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Online/Offline. Nouvelles stratégies curatoriales pour œuvres numériques (revue Dēmēter – Théories & pratiques artistiques contemporaines)

Online/Offline. Nouvelles stratégies curatoriales pour œuvres numériques (revue Dēmēter – Théories & pratiques artistiques contemporaines)

Publié le par Université de Lausanne (Source : https://demeter.univ-lille.fr/)

Déméter est une revue scientifique interdisciplinaire à comité de lecture. La revue, semestrielle, privilégie le dialogue entre les arts (arts plastiques, cinéma, théâtre, danse, musique), ainsi qu’avec les sciences humaines en général (philosophie, histoire, sociologie, anthropologie). La revue est vouée à réfléchir les articulations entre théorie et pratique (pratique artistique ou pratique de l’analyse), entre discours scientifiques et gestes créateurs, entre savoir et imagination.

https://demeter.univ-lille.fr/

Online/Offline. Nouvelles stratégies curatoriales pour œuvres numériques

Dēmēter – Théories & pratiques artistiques contemporaines

# 10 été 2023

Mots clés

Arts numériques, muséographie, nouveaux médias, réseaux sociaux, théories de l’exposition, curation d’oeuvres d’art, commissariat d’exposition, matérialité de l’art numérique.


Cette publication entend interroger les nouvelles stratégies curatoriales relatives aux œuvres d’art numérique. Ces stratégies curatoriales concernent aussi bien l’espace physique de l'institution muséale que les plateformes d’exposition en ligne, au sein même des écrans. Cette publication s’intéresse donc à la fois aux espaces physiques et numériques et à la porosité qui existe entre les deux. Elle fait suite à la journée d’étude « De l’espace numérique à l’espace de la galerie : Stratégies curatoriales pour l’art numérique et post-digital » qui a eu lieu le 18 novembre 2021 à la Maison Européenne des Sciences de l'Homme et de la Société de Lille (http://galeriecommune.com/journee-detude-de-lespace-numerique-a-lespace-de-la-galerie/).

Par art numérique, nous entendons les projets artistiques qui font usage de manière créative et critique de technologies telles que la programmation algorithmique, la réalité virtuelle ou augmentée, la robotique, l’utilisation des datas et les nouvelles formes d’apparition de l’image. Dans un monde où les outils numériques sont une condition structurante de la vie en société et de toute production culturelle (Stalder 2016), l'art numérique est un outil puissant pour comprendre notre temps présent et notre avenir (Ertan 2016, p.4-5). Il peut offrir des approches et des récits alternatifs aux utilisations dominantes de la technologie, hautement influencées par le capitalisme mondialisé. L'institution artistique peut être un lieu unique permettant de réfléchir à l'influence prédominante des dispositifs technologiques sur nos vies et nos processus de pensée. Les œuvres d’art numérique spécifiques qui nous intéressent dans le cadre de ce projet de publication questionnent les modalités de mise en exposition d'œuvres d’art au sein même des institutions (Cook et Graham 2012).

De nouvelles modalités de mise en exposition ont été expérimentées pour ces œuvres d’art aussi bien en ligne que dans les espaces physiques d’exposition. Malgré le fait que ces œuvres occupent maintenant une place importante dans le monde de l’art contemporain et peuvent se prévaloir d’une certaine historicité (Paul 2016), rares sont les travaux de recherche portant sur la façon dont l’art numérique nous incite à re-penser l’exposition et en particulier sur la manière dont ces œuvres et pratiques peuvent ouvrir des possibilités inédites pour celui-ci (Dekker 2021).

Les bouleversements opérés par le numérique transforment les modalités de production et d’exposition des œuvres. Plutôt que présenter l’aboutissement d’un processus créatif, l’exposition montre un prototype, une version temporaire d’une œuvre qui reste maniable. La matérialité instable de l'œuvre provoque des évolutions qui vont parfois au-delà de ce qui était imaginé par l’artiste et crée de nouvelles relations avec le temps et l’espace de l’exposition. L’exposition d'œuvres d’art numérique suscite également de nouvelles pratiques de collaboration avec des scientifiques, programmeurs, artistes, institutions et spectateurs, parfois avec des robots ou des intelligences artificielles, et cela non seulement durant la phase de production, mais également tout au long de la vie des œuvres. Ces collaborations rendent flottantes et perméables les définitions et les rôles de l’artiste et de l’œuvre, les rôles du commissaire d’exposition, de l’institution artistique et ceux du spectateur.

