COLLOQUE INTERNATIONAL CHRISTINE DE RIVOYRE
« Je ne suis pas faite pour mourir »[1]
Colloque du Centenaire de la naissance de Christine de Rivoyre
Université Bordeaux Montaigne - Association des Amis de Christine de Rivoyre
30 novembre-1er décembre 2021 - Bibliothèque municipale de Bordeaux
Appel à communication pour le colloque organisé par l’Université Bordeaux Montaigne (Centre Mauriac-EA TELEM) et Les Amis de Christine de Rivoyre en partenariat avec le réseau Maisons d’écrivain en Nouvelle-Aquitaine, la Bibliothèque Municipale de Bordeaux et la librairie Mollat.
Comment oublier La Mandarine (1957) et l’interprétation qu’en donne Annie Girardot aux côtés de Philippe Noiret dans le film d’Edouard Molinaro en 1971 ? Comment ne pas se souvenir de la romancière-cavalière qui aime contempler le monde et la forêt landaise à hauteur de cheval et qui, à la fin de sa vie, se laisse gagner par le silence de l’écriture ? Comment, enfin, ne pas être sensible à la journaliste qui, arpentant avec passion les territoires des écrivains et des artistes de son temps, témoigne d’un état du monde où le dialogue n’est jamais clos ?
Célébrer le centenaire de la naissance de Christine de Rivoyre offre l’occasion de revisiter une œuvre qui marque la vie littéraire de l’après-guerre, dans sa diversité : des ouvrages publiés aux inédits, des romans aux correspondances, en passant par les articles de presse et les feuilletons. Qu’il s’agisse de partir à la découverte ou à la redécouverte de l’itinéraire d’une femme dont les écrits reflètent l’évolution d’une pensée face aux transformations de la société, de saisir les enjeux d’une vie où l’écriture est à l’œuvre, ou enfin de caractériser les interactions entre la littérature, les médias et les arts, toutes ces voies sont ouvertes pour éclairer les différentes facettes de Christine de Rivoyre.
Les communications pourront aborder, par exemple, les axes suivants :
Christine de Rivoyre journaliste, du Monde à Marie-Claire
Après un séjour d’études de deux ans aux États-Unis, où Christine de Rivoyre découvre à l’Université de Syracuse les techniques américaines du journalisme et « les dames du New Yorker » qui deviendront un modèle, Olivier Merlin propose en 1950 à l’apprentie-journaliste de travailler pour Le Monde. Outre les comptes rendus de ballets, de pièces de théâtre et d’exposition, elle prend en charge les interviews avec les artistes anglais et américains venus en visite en France ainsi que les entretiens avec André Gide, Henry de Montherlant, Jean Cocteau, William Faulkner, Charlie Chaplin, Bette Davis, Spencer Tracy, Jerome Robbins... Obligée d’abandonner le célèbre quotidien pour des raisons de santé en 1955, elle consacre sa convalescence à l’écriture d’un roman, inspiré du monde de la danse : L’Alouette au miroir.
Forte de ce premier succès, elle prend la direction littéraire de Marie-Claire, au début de l’année 1956, première femme à occuper un tel poste dans la France d’après-guerre. Pendant cette période, elle défend toute une génération d’écrivains qui, au fil du temps, deviennent ses amis (François Nourissier, Michel Déon, Félicien Marceau…) et elle contribue à faire découvrir des auteurs américains encore méconnus en France comme Fitzgerald. Après son départ de Marie-Claire en 1966, elle collabore à plusieurs magazines ou quotidiens (Elle, L’Express, Le Figaro) auxquels elle donne des articles d’humeur et de nombreux feuilletons littéraires.
Riche d’une longue expérience dans le milieu de la presse écrite, Christine de Rivoyre illustre la place singulière d’une journaliste-écrivain. Quel regard porte-t-elle sur son métier et comment la pratique du journalisme a-t-elle influencé son œuvre littéraire ? Quels liens entretient-elle avec les différents médias ?
Christine de Rivoyre courriériste au Monde : l’art de l’avant-papier, l’art de l’interview, le monde des arts et du spectacle des années 50…
Christine de Rivoyre directrice littéraire à Marie-Claire : sa fonction, sa ligne éditoriale, le groupe Prouvost, la presse féminine…
Christine de Rivoyre et les États-Unis : les romans américains (La Glace à l’ananas, La Tête en fleurs, Le Voyage à l’envers), à l’école du journalisme américain, les « dames du New Yorker », les personnages de journalistes dans les romans…
Christine de Rivoyre, romancière-journaliste : naissance et développement d’un type littéraire, liens entre l’œuvre et l’activité journalistique
Christine de Rivoyre, romancière buissonnière
« Pas un bide » aime à rappeler Christine de Rivoyre… En quarante ans, de L’Alouette au miroir (1955) à Racontez-moi les flamboyants (1995), la romancière a enchaîné les succès. Saluée par le public et louée par la critique, son œuvre, régulièrement commentée par ses contemporains (Robert Kanters, Kléber Haedens, François Nourissier, Jacqueline Piatier…), bénéficie d’une large reconnaissance. Dans les années 1970, elle devient l’une des figures importantes de la vie littéraire comme l’attestent non seulement ses liens privilégiés avec de nombreux critiques, auteurs et éditeurs mais aussi sa présence dans plusieurs jurys parmi lesquels le Médicis - où elle siégea pendant 45 ans.
