Appel à communications
L’écriture de soi dans l’œuvre d’Assia Djebar. Libération ou engagement ?
Colloque en ligne, les 22 et 23 septembre 2021
« J’ écris contre la mort, j’écris contre l’oubli…j’ écris dans l’espoir (dérisoire) de laisser une trace, une ombre, une griffure dans la poussière qui vole, dans le Sahara qui remonte….j’écris parce que l’enfermement des femmes, (…) est une mort lente, parce que l’isolement des femmes, analphabètes ou docteurs, est une mort lente, parce que la non-solidarité (présente) des femmes du monde arabe se fait dos tourné à un passé peut-être de silence, mais certainement pas d’entr’aide… » Assia DJEBAR
La littérature maghrébine d’expression française a réservé une place particulière au questionnement de Soi. Après l’indépendance, l’une des préoccupations les plus intrinsèques qui se posait avec acuité, pour ces pays du Maghreb à peine sortis du joug colonial, était celle du devenir identitaire, impliquant à la fois la collectivité et l’individu. L’écriture de Soi a donc connu un essor très remarquable du fait qu’elle remet en cause la relation du « Moi » profond de l’écrivain avec ce qui le compose et ce qui l’entoure. Mémoires, Autobiographie, Journal intime, Autofiction… se conjuguent désormais au pluriel, regroupant diverses formes d’écriture inséparables de l’auteur, mais plus que tout, de la notion d’individu. Il s’agit pour l’écrivain de dire qu’il existe mais également de dire quelle est sa place dans la société et dans l’Histoire collective. En effet, cette écriture vise à mettre en scène une tension violente entre deux entités psychiques: attester d’une identité et témoigner d’une altération. En ce sens, Christiane Chaulet-Achour affirme que dans l’acte scripturaire, les écrivains maghrébins empruntent tantôt la voie de l’autobiographie pour s’exprimer ouvertement, tantôt la fiction, en mêlant le réel à l’imagination pour se dissimuler derrière l’autofiction.
Inventée par Serge Doubrovsky, il y a quelques décennies, l’autofiction se présente comme un phénomène littéraire qui a donné à l'autobiographie traditionnelle un souffle moderne. Dans le paysage maghrébin, et parmi les écrivaines qui se sont essayées à l'autofiction, notre attention s’est portée sur Assia Djebar, l’une des écrivaines algériennes d’expression française, la plus appréciée au niveau mondial. Son œuvre aux multiples facettes est intensivement liée à la réalité de son pays, l’Algérie, à son identité de femme ainsi qu’à la rencontre culturelle et historique avec le pays du colonisateur. S'intéresser à Assia Djebar, c'est aussi partir à la découverte d'une femme écrivain méditerranéenne exceptionnelle, dont la production littéraire se trouve parsemée de fragments socio-historiques mais surtout autobiographiques. Ainsi, le désir de retracer son parcours personnel s’est toujours traduit dans son œuvre littéraire afin de recoller les morceaux d'une identité déchirée entre deux cultures et retrouver un « je » perdu entre deux mondes, deux civilisations et des langues diverses. Dans son œuvre, Djebar témoigne des problèmes psychologiques liés à un sentiment de refus social et culturel, tout cela sous la forme d'un monologue intérieur. Elle décrit la recherche permanente et confuse de son identité, ainsi esquisse-t-elle le portrait de la société algérienne, de la condition de la femme dans cette société et traite de la problématique du métissage.
À cet effet, Djebar a-t-elle écrit toute sa vie dans cet idéal d’objectivité ?Pouvons-nous nier le rapport étroit existant entre la vie et l’œuvre d’Assia Djebar ?A-t-elle raconté dans un mécanisme ordonné sa vie ou a-t-elle plutôt restitué son passé dans un chaos qui laisse s’installer la rêverie et l’imagination ? Est-ce que toute écriture, dans le sens où elle est réveillée par un Moi, n’est pas irrémissiblement autobiographique ? Quelle relation existe-t-il entrele devoir de vérité et le dévoilement de son identité ?
En hommage à Assia Djebar, nous organisons ce colloque virtuel international dans lequel nous tenterons non seulement de cerner la particularité de son Ecriture de Soi, mais aussi de mettre l’accent sur la richesse de ses formes scripturaires plaçant le « Moi » au cœur des textes djebariens. Il est souhaitable que les communications s’inscrivent dans cette problématique qui peut se décliner en axes divers, nullement exhaustifs, s’articulant essentiellement autour du rapport de l’œuvre d’Assia Djebar aux axes suivants :
Axe 1 : L’œuvre djebarienne entre autobiographie et autofiction.
Axe 2 : Écriture au féminin et hybridité.
Axe 3 : L’écriture de Soi en contexte religieux.
Axe 4 : Ecriture du Corps /Ecriture de l’Autre.
Axe 5 : Mémoire individuelle/ Mémoire collective.
Axe 6 : Partage de soi et (re)construction d’identités.
Consignes et format des interventions
Pour une proposition de communication :
• Un court résumé (300 à 500 mots) ;
• 5 mots clés et une bibliographie sélective ;
• La durée de communication est de 20 minutes, 30 minutes d’échanges seront consacrées à la fin de chaque session.
Langues d’intervention : Arabe, Français, Anglais.
Les propositions de communication sont à envoyer sous la forme suivante : Prénom et nom de l’intervenant(e) / Grade et université de rattachement / Adresse électronique /Intitulé de la proposition / Axe choisi.
