Parcours de princesses : un nouveau regard sur les alliances dynastiques (Europe de l’Ouest, XVe -XVIIe s.)
Appel à communications pour le colloque
"Parcours de princesses :
un nouveau regard sur les alliances dynastiques
(Europe de l’Ouest, XVe -XVIIe siècle)"
Colloque organisé par Elodie CONTI (LARHRA) et Clara KALOGÉRAKIS (IRHiS)
les 3 et 4 mars 2022 à la MSH de Lyon
En 1992, Louise Olga FRADENBURG invitait à repenser la souveraineté féminine (« rethinking queenship ») en termes de genre. Son ouvrage (4) marque le début d’un renouvellement historiographique majeur. Rapidement, des chercheur·se·s anglo-saxon·e·s ont réagi en proposant de nombreuses publications mobilisant la notion de queenship. En France, les premiers travaux ont vu le jour dans les années 2000, notamment avec l’étude pionnière de Fanny COSANDEY sur la reine de France (2). Puis la question a pris une dimension plus collective, en France, grâce à l’initiative de Marie-Karine SCHAUB et Isabelle POUTRIN, dans l’ouvrage qu’elles ont codirigé sur les princesses en 2007 (10). Les deux historiennes encouragent alors à entreprendre « des approches comparatives sur des thèmes » et à « mettre en évidence quelques-unes des étapes qui rythment les vies des reines et princesses européennes ».
Ce colloque entend s’inscrire dans cette perspective avec la volonté de mettre en lumière un aspect très important de la vie des princesses qui n’a pas encore été saisi à grande échelle par le prisme du queenship : celui des alliances dynastiques. Constituante majeure de la politique internationale et de la diplomatie des États européens, les alliances dynastiques ont été très étudiées. Cependant, devant le constat déjà mené il y a une vingtaine d’années, nous savons que les princesses sont trop souvent négligées par l’histoire politique et, par conséquent, relativement absentes dans notre connaissance de ce sujet. Mises au second plan, elles sont plutôt considérées comme de simples objets d’échanges sans avis, sans sentiments et sans pouvoir.
L’objectif visé dans le cadre de ce colloque est de redonner aux princesses leur place véritable dans l’histoire politique et diplomatique en changeant de point de vue. Remises au centre de la réflexion en tant qu’actrices, c’est à partir de leurs regards et expériences que nous engagerons une redécouverte et une relecture de l’histoire des alliances dynastiques.
Nous entendons ici « princesses » comme les membres féminins des familles souveraines, c'est-à-dire les filles et épouses de rois. Le choix de cette définition permet de suivre à la fois les trajectoires de princesses devenues reine par succession (reine souveraine), par mariage (reine consort) mais aussi de celles qui ne le sont pas devenues. Avec le choix d’une chronologie large portant sur deux siècles et d’un terrain géographique tout aussi vaste, l’échantillon de princesses concernées est conséquent ce qui permettra d’avoir tout un éventail de situations possibles, à différentes périodes et dans différents pays. Nous portons votre attention sur le fait qu’il ne s’agira pas de réaliser une juxtaposition de biographies mais bien de mener une approche comparative sur ce thème à travers les trois axes définis ci-dessous.
Toujours dans le but d’ouvrir de nouvelles perspectives par un nouveau regard, il nous est également apparu nécessaire de ne pas se limiter à l’histoire politique ni à la discipline historique. Nous encourageons donc la proposition de communications se situant dans les champs de l’histoire culturelle, sociale, économique… ainsi que dans ceux de l’histoire de l’art, de la littérature, du droit, des sciences politiques, de la sociologie ou encore de l’anthropologie.
Les communications pourront ainsi explorer des sujets s’intégrant à ces trois grandes thématiques :
Axe 1 - Les princesses au cœur du marché matrimonial européen
Choisir une princesse pour une alliance : les différents arguments (politique, économique, dynastique, compatibilité…).
Préparer les esprits : virtualisation (échanges de cadeaux, de lettres, de portraits…), éducation de la princesse (religion, ouverture à d’autres cultures et langues, gestion d’une Maison ...), préparation à son futur rôle (instructions, modalités du contrat de mariage…).
Axe 2 - L’alliance dynastique imaginée par et pour les princesses
La représentation de la princesse dans les récits : chroniques, narrations, fêtes, cérémonies et rituels…
Attentes et sentiments de la princesse : ressentis (face à l’alliance, à son époux, à son pays d’adoption, face au sacrement du mariage…), vécu du déracinement (géographique, culturel et familial…), adaptation (à la nouvelle dynastie, nouveau rôle…)
Axe 3 - Les possibilités d’action des princesses : rôles attendus et rôles saisis
Espaces domestiques : épouse (influence sur l’époux), mère (éducation et religion de l’héritier), souveraine (dans son Hôtel ou sa Maison) ...
Espaces politiques : entre les deux dynasties, à la cour, au gouvernement (régence...), patronage (culturel, religieux...)
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Modalités des propositions
Chaque axe fera l’objet :
d’une introduction menée par un·e membre du comité scientifique,
de plusieurs interventions,
d’une discussion de 15 à 20 minutes sous forme de table ronde,
d’une conclusion établie par un·e membre du comité scientifique.
Les communications, en français ou en anglais, dureront 15 à 20 minutes et pourront se faire en personne ou à distance. Le colloque adoptera en effet un format hybride : en présentiel à la MSH de Lyon et en direct via un système de visioconférence.
Les propositions de communication devront comprendre un titre provisoire et un résumé (1 page maximum, en français ou en anglais) ainsi qu’une courte présentation personnelle. Elles doivent être envoyées avant le 10 juillet aux organisatrices à l’adresse suivante : princessesalliances@gmail.com.
Pour toute question concernant l’appel, n’hésitez pas à écrire à cette adresse.
Toutes les communications sont les bienvenues, quel que soit le grade du·de la chercheur·se (à partir du Master 2 inclus).
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Comité scientifique
Éric BOUSMAR (CRHIDI /CHIREL, Université Saint-Louis, Belgique)
Fanny COSANDEY (CRH, EHESS, France)
Diana PELAZ FLORES (Université de Santiago de Compostela, Espagne)
Elodie LECUPPRE-DESJARDIN (IRHiS, Université Lille 3, France)
Sylvène EDOUARD (LARHRA, Université Lyon 3, France)
Matthieu GELLARD (Centre Roland Mousnier, Sorbonne Université, France).