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"Violette Leduc, dernière page", par M. Brioude (en-attendant-nadeau.fr)

Publié le par Marc Escola

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"Violette Leduc, dernière page", par Mireille Brioude (en ligne le 21 octobre 2020).


Que révèle l’étude de l’excipit d’un manuscrit, comparé à celui de l’œuvre publiée ? Violette Leduc, morte en 1972, n’a pu achever le troisième tome de son autobiographie. Simone de Beauvoir se charge de publier La chasse à l’amour, qui paraîtra en 1973. Or Beauvoir se voit obligée d’alléger le manuscrit tout en respectant, tant que faire se peut, les révisions que l’autrice avait pu effectuer depuis sa maison du petit village vauclusien de Faucon, en vue de la publication prochaine.

Ainsi la surprenante disposition typographique qui présente une succession de « versets » et surtout la dernière phrase, un peu abrupte, ont-elles intrigué les connaisseurs de l’œuvre de Violette Leduc. Ces deux points mystérieux sont désormais éclaircis grâce à l’étude des dernières pages du manuscrit dans un ouvrage paru en 2019 : Violette Leduc. Genèse d’une œuvre censurée.

Longtemps incomplet, le manuscrit de La chasse à l’amour déposé à l’IMEC comprenait un épais dossier de feuillets, classés par les soins de la chercheuse Alex Hugues et intitulés « Feuillets ôtés ». Nous avons là la preuve tangible d’un élagage du manuscrit par Simone de Beauvoir avant sa publication définitive. Les cahiers de La chasse à l’amour présentent, quant à eux, un état antérieur à ces feuillets de format A4 destinés à la publication. En 2015, Sylvie Le Bon de Beauvoir dépose à l’IMEC l’ensemble des feuillets de La chasse à l’amour en sa possession : les chercheur-e-s peuvent alors compléter les vides dans la pagination initiale avec les feuillets coupés. Ajouté aux cahiers, cet ensemble constitue la totalité du fonds manuscrit de La chasse à l’amour. Or, le travail éditorial, posthume, de Simone de Beauvoir s’avère très bienveillant. L’œuvre publiée comporte environ 500 pages, soit un volume sensiblement équivalent aux deux tomes précédemment publiés : La bâtarde (Gallimard, 1964) et La folie en tête (Gallimard, 1971). Mais ce calibrage a nécessité d’importantes coupures malgré une relecture attentive et respectueuse, quoique finalement erronée, de la part de Simone de Beauvoir. Voici donc, en deux temps, les découvertes liées à l’étude de l’excipit : la conservation de la forme « cassée » des dernières pages originales sur Faucon et l’erreur de date commise – intentionnellement ou non – par Simone de Beauvoir. […]

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