Toutes les carrières universitaires
Entretien avec Pierre-Michel Menger
en ligne sur laviedesidees.fr, le 13 mars 2020
Enseignement et recherche sont-ils toujours complémentaires ? Quels sont les effets de la culture du projet et de la concurrence dans la recherche ? P.-M. Menger répond à ces questions à partir des travaux menés par son équipe de recherche sur le travail, l’emploi et les carrières universitaires.
Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire « Sociologie du travail créateur », Pierre-Michel Menger dirige le laboratoire de Recherche sur le travail, l’emploi et les carrières de l’enseignement supérieur et de la recherche.
La Vie des idées : Les rapports préalables à la LPPR mettent en question l’idée souvent défendue d’une complémentarité entre enseignement et recherche. Que montrent en la matière les trajectoires que vous avez étudiées dans l’enseignement supérieur ?
Pierre-Michel Menger : Précisons d’abord la répartition des emplois dans l’enseignement supérieur et la recherche en France. Les enseignants-chercheurs des universités ne constituent que moins de 60 % des effectifs : ce sont les seuls à devoir exercer statutairement deux tâches dont je vais montrer qu’elles ne sont complémentaires que sous certaines conditions assez restrictives. Sans évoquer ici les personnels d’appui à la recherche et les personnels administratifs, le système français d’ESR compte environ 19 % de chercheurs statutaires, dont la recherche est la seule mission officiellement inscrite dans leur statut d’emploi. Ils enseignent s’ils décident de le faire, mais ce sont des décisions et des arrangements qui ne relèvent pas d’une obligation de service, et ce sont généralement des enseignements en master et doctorat, là où la complémentarité est plus évidente et gratifiante. […]