"Création-recherche des espaces audiovisuels : interférences entre cadres de production, processus de conception et choix esthétiques" (Toulouse)
Appel à contributions
Création-recherche des espaces audiovisuels : interférences entre cadres de production, processus de conception et choix esthétiques
Le laboratoire Lara-Seppia de l’Université Toulouse Jean Jaurès organise un Colloque Jeunes Chercheurs qui aura lieu les lundi 15 et mardi 16 novembre 2021 à la Maison de la recherche UT2J et à l’ENSAV - Toulouse
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Le mot latin spatium, racine d’« espace », révèle combien cette idée recouvre d’interprétations. Le spatium est à la fois étendue et durée, parcours et mesure, champ de course et arène. L’espace se dessine alors comme principe structurant, se définissant par ses limites, son positionnement ou son agencement – en somme, par ce qui le « borde », ce à quoi il s’oppose – dès lors qu’il s’établit comme rapport relationnel. Les espaces dépendent en ce sens de la perspective à partir de laquelle on les observe. Ce colloque propose de questionner l’intérêt pour l’espace dans le monde audiovisuel. Nous observerons les interférences entre les différents espaces audiovisuels et leur influence sur la chaîne de créationréception des oeuvres. Nous étudierons également les liens entre les choix opérés au cours de la création et la conception de ces espaces mêmes, ainsi que leur inscription dans l’espace plus large – réel et théorique – de la société. Nous proposerons ainsi un regard critique sur la constitution des différents espaces audiovisuels, qu’ils soient physiques (lieux de création-diffusion), filmiques (espaces constitutifs de la représentation) ou encore imaginaires (dans leur interprétation et leur conception). Nous nous appuierons notamment sur les travaux issus des études audiovisuelles ainsi que sur les théories de l’espace développées par d’autres disciplines.
Les communications pourront aborder, dans une approche historiographique, pratique ou critique, une problématique liée à la considération des espaces audiovisuels inscrite dans les axes développés ci-après, ces derniers n’étant cependant pas restrictifs. Elles prendront soin de définir clairement les espaces dont elles offrent l’étude. Placé sous l’égide de la recherche-création, le colloque mettra également en place un ou des espaces dédiés aux propositions d’expérimentations de conceptions spatiales et de dispositifs artistiques en rapport avec le sujet.
1 - Espace et conceptualisation
Nous proposons ici de questionner la conceptualisation de l’espace. Cela peut inclure, d'une part, une interrogation sur la constitution des espaces audiovisuels d’un point de vue pluridisciplinaire, en situant les différentes théories et leur lien à l’audiovisuel. D’autre part, la définition et théorisation des espaces audiovisuels, leur typologie, leurs limites et leur caractérisation. Les configurations des espaces audiovisuels sont-elles influencées par les approches spatiales proposées par les sciences sociales (Rochefort, Lefebvre, Soja, Löw… ) ? A l’inverse, les technologies de l’audiovisuel utilisées pour l’observation scientifique ont-elles accompagné certaines conceptions de l’espace, à travers,par exemple, la question des échelles (VLT, Titan Krios, satellites…) ? Par ailleurs, de quelles manières lesphilosophes de l’espace (Bachelard, Koyré, Deleuze & Guattari, Foucault, Sloterdijk, Hache…) expriment-ils,le cas échéant, la pensée des espaces audiovisuels ? Enfin, cinquante ans après son émergence, quellestraces a laissé le « tournant spatial » dans les recherches sur la représentation et la création audiovisuelle ? Nous pourrons également chercher à déterminer ce que sont les espaces audiovisuels et définir les différents positionnements à partir desquels il est possible de les approcher et de les délimiter (Gardiès, Gaudin). Les contributions se pencheront plus spécifiquement sur les interprétations des systèmes conceptuels des espaces audiovisuels, leur terminologie et sémiologie. Cela prend en compte les espaces filmiques (décors, montage, parcours narratifs, image, son) mais également l’espace de l’écran, constituant fondamental du médium, ainsi que les espaces physiques dans lesquels les oeuvres prennent forme, sont diffusées et conservées, dans une perspective historique ou contemporaine. Enfin, on pourra s’intéresser aux espaces imaginaires que convoque le monde de l’audiovisuel ainsi que ceux ouverts par le tournant numérique.
