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"Éloge de la fuite et du vivant. Sur Les Futurs d'Alain Damasio", par Anne Coudreuse (nonfiction.fr)

Publié le par Université de Lausanne

"Éloge de la fuite et du vivant", par Anne Coudreuse

en ligne sur nonfiction.fr le 10 avril 2021

 

Après La Zone du dehors (1999), et surtout La Horde du Contrevent (2004, Grand Prix de l’Imaginaire 2006), Alain Damasio a fait patienter son public quinze ans avant de publier Les Furtifs (2019), roman dans lequel il imagine la France de 2041. Il s’agit d’un roman d’anticipation dystopique, d’autant plus effrayant que l’univers qu’il décrit est plausible, très proche du nôtre ou de ce qu’il pourrait devenir. La France a privatisé ses métropoles, abandonnées par l’État, comme l’éducation, et rachetées par des entreprises portées sur la surveillance généralisée. La capitale est devenue « Paris-LVMH », Nestlé a racheté Lyon devenu NestLyon et Orange a pu garder son nom, qui est aussi celui de l’opérateur téléphonique qui la contrôle. C’est dans cette cité que débute l’histoire. Lorca Varèse, dont on apprendra qu’il était sociologue pour communes autogérées, et sa femme Sahar, « proferrante » dans la rue pour les enfants que l’Éducation Nationale, en faillite, a abandonnés, se sont séparés à la suite de la disparition mystérieuse de leur fille unique de quatre ans, Tishka, volatilisée un matin inexplicablement. Sahar prend Lorca pour un grand schizophrène, car il est convaincu que leur fille est partie avec les furtifs, ces êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet aussi bien pierre et déchet qu’animal ou plante pour alimenter leurs métamorphoses incessantes. Ils circulent parmi nous, dans les angles morts de la vision humaine. Les voir, c’est les tuer : ils se transforment alors en céramiques qui ne révèlent rien de leur nature et sont inanalysables par les moyens même les plus puissants de la science ; c’est un ultime moyen d’autodéfense car ils n’attaquent jamais les humains. Le roman commence quand Lorca intègre une unité clandestine de l’armée (le RECIF) chargée de chasser ces animaux extraordinaires. […]

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