"Santé et hygiène dans les sociétés méditerranéennes à travers les âges" (Univ. de la Manouba)
Université de la Manouba
Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités
Département d’Histoire
En collaboration avec
LR13ES10 : Archéologie et Architecture Maghrébines
LR99ES23 : Régions et Ressources Patrimoniales en Tunisie: Approche Interdisciplinaire
LR11ES28 : Élites, Savoirs et Institutions Culturelles en Méditerranée
UR17ES25 : Histoire Économique et Dynamique Territoriale
UR16ES09 : Étude Méditerranéenne et Internationales et Dialogue Maghreb/Europe
Organisent
Colloque international
3-5 mars 2022
Santé et hygiène dans les sociétés méditerranéennes à travers les âges
Appel à communications
Avoir une bonne santé et vivre dans un environnement propre et sain font partie, aujourd’hui, des droits fondamentaux de l’homme. Ceci est le résultat de tout un processus dans lequel l’intérêt que l’homme accorde à sa santé et son hygiène connait plusieurs mutations. La pandémie du Covid 19 qui frappe le monde depuis la fin de l’année 2019, a fait resurgir plusieurs interrogations en rapport avec la perception de l’homme de sa santé et de son hygiène. Partout dans le monde, ces deux thèmes-complémentaires deviennent un sujet de débat scientifique et sociétal.
En voulant s’inscrire dans ce débat, le département d’histoire de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba organise un colloque autour du thème Santé et hygiène dans les sociétés méditerranéennes à travers les âges. L’objectif de ce colloque consiste à analyser les différentes pratiques et politiques humaines liées à la santé et à l’hygiène dans des civilisations diverses. Le choix de la longue durée permettra de cerner les évolutions à travers le temps et l’espace. Le progrès sanitaire et hygiénique dont jouit une bonne partie de la population dans le monde actuellement, n’est, en fait, que l’aboutissement de plusieurs siècles d’innovations et de réalisations dans le domaine sanitaire.
Trois axes sont proposés, les réflexions pourront s’inscrire dans l’un d’eux, au croisement de certains, ou même s’en affranchir :
I-Pratiques sanitaires individuelles et collectives
Les pratiques visant à préserver la santé ne se limitent pas à l’usage de la médecine, mais aussi aux différents actes de soins ou de prévention servant à éloigner le mal. La recherche actuelle d’une « vie saine », tout comme d’« une vie longue » a, en fait, de longues traditions dans l’histoire. Cet axe se propose d’observer les frontières entre le sain et le malsain, entre le propre et le sale et d’étudier des pratiques partagées et différenciées, adoptées par l’homme pour garder une bonne santé, tout en examinant leur interférence avec la science, les croyances et les coutumes. Pratiques des riches, pratiques populaires, pratiques genrées, permettent de dévoiler les représentations de la santé et de l’hygiène, à travers l’histoire et de s’arrêter sur les formes de l’imaginaire et l’évolution des mentalités qui y sont liées.
1/Vaincre les maladies : pratiques préventives, pratiques curatives
Il s’agit d’étudier les manières de l’entretien de soi et de la défense de son corps à travers les âges : élixirs, potions, purifications, saignées, régimes alimentaires, activités physiques, massages, vaccins, hygiène de vie, etc., et de dégager les pratiques capables de prévenir de tout ce qui nuit à la santé (boissons enivrantes, tabac, déchets, pollution, sous-alimentation, etc.). Ces pratiques reflètent les mutations des sensibilités et des mœurs et l’évolution du rapport de l’homme à son corps.
Si la prévention contribue à réduire les risques qui menacent la santé, plusieurs maladies, une fois détectées, susciteront des soins et des interventions multiples. Comment l’homme vit-il la maladie (l’intérêt -ou le désintérêt- qu’il accorde à la maladie, à la guérison, la peur des maladies et de la mort) ? Comment la traite-t-il ? À quelles pratiques songe-t-il : soins thérapeutiques ? Recettes domestiques ? Médecine des riches ? Médecine des pauvres ?