2 - Espace et poïetique
Il s’agit avec cet axe de faire le lien entre les techniques choisies pour fabriquer l’espace, et le film, le rendu. Cette réflexion ne peut se faire sans penser un contexte particulier, social, économique et historique. Rick Altman et James Lastra, dans leurs ouvrages respectifs, examinent les choix dans la création et les évolutions techniques comme résultant d’interactions complexes entre des possibilités techniques, des motivations économiques, des normes de représentation et une demande culturelle ancrés dans un contexte particulier (Altman, 1992 et Lastra, 2000). Nous pourrons illustrer ces dynamiques à travers des exemples concrets. L’espace cinématographique renvoie sans cesse à d’autres espaces qui influent sur sa conception et qui sont intégrés à son esthétique. Nous étudierons en conséquence les processus de création, la réalisation de l'espace et le rapport du technicien à l'oeuvre : procédés de représentation, choix techniques et significations esthétiques. Cela peut également permettre de réfléchir au rôle de l’équipe dans la mise en place de l’espace et de son imaginaire afférent. L’espace cinématographique devient alors un des lieux de rencontre et de mise en oeuvre de la collaboration.
3 - Espace et représentation
Nous chercherons à interroger ici la construction de l’espace au sein des oeuvres audiovisuelles, à partir d’une étude de leur contexte de production, sous l’angle politique, social et historique. Comment celui-ci vient-il influencer, modeler – voire contrôler - les représentations de l’espace au sein des oeuvres audiovisuelles ? Trois angles peuvent notamment être développés : Par son influence sur les masses, le cinéma est l’art de prédilection des régimes politiques : décors et récits sont ainsi modelés selon de nouveaux codes de représentation, afin de servir la diffusion d’idéaux. Dans cette première approche, il conviendra donc d’étudier ces espaces qui sont à la fois créations et témoins d’une époque. Pour cela, on pourra interroger les procédés scénographiques (décors), techniques (montage) et narratifs (interactions et mouvements des personnages, territoires de rencontres). Il nous faut également étudier la possibilité d’espaces filmiques qui manifestent une certaine résistance à leur époque. On s’attardera alors sur la construction d’espaces en dissidence. Les propositions pourront notamment procéder à une approche cartographique des lieux parcourus, une dérive en certains territoires dont on identifiera les caractéristiques principales. Une dernière piste résiderait dans l’interrogation des espaces comme images-dialectiques, selon le concept de Walter Benjamin. Résurgences du passé, les images-dialectiques rappellent un fragment de l’Histoire dans le présent, et le mettent ainsi en accusation. On pourra alors s’interroger sur les transformations de l’espace nécessairement induites par ces surgissements, générant des images dans lesquelles se côtoient différentes strates temporelles. Que nous disent-elles sur l’importance d’un imaginaire collectif, de la persistance du passé, pour réinventer des codes de représentations ?
