La littérature camerounaise contemporaine de 1990 à nos jours (Revue Interculturel Francophonies)
La littérature camerounaise contemporaine (de 1990 à nos jours) :
voix/voies, langages et esthétiques
Revue Interculturel Francophonies
Sous la direction de :
Ladislas NZESSE, Professeur, Université de Dschang (Cameroun)
Jimmy KOUAM, Phd, Université de Dschang (Cameroun)
Après près d’un siècle d’activité littéraire, la problématique de la littérature camerounaise ne cesse de cristalliser l’attention d’une critique qui plus que jamais jette son dévolu sur les francographies africaines. En effet, dans son ouvrage intitulé La Littérature camerounaise depuis l’époque coloniale (2004), Marcelin Vounda Etoa s’interrogeait sur l’existence d’une littérature camerounaise en soulignant explicitement une nuance différentielle dans le triptyque « littérature produite au Cameroun / littérature produite par des Camerounais / littérature camerounaise » ; et ce malgré le brillant panorama qu’avait déjà dressé d’autres critiques tel que Patrice Kayo (1978) et que la NOLICA (nouvelle littérature camerounaise) de Pabé Mongo (2005) viendra formaliser. Cependant, tous reconnaissent à la diachronie littéraire camerounaise une trajectoire marquée par trois grands mouvements qui correspondraient aux grands moments de l’histoire camerounaise et mondiale : une période coloniale essentiellement « dénonciatrice » et « combattive » ; une ère postcoloniale également marquée par la révolte ; et enfin une « nouvelle génération » (Cazenave, 2003) qui se situe au début des années 1990, impulsée par le vent de la démocratie, le pluralisme politique, la crise économique et la mondialisation.
Ainsi, ce numéro spécial de la Revue INTERCULTUREL FRANCOPHONIES se propose de scruter de près cette troisième génération d’écrivains camerounais qui semble aussi prolifique que la première, au regard des multiples prix littéraires : 8 grands prix littéraires d’Afrique noire de 1994 à 2019 dont trois successifs (Eugène Ebode 2014, Hemley Boum 2015, Blick Bassy 2016) et en 2018 ( Timba Bema, Les Seins de l’amante, poésie) ; le grand prix des associations littéraires en 2013 (Eric Mendi, Opération Obama) ; le prix Femina en 2013 (Léonora Miano, La Saison de l’ombre) ; le prix Ahmadou Kourouma en 2017 ( Lobé, Confidences) le prix littéraire Alain Decaux en 2018 ( Liliane Mendouga, « lettre », nouvelle) ; le prix panafricain de la littérature en 2019 (Djaïli Amadou Amal, Munyal les larmes de la patience) et le prix Goncourt des lycées en 2020 (Djaïli Amadou Amal avec le roman Les Impatientes) , pour ne citer que ceux-là. On pourrait donc à juste titre parler d’une ère de « revitalisation » de la littérature camerounaise. Il serait donc intéressant de s’y appesantir, de questionner son esthétique, sa thématique, ses influences/interférences, ses problèmes/défis, surtout que cette écriture contemporaine se démarque par sa multipolarité, sa polyculturalité et son multilinguisme, vu qu’elle se forge dans un contexte hétérolinguistique où cohabitent et coexistent le français, l’anglais et les langues locales.
À cet effet, de nombreuses questions pourront guider les différentes recherches : peut-on parler d’une langue d’écriture et partant d’une esthétique singulière propre à la littérature camerounaise contemporaine ? Comment se déploie/construit-elle ? Quelle incidence le lieu d’écriture a-t-il sur les productions de la nouvelle génération d’écrivains camerounais ? Qu’est-ce que la littérature camerounaise ? Serait-ce cette littérature produite depuis l’occident, dans des langues occidentales et qui est essentiellement légitimée et consommée par l’occident ? Ou alors une littérature du terroir, produite en langues camerounaises par des écrivains camerounais vivant au Cameroun ? Quels sont les enjeux de l’histoire dans la littérature camerounaise ? Assiste-t-on à une révolte féminine dans cet univers littéraire ? Existe-t-il une véritable institution littéraire camerounaise ? Quels seraient les éléments/paramètres/faits qui favorisent ou freinent son émergence ? Comment comprendre ce paradoxe entre la porosité de l’institution littéraire camerounaise et la grande glorieuse de ses écrivains ?
