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Traduire l’Avant-Garde en Poésie. Avant-Garde Poetry in Translation (Gand, Belgique)

Traduire l’Avant-Garde en Poésie. Avant-Garde Poetry in Translation (Gand, Belgique)

Publié le par Marc Escola (Source : Christina Bezari)

Traduire l’Avant-Garde en Poésie

Université de Gand

Département de traduction, d’interprétation et de communication

12 Mars 2020

Gand, Belgique

 

Depuis le début du XXe siècle, les avant-gardes poétiques ont créé une voie non conventionnelle qui résiste à la catégorisation et remet en question la culture dominante. Au fil des années, l’avant-garde a donné lieu à différentes approches : elle a ainsi été étudiée en tant que style poétique à part entière (Kramer 2009, 3), révolution esthétique (Erjavec 2015, 87), forme d’expérimentalisme littéraire (Chaitas 2017, 74) et même comme approche critique des formes artistiques qui lui sont contemporaines (Watkin 2001, 130). Au cours de notre journée d’étude, nous considérerons principalement les avant-gardes du début du XXe siècle – avec une attention particulière accordée aux esthétiques de l’entre-deux-guerres – et leur réactualisation au sortir de la Seconde Guerre mondiale à travers nombre de mouvements artistiques parfois rassemblés sous le terme de néo avant-gardes (Bürger 2013 [1974]).

Ces premiers commentaires nous poussent à nous interroger sur la possibilité de traduire les avant-gardes historiques et contemporaines, dans la mesure où leurs formes poétiques et leur volonté de rupture sont étroitement liées au contexte culturel, politique et social qui les a vus naître (par exemple, celui de l’après-guerre). La traduction, qui peut se comprendre comme « une mise à jour contextuelle du sens » (Le Blanc 2019, 59) soulève en effet le problème de la diachronicité de la lecture et de la pertinence des poétiques avant-gardistes hors de leur contexte originaire.

À rebours des interrogations sur la possibilité de traduire la poésie avant-gardiste, l’on peut aussi considérer les formes prises par la traduction (en tant que pratique) dès lors qu’elle s’opère au sein de l’avant-garde : les poètes brésiliens du Concrétisme, sous le patronage intellectuel d’Ezra Pound, ont par exemple développé une conception du traduire qui cherche à reproduire le système du texte originaire sans toutefois en respecter le sens (de Campos 2004).

Quelques années plus tard, en France, la revue littéraire Change (1968-1983) a placé la traduction au cœur de sa pratique transformationniste de l’écriture (Robel 1973). Sa conception du traduire correspondait au leitmotiv littéraire des années 1960-1970 où « les mots “ouverture”,  “extension” et tous les synonymes de “pluralité” et “multiplication” [faisaient] partie du discours critique » (Brisset 2006, 236). Loin des paradigmes communicationnels où la traduction se pense en termes de respect ou d’équivalence, le transformationnisme expérimente toutes les formes de traductions pourvu qu’elles ravivent l’expressivité du langage (ainsi des traductions mot à mot, traductions phonétiques, traductions-retour, traduction-extraction, etc.) : en témoigne le long poème Altazor de Vicente Huidobro (1931) dont la « transformation.s » réalisée par Gérard de Cortanze (1976) réactive le potentiel créationniste de son modèle. Par un effet de décentrement qui retrouve les motivations du texte originaire tout en se démarquant de ses formes, la traduction semble alors bel et bien contribuer à l’évolution des poétiques avant-gardistes.

Malgré sa tendance à remettre en question les formes poétiques traditionnelles, la poésie d’avant-garde occupe en traduction une place marginale (Lodge 1998), au sein d’un genre (la poésie) lui-même peu traduit par comparaison aux autres genres littéraires (Venuti 2011, 127). Cette journée d’étude sera par conséquent l’occasion de raviver l’intérêt pour la poésie d’avant-garde et considérer la façon dont la critique universitaire et les traducteur.rice.s prennent en charge les poétiques avant-gardistes. Les propositions d’interventions, aussi bien théoriques que pratiques, pourront s’élaborer autour des sujets suivants (liste non exhaustive) :