Calendrier et organisation générale
• La date limite d’envoi des résumés d’intervention est fixée au 5 juillet 2021.
Les résumés doivent nous parvenir à l’adresse suivante : larslam.publication@gmail.com
Le comité scientifique procédera à une évaluation de ces propositions en double aveugle et informera les auteurs des décisions le : 15 juillet 2021
• Réception des communications complètes le : 1 septembre 2021
• Envoi des invitations, liens d’accès et programme final à partir du : 6 septembre 2021
• Le colloque se tiendra les 22 et 23 septembre 2021
• Publication des actes du colloque le : 21 décembre 2022
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Bibliographie indicative
ALLAMI, Noria, Voilées, dévoilées. Etre femme dans le monde arabe. Paris, éd. L’Harmattan, 1988.
BONN, Charles, Le Roman algérien de langue française. Paris: L’Harmattan, 1985. BOUSTANI, Carmen, Effets du féminin, variations narratives francophones. Paris, Karthala, 2003.
CALLE-GRUBER, Mireille, Assia Djebar, Nomade entre les murs… . Paris, Maisonneuve & Larose, 2005.
CHAULET-ACHOUR Christiane , Noun, Algériennes dans l’écriture. Editions Séguier, Coll. Les colonnes d’Hercule, 1999.
CHIKHI, Beida, Assia Djebar, Histoires et fantaisies. Paris, PUPS, 2007.
COLONNA, Vincent, Autofiction & Autres mythomanies littéraires. Tristam, 2004.
DEJEUX, Jean, Littérature féminine au Maghreb. Khartala, 1994.
KRISTEVA, Julia, Etrangers à nous-mêmes. Paris, Gallimard (Coll. « Folio/Essais »), 1988.
LAING, Ronald David, Soi et les autres. Paris, Gallimard, 1971.
LARONDE, Michel, Immigration et Identité. Paris, L’Harmattan, 1993.
LEJEUNE, Philippe, L’Autobiographie en France. Paris : Armand Colin, 1971.
LEJEUNE, Philippe, Le pacte autobiographique. Seuil, 1975. MOURA, Jean-Marc, Littératures francophones et théorie postcoloniale. Paris, Coll. «Écritures francophones» : Presses Universitaires de France, 1999.
NISBET, Anne-Marie, Le personnage féminin dans le roman maghrébin de langue française. Des indépendances à 1980: représentations et fonctions. Sherbrooke, Québec: Naaman, 1982.
TOUZIN, Marie-Madeleine, L’écriture autobiographique. Paris : Bertrand Lacoste. 1993, (Coll. Parcours de lecture).
ZANND, Traki, Symboliques corporelles et espaces musulmans. Tunis: Cèrès, 1984
Membres du comité de coordination :
Afaf MAJIT
Yasmine FERTAHI
Membres du comité d’organisation :
Afaf MAJIT
Adil EL MADHI
Ismail ALAOUI MADANI
Yassmine FERTAHI
Doctorants LARSLAM
Membres du comité scientifique :
Abdeljalil EL IDRISSI, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Ibn Zohr, Agadir-MAROC.
Abdelamjid AZOUINE, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Mohammed V, Rabat- MAROC.
Abdellah BERRIMI , Faculté Polydisciplinaire Errachida, Université Moulay Ismail, MeknèsMAROC.
Abla HOUICHI, Faculté des Lettres et des Langues, Université Mohammed Boudiaf, M’silaALGÉRIE.
Adil El MADHI, École Supérieure de l’Éducation et de la Formation, Université Ibn Zohr Agadir-MAROC.
Afaf MAJIT, Faculté des langues, des arts et des sciences humaines, Université Ibn Zohr, Agadir-MAROC.
Azelarab TOUDA, Faculté de Lettres et des Sciences Humaines, Université Ibn Zohr, AgadirMAROC.
Fatima BENSAID, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Ibn Zohr, Agadir-MAROC.
Hassan BLEGRA, Centre de Formation des Inspecteurs de l’Enseignement, Rabat-MAROC.
Hayssam KOTOB , Université Libanaise, Beyrouth-LIBAN .
Ismail ALAOUI MADANI, Faculté de Lettres et Sciences Humaines, Université Ibn Zohr, Agadir-MAROC.
Mohamed EZZAROUALI, Centre de Formation des Inspecteurs de l’Enseignement, RabatMAROC.
Mohamed LAHLOU, Faculté de Lettres et des Sciences Humaines, Université Cadi Ayad, Marrakech-MAROC.
Nadia BIROUK, Faculté des lettres et des sciences humaines Ain Chock, Université Hassan II, Casablanca-MAROC.
Najiba REGAIEG , Faculté des lettres et des sciences humaines, Université de Sousse, TUNISIE.
Olivier SAUVAGE, Enseignant chercheur à l’Université Catholique de Lyon et chercheur associé à l’Université Toulouse II-Jean-Jaures- FRANCE.
Omar El BALAOUI , Faculté des lettres et des sciences humaines, Ben M’sik, Université Hassan II, Casablanca-MAROC.
Rachid DZIRI, Faculté des lettres et des sciences humaines, Université Mohammed 1er,Oujda-MAROC.
Rahma BARBARA, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, Fès-MAROC.
Randa NABOULSSI, Université libanaise, Beyrouth-LIBAN.
Yassmine FERTAHI, École Supérieure de l’Éducation et de la Formation, Université Ibn Zohr, Agadir-MAROC.
Youssef ABOUDI, École Nationale de Commerce et de Gestion , Université Ibn Zohr, Agadir-MAROC.