Atelier

Penser la fiction à partir de sa distinction d'avec la diction (et non seulement d'avec la non-fiction), ce n'est pas la penser à partir de la question de la référence, du statut des énoncés fictionnels ou des actes fictifs, c'est penser la fiction comme un discours qui se constitue sur le critère de son objet, par opposition à tout un autre pan de la littérature qui se constitue sur le critère du style. Gérard Genette a proposé de configurer l'espace de la littérarité selon deux couples théoriques : fiction/diction, constitution/condition. Il existe deux façons pour un texte d'être un objet littéraire : par fiction ou par diction. Par fiction, c'est-à-dire par un effet de thème, par la nature de sa matière ; par diction, c'est-à-dire par un effet de style et d'évaluation de ce style. Il existe deux régimes de littérarité pour un texte : la constitutivité, la conditionnalité; le régime constitutif est « garanti par un complexe d'intentions, de conventions génériques de traditions culturelles de toutes sortes », le régime conditionnel « relève d'une appréciation esthétique subjective et toujours révocable ». Un texte peut être constitutivement littéraire parce qu'il et fictionnel, ou parce qu'il relève d'un genre poétique. Un texte n'est conditionnellement littéraire que s'il n'est ni fictionnel, ni poétique génériquement : la prose non fictionnelle. D'un côté du tableau, donc, le régime constitutif et le critère thématique : la fiction ; de l'autre, le critère rhématique qui embrasse un régime constitutif (la diction en poésie), et un régime conditionnel (la diction en prose non fictionnel. Trois entrées pour un tableau à quatre cases.



Marielle Macé

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Dernière mise à jour de cette page le 11 Novembre 2007 à 2h29.