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Le corps au théâtre (revue Théâtres du Monde)

Le corps au théâtre (revue Théâtres du Monde)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Maurice Abiteboul)

APPEL À CONTRIBUTIONS

N°33 DE LA REVUE THÉÂTRES DU MONDE

« Le corps au théâtre »

 
* La revue Théâtres du Monde est publiée annuellement depuis 1991 (32 numéros de 1991 à 2022), conformément aux statuts de l’Association de Recherches Internationales sur les Arts du Spectacle (ARIAS), association déclarée à la Préfecture de Vaucluse (publication au Journal Officiel de la République française du 11 décembre 1991).

L’objet de cette association est de « promouvoir toute activité ou manifestation à caractère pédagogique et scientifique sur le thème des arts du spectacle dans le monde » et de publier « des travaux de recherche liés à ses activités ou manifestations ».

Dans le cadre de cette association sont édités :
1) la revue annuelle Théâtres du Monde (32 numéros publiés de 1991 à 2022).
2) des ouvrages, dont la parution est irrégulière, dans le cadre de la collection Theatrum Mundi (six ouvrages publiés jusqu’ici, sur les théâtres anglais, espagnol et allemand).
3) des numéros hors-série (actes de colloques, hommages et témoignages, etc.) : cinq ont été publiés au cours des cinq dernières années.
 
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Le prochain numéro de la revue Théâtres du Monde (n°33, 2023), portera sur « Le corps au théâtre ».

Conformément au nom de la revue, toutes les époques et tous les types de théâtre peuvent être concernés. 

 
L’âme du théâtre, c’est son corps. (Henri Gouhier)
Le théâtre est corps. (Anne Ubersfeld)

Dans le premier volume de son célèbre triptyque Lire le théâtre, Anne Ubersfeld insiste sur la matérialité du théâtre et son ancrage dans le réel, celui du corps, de la parole et de la voix des comédiens. Elle ajoute : "La pratique théâtrale est « matérialiste » : ce qu’elle dit, c’est qu’il n’y a pas de pensée sans corps ; le théâtre est corps, et le corps est premier et demande à vivre, mais toute son activité est soumise à des conditions concrètes d’exercice, qui sont sociales. On peut être idéaliste quand on lit, moins aisément quand on est pris dans la pratique théâtrale. Le théâtre est corps : ce qu’il dit, c’est que les émotions sont nécessaires et vitales, et que lui – théâtre – travaille avec et pour les émotions : le tout est de savoir ce qu’il en fait (1).
En d’autres termes, le corps au théâtre, en qui se croisent le corps du comédien et celui du personnage qu’il incarne sur scène, fait directement le lien entre le réel et le fictionnel, êtres de papier et êtres de chair. L’écriture théâtrale se présente comme un espace à remplir, à pourvoir, à investir et à réinvestir sans cesse, appelé à prendre chair à travers le « corps conducteur » (2) (P. Pavis) du comédien. C’est donc bien ce corps qui sert de lien (et de liant) entre le texte de l’auteur, le travail du metteur en scène et la réception par le spectateur – et qui établit ainsi la transition entre l’univers de la fiction et le monde réel (3).  

Pour reprendre ici la terminologie de Patrice Pavis, on peut dire que le théâtre est progressivement passé, surtout depuis la fin du XIXe et le début du XXe siècle, du corps « relais » de la création théâtrale (un corps alors asservi à un sens psychologique, intellectuel ou moral) au corps « matériau » (4), devenu sujet autoréférentiel, c’est-à-dire ne renvoyant à rien d’autre qu’à lui-même. Il est patent que la tendance prédominante aujourd’hui dans la mise en scène, en particulier dans le théâtre expérimental et/ou postdramatique, est celle du « corps-matériau », raison pour laquelle les metteurs en scène privilégient désormais la recherche d’un langage corporel (Artaud, Meyerhold, Decroux, Brook, Grotowski, etc.) affranchi de l’emprise textuelle et psychologique. Les metteurs en scène s’appliquent dès lors à exploiter au maximum les ressources et potentialités du corps, entre exaltation de sa puissance d’une part et mises en exergue de ses faiblesses d’autre part. De nombreux dramaturges contemporains nous montrent que plus le corps est meurtri, dégradé, voire démembré, mutilé, amputé, mis en pièces et réifié – renouant avec ce corps pesteux du théâtre que réclamait Artaud –, plus il semble s’imposer sur scène.

Qu’en est-il, enfin, du corps du spectateur, pris dans une relation dialectique de coprésence avec le corps de l’acteur ? Nous avons certes là affaire à un face-à-face et non à un corps à corps, mais c’est bien de corps qu’il s’agit des deux côtés de la frontière.

(1) Anne Ubersfeld, Lire le théâtre I, Paris, Belin, 1996, p. 224.         
(2) Patrice Pavis, Dictionnaire du théâtre, Paris, Armand Colin, 2006, p. 71.         
(3) Cf. Aurore Chestier, « Du corps au théâtre au théâtre-corps », Corps 2007/1 (n° 2), p. 105-110.         
(4) Patrice Pavis, op. cit., p. 70.          

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Les propositions devront parvenir au plus tard le 30 juin, pour une réponse dans les deux ou trois semaines qui suivront, et doivent être adressées à la fois à Maurice Abiteboul (maurice.abiteboul1@orange.fr) et à Marc Lacheny (marc.lacheny@univ-lorraine.fr). 

La date limite de remise des articles, dans la mesure où la proposition aura été acceptée, est fixée au 30 décembre 2022, et la publication de ce numéro prévue pour le courant du deuxième trimestre 2023.