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Journée Penser la poésie, organisée à Lyon (ENS-Lettres et Sciences Humaines) le 15 mars 2008 par Michèle Gally dans le cadre du GDR « Théories du poétique. XIVe-XVIe ».


Apprendre la poésie, ou contre quelques idées reçues sur les arts poétiques français de la Renaissance (résumé), par Jean-Charles Monferran.



Apprendre la poésie, ou contre quelques idées reçues sur les arts poétiques français de la Renaissance.

Les «arts poétiques» seront ici envisagés en un sens restreint: il s'agit d'un corpus d'ouvrages qui se désignent sous ce titre, s'inscrivent ainsi dans une tradition principalement horacienne, et sont liés par une forte intertextualité. Ils seront aussi envisagés dans la dynamique d'un dialogue entre XVIe et XXe siècle. Les «arts» ressortissent a priori de l'apprentissage et de l'enseignement et réfléchissent à la poésie pour la transmettre. Mais cette visée didactique n'est pas sans poser problème, et ce de façon aiguë au XVIe siècle: que peut-on enseigner de la poésie, et celle-ci, au fond, peut-elle être véritablement enseignée? Pour la plupart, les «arts» renaissants ne sont pas de simples manuels pour apprentis poètes et ne correspondent pas vraiment à des prêts à poétiser ou à des recettes de cuisine poétiques dont se moque Queneau.


1- Apprendre la poésie?

T. Sébillet compose le premier Art poétique français qui se démarque des «arts de seconde rhétorique», Sébillet cherchant à conférer une autonomie à la poésie. Cette autonomie relative va de pair avec une promotion de la poésie, laquelle ne se réduit pas à l'art de versifier. L'ouvrage est l'aboutissement en France d'un mouvement qui se dessine en Europe à partir du XVe siècle et qui voit apparaître des poétiques cherchant à concilier les thèses du furor et de la technè, formation intellectuelle et formation pratique (Fonzio, Vida, Vadianus). Aussi les auteurs d'arts se retrouvent-ils devant une difficulté: comment transmettre la poésie sans la faire s'évanouir, comment ne pas en rester à la «nue écorce» (Sébillet)? Dans son art poétique, Ronsard évacue le problème par une pirouette et se rabat finalement sur la technique, tandis que J. Peletier place cette tension au cœur de son art poétique. Quoique pris dans son souci d'enseigner, il cherche à favoriser aussi la liberté du poète et la licence qui lui est accordée. Son exposé répugne aux détails, cherche à voiler les préceptes. Pour lui, il ne faut ni contraindre le poète, ni contraindre la poésie. Ce modèle se fissure à la fin de la Renaissance: en 1610, Deimier rédige une somme prescriptive à vocation exhaustive, et on assiste par la suite à une résurgence des ouvrages strictement prosodiques. Le moment où l'on s'efforce de tenir ensemble pédagogie et inspiration est donc un moment circonscrit: «l'art poétique» est de fait un genre spécifique, historiquement marqué, lié à l'âge de «l'inspiration».


2- A qui apprendre la poésie?


Une des fonctions essentielles de ces arts reste la transmission à un jeune «apprentif», et cette transmission est d'abord d'ordre poétique. En revanche, à l'automne de la Renaissance, le destinataire évolue à l'image de l'art poétique lui-même devenant un art de bien parler et de bien juger (l'apprenti poète cède d'abord la place à un public de doctes qui s'intéresse autant à la langue qu'à la poésie, puis à un public mondain). Il reste que les arts renaissants en langue vulgaire doivent être distingués des programmes scolaires, la poésie française n'ayant jamais été enseignée à l'école: au contraire de bien des poétiques contemporaines écrites en latin, les arts poétiques français ne sont donc pas destinés à l'enseignement. Aussi, par delà le poète idéal à former, le poéticien s'adresse-t-il surtout à ses pairs et à tous les acteurs du champ littéraire, champ qu'il tente de circonscrire et d'évaluer. Il s'adresse parfois tout particulièrement aux Grands et au Prince, qui peuvent aider à modifier ce champ. Enfin, ces arts sont essentiellement l'œuvre de poètes qui font et pensent la poésie à la fois: ils sont de fait étroitement liés pour la plupart à une pratique personnelle, voire à un recueil précis et ils constituent comme des préfaces ou des commentaires de ceux-ci, devenant parfois des lieux même d'exercice de la poésie.

Les arts poétiques français de la Renaissance peuvent être considérés comme autant de retours du poète sur sa propre pratique ou autant de dialogues avec les pairs, mais aussi comme la production d'un texte nécessairement en conflit avec lui-même (la poésie ne pouvant se réduire à un art), ou l'espace d'un exercice même du poétique. A ces différents titres, ils peuvent se rapprocher de certains arts poétiques modernes et contemporains. Toutefois, comme l'a bien montré la discussion, un certain nombre de discours modernes sur la poésie se situent plutôt par rapport à celui, prescriptif, du XVIIe siècle (Malherbe et Boileau), et la publication de l'Art poétique de Peletier en 1886 dans l'hebdomadaire de Gustave Kahn, La Vogue, reste une exception.


Jean-Charles Monferran

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Jean-Charles Monferran

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Dernière mise à jour de cette page le 10 Juin 2008 à 20h50.

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