- La traduction des avant-gardes poétiques de l’entre-deux guerres (ex. Surréalisme, Dadaïsme, Expressionnisme, Futurisme) 

- La traduction des néo avant-gardes (ex. Expressionnisme abstrait, Pop art, Fluxus)

- La légitimité poétique du traducteur 

- Les difficultés théoriques et méthodologiques liées à la traduction de poésie avant-gardiste 

- La recontextualisation du projet poétique avant-gardiste en traduction

- Les poètes avant-gardistes traducteurs et les traductions avant-gardistes

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Quel que soit le stade de leur recherche, les cherch.eur.euse.s sont invité.e.s à envoyer leurs propositions en français ou en anglais (250-300 mots) pour le 15 janvier 2020 aux adresses suivantes : amaury.desart@ugent.be et christina.bezari@ugent.be. Une réponse sera envoyée avant la fin janvier.  

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Avant-garde Poetry in Translation

Since the 1920s avant-garde poetry has forged an unconventional path that resists categorization and questions mainstream culture. Over the years, the avant-garde has been viewed from different perspectives. It has been studied as a poetic style (Kramer 2009: 3), an aesthetic revolution (Erjavec 2015: 87), a process of experimentation (Chaitas 2017: 74), and a critique of art as it stands at the current time (Watkin 2001: 130). This conference invites us to reflect on the possibility of translating avant-garde poetry. Special focus is given to the aesthetics of the inter-war period and to the neo avant-garde poetry that emerged after the Second World War. By adopting a transnational approach to the study of the avant-garde, we encourage participants to focus on any language and linguistic tradition in and outside Europe.

Translation, which can be understood as “a contextual revision of meaning” (Le Blanc 2019: 59), raises questions regarding the timelessness of the literary work and the relevance of the avant-garde not only in its original socio-political context but also to this day. In examining the possibility of translating poetry, we can also consider the different forms that translation has taken within the context of the avant-garde. For instance, poets of the concretist movement in Brasil —under the influence of Ezra Pound, developed a conception of translation that seeks to reproduce the original text without, however, respecting its meaning (de Campos 2004).

In the 1960s, the French journal Change (1968-1983) qualified translation as a transformative practice (Robel 1973). During those years, translation was associated with the notions of “openness”, “extension”, “plurality”, and “multiplication”, that were part of the critical discourse of the time (Brisset 2006: 236). Those who embraced the movement of transformationnisme saw translation as a way to unearth the hidden potential of the original text and rejected translation as an act of communication or equivalence. As seen in Gérard de Cortanze’s “transformation” (1976) of Huidobro’s poem Altazor (1931), different types of translation are possible as long as they highlight the expressiveness of the language (e.g. word-for-word translations, phonetic translations, translation-extraction).

Despite its capacity to challenge the boundaries of poetic language and form, avant-garde poetry remains largely untranslated (Lodge 1998). Indeed, poetry translation attracts little attention and occupies a tenuous position in academic textbooks. As theoreticians have argued, poetry is “the least translated literary genre” (Venuti 2011: 127) and a “disinterested activity par excellence” (Bourdieu 1993: 51).

 

This conference opens up new lines of inquiry in the field of translation studies, by inviting participants to explore avant-garde poetry and experiment with different translation options. Theoretical reflections and/or practical case studies can focus on one (or more) of the following subjects:

 

- Translations of avant-garde poetry during the interwar period (e.g. Surrealism, Dada, Futurism, Expressionism etc.)

- Translations of neo avant-garde poets in post-war Europe (e.g. Abstract Expressionism, Pop Art, Nouveau Réalisme, Neo-Dada, Fluxus etc.)

- The poetic legitimacy of the translator

- Theoretical and/or methodological difficulties in poetry translation

- Recontextualization of avant-garde poetry in translation: social relevance and impact
- Avant-garde poets as translators

 

Scholars at any stage of their research are invited to submit their abstracts in English or French (250-300 words) until the 15th of January 2020. Submissions should be sent to the organizers via e-mail:  amaury.desart@ugent.be and christina.bezari@ugent.be. You will receive a response by the end of January.