Après Déclinaisons. Le naturalisme poétique de Lucrère à Lacan (2010) et Lire Les Cantos d’Ezra Pound (2014), Jonathan Pollock fait paraître un troisième essai dans la collection "Fiction pensantes" des éditions Hermann, qui fêtait il y a peu son dixième anniversaire: Ariel, mon oiseau; Une lecture écocritique de La Tempête de William Shakespeare. Pour sa dernière création, Shakespeare a inventé un personnage non-humain pour incarner la tempête qui s’abat sur une île inconnue. Mais Ariel, l’esprit de l’air, en vient à représenter bien plus qu’une catastrophe maritime: il appartient à ce milieu sensoriel situé entre les objets du monde et les sujets qui les perçoivent, milieu sur lequel opère l’enchanteur Prospéro. Par un autre biais, Ariel représente l’habitant du Nouveau Monde. En comparant le texte de Shakespeare avec ses sources, Jonathan Pollock dégage une vision du cannibale amérindien qui ne vaut pas seulement pour le personnage de Caliban. Étant au-delà de l’humain, Ariel incarne l’esprit maître d’autres tribus, dont celles des oiseaux. Ainsi, entre averroïsme et animisme, espèces intentionnelles et tribus-espèces, cet essai milite en faveur d’une écologie de l’imagination qui se veut aussi une imagination renouvelée de l’écologie.