Quant aux réseaux sociaux, ils offrent à chacun la possibilité de s’exposer et d’exposer son travail. Ces nouvelles plateformes de visibilité, utilisées tant par les artistes que par l’institution muséale, se développent en empruntant une terminologie issue de la scène culturelle  : exposition en ligne, espace, curateur de contenus, objets numériques, galerie sur Instagram, etc. Parallèlement, les processus, les images et les objets qui relèvent du numérique investissent l’espace physique de l’institution muséale non seulement par les écrans, les installations interactives, les projections, les objets robotisés et les nouveaux environnements virtuels ou augmentés, mais aussi par la mutation d’images et processus numériques en objets physiques1. Numérique et physique deviennent donc perméables, aussi bien au niveau de la matérialité des œuvres qu’au niveau de la spatialité des expositions.

L'objectif de cette publication collective est d'examiner comment les œuvres d'art utilisant les technologies numériques ont transformé notre façon de penser et de réaliser des expositions, tant sur le plan pratique que théorique. Quelles sont les nouvelles stratégies curatoriales qui ont émergé s’appuyant sur l’interactivité, la variabilité, la matérialité technique des œuvres ? Quelles sont les nouvelles formes d’exposition des œuvres d’art en ligne et quelles sont leurs répercussions sur l’espace physique et sur ses processus ? Enfin, comment les usages du numérique, de ses algorithmes, de ses programmations, de ces assemblages complexes de composants, comme dans le cas de formes robotisées interactives, obligent l’artiste à multiplier les collaborations, dans un processus qui demande aux théoriciens de repenser les rôles qui président à l’émergence d’une œuvre ?

Ce numéro sera composé au choix d'articles théoriques, d’études de cas portant sur des expositions en particulier, ou sur des œuvres. Il est également ouvert aux entretiens avec des artistes, des curateurs ou des conservateurs concernant l’exposition de ces œuvres d’art.

Ce numéro est coordonné par Carlijn Juste, doctorante en Histoire de l’art (University of Groningen, ICOG) et en Arts Plastiques (Université de Lille, ULR CEAC 3587) et  Nathalie Stefanov, docteure en Arts Plastiques, professeure d'enseignement artistique à l' École supérieure d'art Dunkerque/ Tourcoing, chercheuse associée au Centre d’Etude des Arts Contemporains (CEAC. EA 3587), Université de Lille, membre de l’Association Internationale des Critiques d’Art (AICA Belgium).

Axes thématiques

  • Les nouvelles modalités d’exposition des œuvres numériques dans l’espace physique de l’institution muséale :

  • Matérialité et immatérialité des œuvres d’art numérique et leur déploiement variable dans l’espace de l’exposition

  • Étude des formes de collaboration de l’artiste et de l’institution avec d’autres professions (programmateurs, ingénieurs, techniciens, etc.)

  • Description des rôles et statuts de commissaires d’exposition, d’artistes, de restaurateurs ou de spectateurs.

  • Étude des nouvelles formes d’exposition en ligne :

  • Nouveaux régimes de visibilité des œuvres et des expositions par le biais des réseaux sociaux

  • Réflexion sur les différentes plateformes d’exposition : usages des réseaux sociaux et des sites web

  • Porosité entreespaces physiques de l’exposition et espaces numériques

  • Étude d’œuvres qui migrent entre espace physique et espace numérique

  • Réflexions sur les liens multiples qui existent entre exposition en ligne et hors ligne

  • Repenser l'exposition d’œuvres d’art historiques dans l’espace physique à l’ère du tout numérique

Soumission des contributions

Les propositions de contribution doivent être soumises sous forme de résumé de 5000 signes au comité de rédaction avant le 15 octobre 2022. Le résumé devra contenir le titre, le nom et le prénom de l’auteur, l’organisme de rattachement et une liste de mots-clés. Les propositions accompagnées d’une courte présentation biobibliographique de l’auteur doivent être envoyées à l’adresse carlijn.groot-bramel@univ-lille.fr.

