Journées d'étude
L'institution philosophique française et la Renaissance : l'époque d'Étienne Gilson
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Ces journées d’étude consacrées à « l’institution philosophique française et la Renaissance » sont centrées sur « l’époque d’Étienne Gilson ». Il s'agit de poursuivre la réflexion, entamée dans L'Institution philosophique française et la Renaissance : l'époque de Victor Cousin (Dominique Couzinet et Mario Meliadò éds., Leiden, Brill, Brill’s Series in Philosophical Historiographies, sous presse), sur les enjeux intellectuels, idéologiques et politiques de la pratique de l’histoire de la philosophie en France, entre le XIXe et le XXe siècle, et d’enquêter plus particulièrement, dans ce cadre, sur le statut historiographique de la pensée de la Renaissance.
Gilson fut au sommet de l’institution philosophique française entre 1921 et 1950, comme professeur d’histoire de la philosophie médiévale (à l'Université de Strasbourg, à la Sorbonne et à l’EPHE, puis au Collège de France) et membre de l’Académie française. Mais il fut aussi un intellectuel chrétien engagé dans la politique nationale, internationale et ecclésiastique de l’entre-deux guerres et de l’après-guerre, comme l’a récemment montré Florian Michel (Étienne Gilson : une biographie intellectuelle et politique, Paris, Vrin, 2018). Sa qualité d’« intellectuel transatlantique » (F. Michel), enseignant à Harvard et surtout fondateur du Pontifical Institute of Mediaeval Studies de Toronto, est aussi constitutive de sa manière de faire époque et d’influencer, par son activité intellectuelle, un vaste réseau de recherches philosophiques et historiographiques.
Initiateur d’un renouveau du médiévalisme philosophique en France comme en Amérique du Nord et spécialiste des sources scolastiques du cartésianisme, Gilson a défendu l’idée d’une étroite continuité entre Médiévaux et Modernes, faisant de la Renaissance une « frontière contestée » dans l’histoire de la pensée. « La différence entre la Renaissance et le moyen âge », écrit-il en 1930, « n’est pas une différence par excès, mais par défaut. La Renaissance n’est pas le moyen âge plus l’homme, mais le moyen âge moins Dieu » (Gilson, « Humanisme médiéval et Renaissance »).
On s’interrogera, en premier lieu, sur la place ambiguë de la Renaissance chez Gilson et ceux avec qui il partagea alors la scène philosophique française (Alexandre Koyré, Paul Vignaux, Martial Guéroult, Henri Gouhier, Lucien Febvre, Maurice de Gandillac, Pierre Mesnard, Henri de Lubac notamment) en tenant compte aussi des relations entre la tradition d’études française et l’historiographie européenne et transatlantique (Eugenio Garin, Paul Oskar Kristeller notamment). Deuxièmement, on centrera l’attention sur la redécouverte, l’interprétation et l’usage de certaines figures paradigmatiques de la Renaissance dans les débats savants français au cours du XXe siècle (par exemple Pétrarque, Érasme, Nicolas de Cues, Campanella, Montaigne, Bodin, Jakob Böhme) ; on examinera enfin la position et l’influence de Gilson et de son école dans la querelle historiographique et idéologique autour de la catégorie d’Humanisme. Ici encore, l’enjeu n’est pas seulement le cadre conceptuel et polémique des reconstructions ou des « refoulements » historiographiques de la culture philosophique de la Renaissance sur la longue durée, mais aussi celui des normes de construction de la modernité en matière de philosophie.
Programme :
Vendredi 8 octobre
9h00 : Accueil des participants et introduction
Sous la présidence de Denis Kambouchner (Paris 1 - ISJPS)
9h30 : Florian Michel (Paris 1 - SIRICE) : « Étienne Gilson ou le sens de la continuité »
10h00 : Discussion
10h15 : Iryna Mykhailova (Università Ca' Foscari Venezia) : « Two Renaissance Men, Two Renaissances : Étienne Gilson and Paul Oskar Kristeller »*
10h45 : Discussion
11h00 : Pause-café
11h30 : Renzo Ragghianti (SNS Pisa) : « Gilson, Garin : une confrontation »*
12h00 : Discussion
12h15 : Iñigo Atucha (Fribourg, Suisse) : « Rabelais au Collège de France : Abel Lefranc, Étienne Gilson et Lucien Febvre »
12h45 Discussion
13h30 : Déjeuner
* En visioconférence
Samedi 9 octobre
Sous la Présidence de Marco Forlivesi (Università di Chieti-Pescara)*
9h00 : Mario Meliadò (Universität Siegen) : « Nicolas de Cues en France : de Pierre Duhem à Maurice de Gandillac »
9h30 : Discussion
09h45 : Adi Efal-Lautenschläger (Université de Strasbourg) : « Brunschvicg lecteur de Montaigne : L’historiographie de la philosophie française comme une enquête de la raison »*
10h15 : Discussion
10h30 : Pause-café
11h00 : Cecilia Muratori (Università Ca’ Foscari Venezia) : « L'historiographie de la Renaissance allemande, entre mysticisme et histoire : Alexandre Koyré »*
11h30 : Discussion
11h45 : Dominique Couzinet (Paris 1 - ISJPS) : « Pierre Mesnard et la Renaissance »
12h15 : Discussion
12h30 : Discussion générale et conclusions
Shingo Akimoto (Paris 1 - ISJPS), Miquel Seguró Mendlewicz (Universitat Oberta de Catalunya), Michele Merlicco (Paris 1 - ISJPS), Anna Iris Michel (Paris 1 - ISJPS), Louis Rouquayrol (Paris 1 - ISJPS),
13h30 : Déjeuner
* En visioconférence