AXES THEMATIQUES ET ORIENTATIONS
Les chercheurs pourraient explorer les axes de recherches suivants, la liste n’étant pas exhaustive :
- l’écriture de la rupture/révolte : on l’envisagera autant dans sa dimension linguistique (appropriation linguistique, hybridité, subversion langagière) que dans sa dimension générique (discontinuité narrative ou spatiale, écriture minimaliste, structure elliptique, distanciation textuelle) et thématique (mise en scène des mœurs sociopolitiques ; peinture des abus, crimes, injustices et autres vices qui activent les leviers de l’indignation et la violence). Il s’agira d’un questionnement analytique sur le comment, le pourquoi et la finalité ;
- la thématique de la migration : on pourrait questionner le binôme « centre » / « périphérie ». Il serait également souhaitable, au-delà de l’incidence du contact avec l’ailleurs et l’autre sur l’écriture camerounaise, de se focaliser sur la perception/représentation de l’ailleurs, l’expérience de l’exil et du retour d’exil ;
- la poétique de l’obscène, du marginal ou du scatologique : dans ce paradigme, une attention particulière sera portée sur l’érotisme et l’alcool dans la littérature camerounaise. Ainsi, il sera question par exemple de mettre en relief le rapport entre la perversion sexuelle et les structures narrative, théâtrale et poétique, analyser et caractériser le langage érotique, cerner les procédés stylistiques/littéraires mis en œuvre pour entrainer le lecteur dans l’univers érotique et questionner l’image qui en découle (sexualité honteuse, banalisée ou valorisée). De même, on pourrait interroger les valeurs et les visions du monde qui sous-tendent la mise en scène de l’alcool/personnages alcooliques dans la littérature camerounaise contemporaine ;
- les représentations de la femme : mettre en évidence le caractère controversé du personnage féminin que l’on perçoit aussi bien sous le visage de victime d’un système phallocratique que sous le visage de rebelle qui transgresse les codes sociaux ;
- l’écriture de la mémoire/postmémoire : montrer comment l’histoire construit l’imaginaire littéraire camerounais contemporain en devenant parfois objet/sujet d’écriture ;
- l’institution littéraire camerounaise : il faudra s’intéresser aux problèmes d’édition, de diffusion et d’accessibilité de cette littérature ; questionner les instances de légitimation, ainsi que les structures d’accompagnement/encadrement de l’écrivain camerounais.
Calendrier
Date limite d’envoi des propositions d’articles : 31 décembre 2021
Date de réponse aux contributeurs : 15 janvier 2022
Date de soumission des textes définitifs : 15 février 2022
Éléments de protocole de rédaction
Longueur des articles : 8 à 15 pages.
La première page doit comporter les informations suivantes :
- Titre de l’article en minuscules, corps 14, gras ;
- Nom et adresse de l’auteur ;
- Résumé en français et en anglais (de 70 à 100 mots) ;
- Mots-clés en français et en anglais (au maximum 8).
Mise en page
Format A4, marges de 3 cm de chaque côté.
Police
Times, corps 12, interligne 1.5.
Intertitres
Taille 12, minuscules, gras.
Numérotation : chiffres arabes.
Ex. : 1., 1.2. ; 2., 2.1. ; 2.1.1, etc.
Citations
Plus de 3 lignes, retrait de 1 cm à gauche et à droite sans guillemets, interligne simple,
caractère normal, taille 10.
Mise en relief
Titres d’ouvrages, de revues et de journaux en italiques ;
Titres d’articles, de poèmes et de chapitres entre guillemets ;
Notes
Numérotation consécutive du début à la fin de l’article.
Références
Appel de note dans le texte suivi immédiatement de (auteur, année : page).
Ex : (Kolyang, 1994 : 12).
Bibliographie
Par ordre alphabétique d’auteurs.
Exemple :
Bacry, P. (1995), Les Figures de style, Paris, Belin.
Dili Palaï, C. (2005), « L’esthétique de la parole dans Le Sorcier signe et persiste de
Camille Nkoa Atenga », Lectures, vol. 3, pp. 233-248.
Les propositions d’articles seront envoyées aux adresses suivantes :