Les auteurs dont la proposition aura été acceptée devront adresser leur article d’environ 35 000 signes aux coordinateurs pour le 15 février 2023 dernier délai. Les auteurs sont priés de mettre en œuvre les normes de présentation et de mise en forme de la revue. Deux sélections seront opérées une fois les textes intégraux reçus : une première, par les responsables de numéro ; une seconde par deux experts anonymes.

Bibliographie indicative

Ron Burnett, Edward A. Shanken, Felice C. Frankel, et.al., MediaArtHistories. Cambridge, Mass., MIT Press, 2007.

Mauro Carbone, Anna Caterina Dalmasso, Jacopo Bodini, Vivre par(mi) les écrans, les presses du réel, Paris, 2016.

Miguel Carvalhais, Art and Computation, Rotterdam, V2_Publishing, 2022.

Sarah Cook, “On Curating New Media Art”, dans Preserving and Exhibiting Media Art: Challenges and Perspectives, Julia Noordegraaf, Vinzenz Hediger, Barbara Le Maitre, et Cosetta G. Saba (dir.), Amsterdam, Amsterdam University Press, 2013.

Sarah Cook et Beryl Graham, Rethinking Curation: Art After New Media, Cambridge, Mass., MIT Press, 2010.

Annet Dekker, Curating Digital Art: From Presenting and Collecting Digital Art to Networked Co-curation, 1er édition, Amsterdam, Valiz, 2021.

Steve Dietz, “Collecting New-Media Art: Just Like Anything Else, Only Different”, dans Collecting the New: Museums and Contemporary Art, Bruce Altshuler (dir.) Princeton, New York, Princeton University Press, 2005.

Jean-Paul Fourmentraux, Artistes de laboratoire, Hermann Éditeurs, Paris, 2011.

Fournier, Thierry, J. Emil Sennewald et Pauline Gourlet, “Recherche Par l’exposition et Condition Post-Numérique”, Revue Proteus, juillet 2016, 10 Le commissariat comme forme de recherche edition.

Beryl Graham (dir.), New Collecting: Exhibiting and Audiences after New Media Art, London, New York, Routledge Taylor&Francis Group, 2016.

Oliver Grau, MediaArtHistories, Cambridge, Mass., MIT Press, 2010.

Melissa Gronlund, Contemporary Art and Digital Culture, 1 edition, London, New York, Routledge Taylor&Francis Group, 2016.

Katja Kwastek, Aesthetics of Interaction in Digital Art. Cambridge, Mass., MIT Press, 2013.

Katja Kwastek, “Wir Sind Nie Digital Gewesen. Postdigitale Kunst Als Kritik Des Binären Denkens”, Kunstforum International 252 (octobre 2016), pp. 82–93.

Christiane Paul, A Companion to Digital Art, Malden, MA, John Wiley & Sons Inc, 2016.

Christiane Paul, “Genealogies of the Digital: A Post-Critique” dans Histories of the Post Digital, Ekmel Ertan, Akbank Sanat (dir.), Istanbul, 2016.

Christiane Paul, New Media in the White Cube and Beyond: Curatorial Models for Digital Art, Berkeley, CA, University of California Press, 2008.

Richard Rinehart et Jon Ippolito, Re-Collection: Art, New Media, and Social Memory, Cambridge, Mass., MIT Press, 2014.

Mathilde Roman et Chantal Pontbriand, Habiter l’exposition: L’artiste et la scénographie, Paris, Manuella Éditions, 2020.

Arnaud Sompairac et Serge Chaumier, Espaces scénographiques: L’exposition comme expérience critique et sensible, édition illustrée, Genève, Métis Presses, 2020.

Felix Stalder, The Digital Condition, traduit par Valentine A. Pakis, Cambridge, UK ; Medford, MA, Polity Press, 2017.



1 Plusieurs termes ont été proposés pour désigner cette corrélation entre objet numérique et objet physique. Post-Digital et Post-Internet décrivent des pratiques artistiques qui sont profondément informées par des processus numériques, mais se présentent avec une matérialité physique comme la peinture, la sculpture ou la photographie. The New Aesthetic est un terme utilisé par James Bridel en 2012 pour décrire l'apparition croissante du langage visuel de la technologie numérique et de l'Internet dans le monde physique et le mélange du virtuel et du physique. Christiane Paul tente de décrire l'intégration du numérique dans les objets, les images et les structures que nous rencontrons quotidiennement, ainsi que la manière dont nous nous comprenons par rapport à eux avec le terme Neomateriality.