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Subversion : une pensée de la répétition critique (Rennes)

Subversion : une pensée de la répétition critique (Rennes)

Publié le par Marc Escola (Source : Laurence Perron)

Subversion : une pensée de la répétition critique

Appel à communication
Journée d’étude de l’association Ad Hoc
Mercredi 15 avril 2020, Université Rennes II

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Dans un sens général et dans le langage courant, le terme de subversion renvoie plutôt largement à l’“action de bouleverser, de détruire les institutions, les principes, de renverser l'ordre établi.” (Benjamin Constant, Principes de politique applicables à tous les gouvernements représentatifs, 1815, p. 124). Des usages pamphlétaires qu’en ont fait les avant-gardes du XXe à sa fétichisation par les fervents défenseurs de la startup nation, c’est tout une virtualité de réalités qu’a su recouvrir ce mot désormais relativement galvaudé. Partageant l'univers sémantique de concepts tels que le renversement, la révolte ou la révolution, le terme acquiert cependant une portée particulière depuis l’emploi auquel il a été destiné dans le cadre des théories queer

Pour Judith Butler, en effet, la subversion s’insère dans une structure théorique précise et renvoie, dans ce cadre, à un type de procédés spécifique. Il s’agit d’«un ensemble de pratiques parodiques fondées sur une théorie performative des actes de genre, des pratiques qui sèment le trouble dans les catégories de corps, de sexe, de genre et de sexualité, et qui amorcent un processus subversif de resignification et de prolifération du sens débordant du cadre strictement binaire. » (Butler, Trouble dans le Genre, 1990, p. 56) Subvertir, c’est révéler en les mettant à profit ces “répétitions d’actes stylisées” que sont les codes genrés pour en questionner l’essentialisation ; plus largement, c’est refuser la matrice binaire sur laquelle se fondent des pratiques discursives qui naturalisent des comportements culturels. 

Ainsi, de manière générale, une posture subversive “implique plutôt de chercher à comprendre les enjeux politiques qu'il y a à désigner ces catégories de l’identité comme si elles étaient leurs propres origine et cause alors qu’elles sont en fait les effets d'institutions, de pratiques, de discours provenant de lieux multiples et diffus. » (53) C’est donc moins les contenus idéologiques du discours que toute la causalité de ce que nos épistémologies (au sens foucaldien) rendent possibles que met en péril la posture subversive.

Si une telle notion prend légitimement naissance dans un discours queer de revendication sociale et politique, nous pensons que l’utilité du concept de subversion déborde largement de ce domaine d’applicabilité premier, et peut nous autoriser à réfléchir plus largement sur ce que Butler appelle la “grammaire” (48) qui nous rend accessibles les uns aux autres. Comment employer cette grammaire pour créer des “matrices concurrentes” et produire, au sein même de ces systèmes régulateurs, de nouvelles intelligibilités ? 

Cette journée d’étude voudrait inviter les participants à réfléchir aux potentialités transformatrices de la notion de subversion butlérienne, et ce en l’appliquant aux objets les plus divers possibles. Si la subversion est la remise en question d’un modèle ou d’une posture qui en questionne la pertinence, on peut se demander quels sont les “modes répétitifs qui ne consistent pas purement et simplement en une imitation, une reproduction, et qui ne reviennent donc pas à consolider la loi”, mais aussi “comment certaines répétitions parodiques sont vraiment perturbantes, sèment réellement le trouble, et lesquelles finissent par être domestiquées et circuler de nouveau comme des instruments de la domination culturelle.” 

Plus largement et très librement, il s’agira par conséquent de comprendre la subversion comme une pensée de la répétition critique : comment certaines pratiques (littéraires, éditoriales, artistiques, curatoriales, etc.) mettent elles à l’emploi le geste de répétition pour produire un discours critique, éthique, politique ? Quelle est la portée sémiotique et culturelle de la variation par rapport à un modèle dominant ? Comment des notions et des phénomènes telles que l’intertextualité, le pastiche, la reprise, la performance peuvent-ils être repensés à l’aune du concept de subversion ? 

Modalités de soumission et de participation : 

L’événement se tiendra à Rennes le 15 avril 2020. Les communications devront être inédites et en français. La durée variera entre 15 et 20 minutes en fonction du nombre de propositions retenues.

Les propositions de communication (titre et résumé de 250 mots, avec une courte bio-bibliographie (mentionnant l'université d’attache, le sujet des recherches et les publications, s’il y a lieu) devront être envoyées avant le 9 mars à l’adresse suivante : asso.adhoc@gmail.com.

Merci d’indiquer en objet : Nom, prénom, titre de la proposition.

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Comité organisateur :

Zelda Chesneau
Laurence Perron
Marianne di Benedetto 
Adrien Ordonneau