Ce colloque envisage de varier les angles d’observation en traitant des questions relatives aussi bien à la santé physique, qu’à la santé mentale, la santé sexuelle et reproductive, la santé au travail, la santé à l’école, etc.
2/Hygiène du corps, hygiène de l’habitat
Tendant à préserver et à améliorer la santé, les pratiques hygiénistes ont été depuis longtemps fortement liées à la symbolique purificatrice de l’eau et aux préceptes religieux (ablutions, purification rituelle, propreté des vêtements, etc.). Bains publics et privés, thermes, étuves médiévales, villes d’eaux, bains turcs ou hammâms, stations thermales, etc., sont des lieux dédiés à l’hygiène corporelle et à la volupté. Tantôt apprécié, tantôt dédaigné, l’usage de l’eau se modifie à travers le temps, puisque certaines sociétés vont privilégier la toilette sèche (poudres, crèmes, parfums, etc.). L’évolution technique du XIXe siècle bouleversa les pratiques liées à l’hygiène corporelle.
Le problème de l'hygiène se pose, également, au niveau de l’habitat. L’état de santé d’une société dépend étroitement de l’existence d’un habitat salubre. Historiens, archéologues, architectes, etc. sont invités à présenter les dispositifs spatiaux mis en place pour assurer l’hygiène, à travers la conception de l’espace habité et des innovations techniques qui lui sont intégrées. L’étude de la culture matérielle, offre aussi la possibilité de cerner le monde des objets relatifs à cette hygiène domestique.
Il est possible, par ailleurs, d’étudier, dans cet axe, le rapport de l’homme aux animaux domestiques-et aux animaux en général-, et des maladies transmissibles des animaux à l’homme et vice-versa.
II-Les politiques publiques de la santé et de l’hygiène
Au-delà des pratiques individuelles et collectives liées aux soins des maladies et à la préservation d’une bonne hygiène, les autorités publiques ont toujours manifesté un intérêt pour la santé publique et la propreté des villes. L’objectif étant d’améliorer, promouvoir, protéger et restaurer la santé de la population, souvent grâce à une action collective.
1/ Politiques sanitaires, structures et agents de santé
Il s’agit d’étudier les politiques sanitaires mises en place par des acteurs sociaux changeant à travers l’histoire (État, notables, associations, ONG, société civile, etc.). Quelles sont les politiques médicales publiques ? Comment réussir à vaincre les maladies ? Quelles formes ont pris les innovations médicales et chirurgicales et les investissements dans la recherche médicale dans des contextes différents ? Certains contextes se caractérisent par des difficultés d’accès aux soins (dans les contextes coloniaux, de guerre, ou de crise sanitaire par exemple). Comment remédier donc aux inégalités sociales de santé ? Et comment respecter les questions éthiques ?
Les structures de santé (valetudinarium, hôpitaux, bimaristans, centres de soins, etc.), ainsi que le personnel médical, méritent aussi d’être observés. L’objectif est de tirer de l’ombre quelques institutions influentes et des figures atypiques qui ont marqué l’histoire de la santé et de l’hygiène à travers les âges.
2/L’hygiène publique
Ce colloque envisage de réfléchir également sur l’hygiène publique et l’ensemble des moyens mis en œuvre par l’État pour sauvegarder la santé publique. Cette hygiène est assurée par des réglementations et des interventions dans des domaines différents : l’alimentation en eau potable, le drainage des eaux pluviales, la collecte et l’assainissement des eaux usées, le nettoyage des espaces publics, la gestion des déchets, la protection de l’environnement, etc., notamment dans les cités ou les zones urbaines qui connaissent un développement démographique et économique important. Certaines politiques sont anciennes, les Grecs et les Romains sont parmi les peuples de l’Antiquité à avoir réalisé des travaux d’assainissement urbain importants (latrines publiques, égouts souterrains, dépotoirs publics). Ces politiques de salubrité publique prennent plus d’ampleur avec les sociétés modernes, qui encouragent le développement généralisé des pratiques de propreté. Ce domaine est hanté toutefois par des inégalités, l’insalubrité demeure un fait courant dans certains espaces, à travers les âges, favorisant le développement d’épidémies et de maladies infectieuses de toutes sortes.