Bâtie à l’écart des avant-gardes, contre une société de consommation qu’elle fustige, quelle place occupe l’œuvre de Christine de Rivoyre dans la littérature de son temps, aux côtés notamment des grandes romancières qui firent la gloire – et la fortune - des éditions Grasset (Béatrice Beck, Françoise Mallet-Joris, Christiane Rochefort, Edmonde Charles-Roux, Benoîte Groult…) ou aux côtés de ses proches et amis (François Nourissier, Félicien Marceau, Michel Déon, Jean-François Josselin) ?
Enfin, l’adaptation de plusieurs de ses romans au cinéma, outre qu’elle est le signe de sa modernité, pose la question de la transmédialité, c’est-à-dire du passage d’un espace de création à un autre et du type d’imaginaire qu’il suscite. Plus globalement, ce processus interroge les phénomènes de réception : quelles résonances l’œuvre de Christine de Rivoyre offre-t-elle au lecteur aujourd’hui ?
Les romans de Christine de Rivoyre : un monde à reconquérir (représentation du quotidien, critique de la société, place de la femme, colère et contemplation…), un style à définir (art du dialogue et importance de l’oralité, tentation de l’écriture théâtrale et les pièces radiophoniques…)
Les personnages d’adolescents dans les romans de Christine de Rivoyre
Féminin et féminité, féminisme et antiféminisme dans l’œuvre de Christine de Rivoyre (personnages, écriture, représentation du genre)
La « mauvaise humeur » de Christine de Rivoyre : une antimoderne (critique de la société de consommation, des événements de mai 68, du tourisme moderne, des violences urbaines), cousine des Hussards ?
Christine de Rivoyre et la sociabilité en question : les amitiés littéraires (de François Nourissier aux « dames de Grasset » Mallet-Joris, Charles-Roux, Rochefort, Beck, Groult) ; transmission et héritage : les influences littéraires et le jeu de l’intertextualité (Colette, romanciers anglais et américains : Elizabeth Bowen, Elizabeth Goudge, Iris Murdoch, Fitzgerald, Salinger…)
Christine de Rivoyre et le monde éditorial (des éditions Plon aux éditions Grasset)
Christine de Rivoyre et la notoriété littéraire : réseaux et influences (du Prix des Quatre-Jurys au jury du Médicis)
L’intermédialité à l’œuvre : adaptations cinématographiques et télévisuelles (Le Petit Matin, La Mandarine, Les Sultans, Belle-Alliance)
Christine de Rivoyre et les Landes : un territoire, des écritures
À la fin des années 1960, Christine de Rivoyre choisit d’écrire à l’écart de Paris et décide de retourner vivre sur les terres de son enfance. Son retour dans la maison maternelle correspond à une redécouverte des paysages et des traditions landaises ainsi qu’à une plongée dans le passé familial. À partir du Petit matin, publié en 1968, les Landes deviennent non seulement le cadre de la plupart de ses romans mais aussi un personnage à part entière qui renouvelle l’approche et la perception des lieux. Comment l’œuvre de la romancière soulève-t-elle la question de la construction mentale et esthétique du territoire au sein de la création littéraire et celle de l’impact d’une œuvre littéraire sur la représentation des lieux qu’elle décrit ?
À travers des thématiques et des personnages souvent inspirés de son histoire personnelle ou familiale, Christine de Rivoyre retrouve des lieux et des êtres marqués par l’expérience de la guerre. Aux accents autobiographiques, perceptibles dès les premiers romans, se mêlent les échos des œuvres admirées, notamment celles de Colette dont l’influence est particulièrement sensible. Ce dialogue souterrain nourrit l’élaboration d’un univers où la nature et l’enfance, de plus en plus présentes, côtoient la critique d’un milieu bourgeois et provincial. Par ailleurs, la présence du monde animal, et des chevaux en particulier, participe à l’intrigue romanesque tandis que l’importance de ce thème est relayée par l’engagement de Christine de Rivoyre au sein d’associations de défense des animaux.
Bordeaux et les Landes de Christine de Rivoyre : rôle et place des lieux dans l’œuvre romanesque, ancrage des représentations symboliques (approches géopoétique, géocritique, littérature et géographie, …), la relation avec les animaux (zoopoétique)
Le patrimoine en question : écrire et vivre au même endroit (la maison de Christine de Rivoyre à Onesse-et-Laharie)
Les héritages familiaux et les territoires de la fiction
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Le résumé détaillé de la proposition de communication (environ 300 mots ou 1 500 signes), accompagné d’un titre et d’une courte biobibliographie, devra être adressé au plus tard le 30 septembre 2021 aux adresses électroniques suivantes :
caroline.casseville@u-bordeaux-montaigne.fr
Propositions à envoyer sous forme individuelle ou sous forme de panels thématiques (jusqu’à 3 intervenants).
Responsables
- Caroline CASSEVILLE (Université Bordeaux Montaigne)
- Frédéric MAGET (Association Les Amis de Christine de Rivoyre)
Comité scientifique (en cours de constitution) :
- Béatrice BLOCH (Université de Poitiers)
- Marie-Hélène BOBLET (Université de Caen Normandie)
- Chantal BIGOT (Les Amis de Christine de Rivoyre)
- Caroline CASSEVILLE (Université Bordeaux Montaigne)
- Jean-Yves GUÉRIN (Université Sorbonne Nouvelle Paris 3)
- Frédéric MAGET (Les Amis de Christine de Rivoyre)
- Pier Luigi PINELLI (Université de Gênes, Italie)
- Martine SAGAERT (Université de Toulon)
[1] Entretiens avec Frédéric Maget repris dans le communiqué de presse des éditions Grasset pour la parution de Flying-Fox et autres souvenirs, 2014.