Benjamin, Derrida, Barthes, Deleuze, Blanchot, Benjamin, Agamben, etc. Au-delà d’un dialogue de la philosophie avec la poésie (Benjamin/Baudelaire, Heidegger/Hölderlin, Derrida/Celan, Agamben/Cavalcanti, etc.), il s’agirait d’observer la manière dont la prose critique de ces auteurs a su mettre en œuvre une forme d’écriture lyrique, liant l’ambition philosophique à l’ambition poétique. Lyrisme critique donc, loin de l’aède dépossédé platonicien, lyrisme tympanisant les notions de conscience et de connaissance, prenant en charge le lyrisme de notre époque.
3. Politique du lyrisme : Enfin, il s’agirait d’étudier comment le lyrisme peut se faire lui-même critique, et notamment comment il peut avoir aujourd’hui une forme d’efficacité politique. Giorgio Agamben entame une réflexion en ce sens, en faisant que la poésie nous permette de sortir des dispositifs qui nous asservissent, et notamment par sa fonction de suspension/dévoilement.
Les chercheurs intéressés sont priés d’envoyer leur proposition d’une longueur de 250 à 300 mots suivie d’une notice biobibliographique à l’adresse suivante : revueel@lit.ulaval.ca
Date limite pour soumettre une proposition : 15 novembre 2021
Date de la réponse : 1er décembre 2021
Date limite pour la soumission des articles : 21 mars 2022
[1] [La critique de la culture se voit confrontée au dernier degré de la dialectique entre culture et barbarie : écrire un poème après Auschwitz est barbare, et ce fait affecte même la connaissance qui explique pourquoi il est devenu impossible d’écrire aujourd’hui des poèmes. Prismes 1962].