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Shakespeare, films et textes : théorie française et réception critique (Shakespeare en devenir, n° 15)

Shakespeare, films et textes : théorie française et réception critique (Shakespeare en devenir, n° 15)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Pascale Drouet (Université de Poitiers))

Shakespeare en devenir, n° 15

dir. Anne-Marie Costantini-Cornède (PRISMES - Paris 3 Sorbonne-Nouvelle)

et Pascale Drouet (Université de Poitiers, CESCM) :

"Shakespeare, films et textes : théorie française et réception critique"

 

Ce numéro souhaite explorer l’impact de la théorie critique française – Bazin, Aumont, Bergala, Marie, Vernet, Deleuze, Metz, sur les textes et les adaptations filmées des pièces de Shakespeare. Les concepts de ces théoriciens sont de plus en plus traduits et utilisés par les chercheurs au plan international, au même titre que ceux des philosophes Derrida et Foucault, dans le cadre non seulement d’études cinématographiques, mais également d’études dramaturgiques ou textuelles. Ce numéro souhaite privilégier deux axes : l’aspect théorique, et la question de la réception.

Analyser un film revient à explorer des domaines aussi variés que l’histoire, la philosophie, l’histoire des idées, la sociologie, la psychanalyse ou l’esthétique. Il ne peut, en effet, exister d’approche unilatérale dès lors que chaque réalisateur s’attache à construire son propre univers diégétique, selon son interprétation personnelle des thématiques à l’œuvre, et dès lors que chaque film s’appuie sur ses systèmes opératoires internes, également liés au genre (tragédie, histoire, comédie, romance).

Pourraient être envisagées les questions du réalisme et de la vraisemblance, ou du cinéma de la transparence (Bazin, Qu’est-ce que le cinéma ? Aumont, Bergala, Marie et Vernet, Esthétique du film), les questions de narrativité filmique et d’identification (Metz, Aumont et al., Jost et Gaudreault ou Vanoye), les codes filmiques hollywoodiens (Deleuze et « l’image-mouvement »), les techniques pictorialistes (Bonitzer) ou encore les figures d’abstraction ou figures oniriques qui définissent un cinéma symbolique ou conceptuel (Deleuze et « l’image-temps » ou « l’image-pensée », les espaces « déterritorialisés », le brouillage des limites entre le réel et l’imaginaire).

Il s’agira de voir comment ces concepts permettent à la fois de mieux cerner les enjeux idéologiques et esthétiques des pièces initiales  et d’ouvrir de nouveaux champs d’investigation ; il s’agira de comprendre en quoi leur utilisation différenciée permet de définir le style de l’« auteur-cinéaste » et de mettre en évidence une large gamme de tendances, depuis un cinéma résolument réaliste et narratif, moins transparent et symbolique, vers un cinéma-pensée abstrait, conceptuel ou post-moderne, à partir de micro-analyses textuelles, d’études contrastives ou d’exemples tirés de films inspirés du théâtre shakespearien : les « classiques » (Olivier, Welles, Kozintsev), les modernisations (Loncraine, Luhrmann, Brozel), films « périodisés » ou déplacés dans un nouveau contexte (Abela, Kaurismäki, Kurosawa), les films basés sur l’intrigue mais empruntant aux codes hollywoodiens (Radford, Branagh, Nunn, Parker), ou encore les films d’avant-garde ou expérimentaux (Jarman, Greenaway, Almereyda, Pasolini, Godard). Des pièces shakespeariennes ainsi indéfiniment ré-interprétées surgissent des sens nouveaux.

On pourra également, sans qu’il y ait nécessairement scission entre les deux axes, se pencher sur les questions de réception et confronter des points de vue, parfois très divergents, entre spécialistes de différentes disciplines dans des domaines variés (études shakespeariennes, études cinématographiques, critique française ou critique anglo-saxonne). Comment, par exemple, expliquer que des films comme Shakespeare in Love de Stoppard et Madden, ou comme ceux de Branagh soient largement appréciés par les spécialistes de Shakespeare, mais systématiquement « boudés » par la critique française ? Ou comment interpréter la défiance à l’égard de Greenaway ou de Godard ? Ce second volet permettra également l’expérience et les points de vue particuliers des réalisateurs et des acteurs, en termes de production personnelle comme en termes de rapports avec la critique.

Entrées possibles, non exhaustives :

1. Principes de réécriture et concepts relatifs à la re-médiation de la page ou de la scène théâtrale à l’écran : apports et difficultés spécifiques.

2. Coïncidences critiques : le concept de « mode de représentation réaliste » que crée le spécialiste Jorgens et le questionnement de Bazin : qu’est-ce que le « réalisme » dans le cinéma shakespearien ? Les liens entre le mode « filmique-poétique » (Jorgens) et « l’image-pensée » de Deleuze.

3. Les emprunts (Branagh, Nunn) et liens (logiques ?) entre comédie, romance et comédie hollywoodienne, slapstick et screwball comedy : apports manifestes  et /ou limites de ces transferts ?

4. Les effets de miroir (logiques ?), les jeux d’intertextualité ou d’« inter-médialité » : du méta-théâtral vers le méta-cinématique.

5. Adapter Shakespeare pour l’écran implique-t-il une histoire, un cinéma narratif classique et une narrativité fluide ? La position post-moderne, la déconstruction narrative systématique rehaussent-t-elles ou affaiblissent-elles la dimension ‘shakespearienne’ de l’adaptation (voir King Lear de Jean-Luc Godard) ?

6. Les affirmations « C’est Shakespeare ! » ou « C’est shakespearien ! » sont-elles pertinentes lorsqu’elles s’appliquent à un film ? Existe-t-il un « genre » du film shakespearien ? Est-il possible d’aller vers une phénoménologie du film shakespearien?

7. Les points de vue et les expériences de réalisateurs ou d’acteurs. Si les réalisateurs, parfois également scénaristes, semblent plus audacieux et enclins à adapter « leur » Shakespeare, comment vivent-ils la réception critique ?

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Les personnes souhaitant contribuer à ce numéro sont invitées à envoyer un titre et un abstract, ainsi qu’une bio-biblio, d’ici fin janvier 2020, à Anne-Marie Costantini-Cornède (PRISMES EA 4398 - Paris 3 Sorbonne-Nouvelle) et Pascale Drouet (Université de Poitiers, CESCM UMR 7302) :

amccde@gmail.com, pascale.drouet@univ-poitiers.fr, shakespeareendevenir@univ-poitiers.fr

Les articles, en anglais ou en français, accompagnés d’un résumé (en anglais ET en français), d’une bio-biblio et de 5 ou 6 mots clefs, sont à envoyer avant fin juin 2020 (mêmes adresses électroniques).