III-Le temps des épidémies et des pandémies : vivre et gérer les crises sanitaires
Compte tenu du contexte épidémique actuel, ce troisième axe -étroitement lié aux deux autres- s’impose. Une réflexion sur les épidémies d’antan (la peste, le choléra, la variole, les grippes, le typhus, la gale, etc.) et les épidémies actuelles (le Sida, H1N1, le Covid 19, etc.) sert à comprendre le présent et à cerner les continuités et les ruptures dans les comportements à une échelle locale que globale.
1/Les stratégies préventives et thérapeutiques
Pour lutter contre les flambées épidémiques et les pandémies, les sociétés ont développé depuis longtemps des stratégies préventives et curatives. Plusieurs mesures sont prises pour se prévenir de la contagion (fuir les lieux infectés, assainir l’air, brûler des aromates, mise en quarantaine, confinement, propreté, mesures-barrières, etc.). La vaccination de masse et l’immunité collective sont parmi les solutions scientifiques préconisées dès le XIXe siècle. Dans ce sens, nous proposons d’interroger aussi les stratégies de communication et les campagnes de sensibilisation sanitaire et de réfléchir sur la réception de toutes ces stratégies par les populations concernées.
2/Impacts des épidémies
Les grandes épidémies et pandémies à travers l’histoire ont toujours eu d’importantes conséquences démographique, psychologique, politique, économique, sociale, etc., que nous envisageons d’évoquer à l’occasion de ce colloque. La crise sanitaire du Covid 19 pointe d’autres conséquences comme l’atteinte aux libertés individuelles et publiques et aux droits de l’Homme, l’augmentation de la violence domestique, etc.
Le colloque Santé et hygiène dans les sociétés méditerranéennes à travers les âges favorise la pluridisciplinarité et s’attache à exposer les différentes approches et méthodes qui permettent de retracer la complexité des questions liées à la santé et l’hygiène, à travers les âges, dans l’espace méditerranéen et d’élucider le changement des pratiques et des représentations qui leur sont inhérentes. La diversification des sources permettra de varier les grilles de lecture : archives publiques et privées, sources littéraires, textes juridiques, données archéologiques, enquêtes orales, iconographie, supports audio-visuels, etc.
Les propositions de communications en arabe, en français ou en anglais, comprenant un intitulé, un résumé d’environ 300 mots, ainsi qu’une courte notice bio-bibliographique devront parvenir à l’adresse suivante (colloquehistoire.flah.uma@gmail.com) avant le 30 septembre 2021. Les notifications d’acceptation seront transmises au plus tard le 15 novembre 2021.
Selon les consignes sanitaires en vigueur, le colloque se déroulera en présentiel, à distance ou selon une formule hybride.
Comité scientifique
Pr. Mohamed-Lazhar Gharbi (FLAH-Université de la Manouba)
Pr. Nahema Hanafi (Université d’Angers)
Pr. Brahim Jadla (FLAH-Université de la Manouba)
Pr. Habib Kazdaghli (FLAH-Université de la Manouba)
Pr. Alexandre Klein (Université d’Ottawa)
Pr. Rafael Mandressi (Centre Alexandre Koyré-Paris-CNRS)
Pr. Ahmed Saâdaoui (FLAH-Université de la Manouba)
Pr. Rachida Tlili-Sallaouiti (FLAH-Université de la Manouba)
Comité d’organisation
Lamia Ben Abid (FLAH-Université de la Manouba)
Beya Abidi (FLAH-Université de la Manouba)
Sihem Kchaou (FLAH-Université de la Manouba)
Béchir Labidi (FLAH-Université de la Manouba)
Awatef Mansour (FLAH-Université de la Manouba)
Leila Guigua (FLAH-Université de la Manouba)