4 - Espace, réception et perception
Faisant écho aux pistes précédentes, nous nous intéresserons aux différents processus de réception d’un espace intra-diégétique et, par extension, aux rapports existants entre émetteur et récepteur. Les propositions pourront aborder les correspondances entre espaces filmiques et réceptions spectatorielles notamment par le prisme des sciences cognitives, afin d’explorer le rapport entre représentation et interprétation, diffusion et perception ou encore réception individuelle et inscription collective. La première approche, tournée vers l’herméneutique, consistera à étudier les relations entre les représentations hétérotopiques et les interprétations spectatorielles. Il s’agira ici de découvrir dans quelle mesure les identités et esthétiques de ces espaces narratifs influent sur la réception filmique du public et, inversement, de quelle manière la réception peut avoir une incidence sur la spécificité du langage spatial adopté. La seconde explorera les répercussions des modalités de diffusion (classiques, immersives…) sur la perception des espaces narratifs et diégétiques. L’objet des propositions sera la considération du corps physique au sein du dispositif de diffusion amenant l’inscription du spectateur dans un espace hétérotopique. Enfin, il pourra être attendu ici une approche sociologique, afin d’inclure un travail autour des réappropriations culturelles (mythes, légendes, folklores) et sociales dans l’interprétation de l’espace filmique proposé au spectateur. En se focalisant sur le lien existant entre l’imaginaire collectif et l’interprétation individuelle, il va s’agir de s’interroger sur le ou les mécanismes de réception de cet espace imaginaire au sein d’un contexte socio-culturel spécifique.
Quelle que soit l’approche adoptée, il sera accordé une attention particulière à la considération des notions de réception (activité passive) et de perception (activité subjective et constructive) en lien avec l’espace filmique observé ou vécu.
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Bibliographie indicative :
Altman Rick (dir.). Sound Theory Sound Practice. AFI Film Readers, Routledge, 1992.
Bled, Grégory (dir.). “Espace, perspective et fragmentation.” Entrelacs, no. 13, mai 2017. https://doiorg.gorgone.univ-toulouse.fr/10.4000/entrelacs.1987.
Boillat, Alain et Marc Atallah. Cinéma, machine à mondes. Georg Editeur, 2013.
Cardinal, Serge. Profondeurs de l'écoute et espaces du son : cinéma, radio, musique. Presses Universitaires de Strasbourg, 2018.
Denis, Michel. Petit traité de l’espace. Un parcours pluridisciplinaire. Mardaga, 2016.
Dubois, Régis. Une histoire politique du cinéma : États-Unis, Europe, URSS. Sulliver, 2007.
Dupuy, Pascal. “Histoire et cinéma.” L'Homme et la Société, vol. 142, no. 4, 2001, pp. 91-107. https://doiorg.gorgone.univ-toulouse.fr/10.3917/lhs.142.0091
Esquenazi, Jean-Pierre et Roger Odin. Cinéma et réception. Hermès Science Publications, 2000.
Foucault, Michel, and Daniel Defert. Le corps utopique suivi de Les Hétérotopies. Lignes, 2009.
Gardies, André. L'espace au cinéma. Méridiens Klincksieck, 1993.
Gaudin, Antoine et Michel Marie. L'espace cinématographique : esthétique et dramaturgie. Armand Colin, 2015.
Gelly, Christophe, et al. Approaches to film and reception : theories, études et panorama critique [Colloque, Maison des Sciences de L'Homme, Clermont-Ferrand, 10-12 février 2010]. Presses Universitaires Blaise Pascal, 2012.
Hache, Emilie (dir.). De l’univers clos au monde infini. Editions Dehors, 2014.
Koyré, Alexandre. Du monde clos à l’univers infini. Gallimard, 1988 [1957].
Lastra, James. Sound Technology and the American Cinema : Perception, Representation, Modernity.
Columbia University Press, 2000.
Lévy, Jacques. “De l'espace au cinéma.” Annales de Géographie, vol. 694, no. 6, 2013, pp. 689–711. https://doi-org.gorgone.univ-toulouse.fr/10.3917/ag.694.0689
Metz, Christian. Essais sur la signification au cinéma. Tomes I et II. Klincksieck, 2003.
Müller, Jürgen E. (dir.) et Denise Pérusse (dir.). Cinémas, volume 2, no. 2-3, printemps 1992, p. 5–8. https://doi.org/10.7202/1001074ar
Muller, Raphaël, et al. Cinéma et régimes autoritaires au XXe siècle, écrans sous influence. Editions ENS Rue d’Ulm / PUF, 2008.
« Qu’est-ce que le « spatial turn » ? ». Revue d’histoire des sciences humaines, no. 30, 2017, pp. 207-238. https://doi.org/10.4000/rhsh.674
Raoulx, Benoît. « De l’espace-miroir à l’espace-écran : un effet médiatique ? », Penser et faire la géographie sociale : Contribution à une épistémologie de la géographie sociale. Presses universitaires de Rennes, 2006. https://doi.org/10.4000/books.pur.376.
Lori, Renato. Scénographie et réalisation des décors pour le cinéma. Gremese, 2016.
Rot, Gwenaële. Planter le décor. Une sociologie des tournages. Presses de Science Po, 2019.
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Calendrier
Date limite de soumission des propositions : 31 juillet 2021
Réponse du comité aux auteurs : début juillet 2021
Dates du colloque : 15 / 16 novembre 2021
Remise des articles pour publication : 30 novembre 2021
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Modalités de participation
Les communications auront une durée de vingt minutes, extraits compris.
Les installations et dispositifs expérimentaux / artistiques seront acceptés dans la limite des possibilités d’accueil.
Les propositions peuvent être rédigées en français, anglais ou espagnol.
Elles sont à envoyer sous forme de fichier PDF à l’adresses suivante :
colloque.espaces.audiovisuels@gmail.com
Le contenu des propositions devra être composé des éléments suivants :
• Le titre de la communication,
• Un résumé de 400 à 500 mots,
• 3 à 5 mots clés
• Une courte bibliographie indicative sur laquelle se basera votre intervention,
• Une notice bio-bibliographique (300 mots maximum) indiquant vos noms, champs de recherche, laboratoire et/ou institution de rattachement, publications.
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Informations générales
• Le colloque se tiendra à la Maison de la Recherche de l’Université de Toulouse Jean Jaurès et à
l’ENSAV (Toulouse).
• Les frais d’inscription pour les participants présentant une communication s’élèvent à 40€, et 20€
pour les doctorants / jeunes chercheurs.
• Les communications retenues feront ensuite l’objet d’une publication dans la revue Entrelacs (LARA-SEPPIA), suivant le principe d’une lecture en double aveugle.
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Comité scientifique
Pierre Arbus, Maître de Conférences à l’ENSAV, Université Toulouse II Jean Jaurès (LARA-SEPPIA).
Bérénice Bonhomme, Maîtresse de Conférences à l’ENSAV, Université Toulouse II Jean Jaurès (LARASEPPIA).
Serge Cardinal, Professeur titulaire, codirecteur du laboratoire La création sonore, Université de Montréal.
Antoine Gaudin, Maître de Conférences à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 (IRCAV).
Camille Gendrault, Maîtresse de Conférences à l’Université Bordeaux Montaigne (CLARE).
Paul Lacoste, Professeur des Universités à l’ENSAV, Université Toulouse II Jean Jaurès (LARA-SEPPIA).
Laurent Lescop, Professeur à l’ENSA, Université de Nantes (AAU/CRENAU).
Isabelle Labrouillère, Maîtresse de Conférences à l’ENSAV, Université Toulouse II Jean Jaurès (LARASEPPIA).
Pierre Montebello, Professeur des Universités à l’Université Toulouse II Jean Jaurès (ERRaPhis).
Gwenaële Rot, Professeure des Universités à SciencesPo Paris (CSO).
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Comité organisateur
Olivia Dorado, Doctorante au LARA-SEPPIA, Université Toulouse Jean Jaurès.
Matilda Holloway, Doctorante au LARA-SEPPIA / ERRAPHIS, Université Toulouse Jean Jaurès.
Camille Pierre, Doctorante au LARA-SEPPIA, Université Toulouse Jean Jaurès.
Thaïs Vidal, Doctorante au LARA-SEPPIA, Université Toulouse Jean Jaurès.
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[Télécharger ci-dessous l'appel au format PDF en anglais et en espagnol...]