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Sciences humaines et crise climatique. Nouveaux récits, nouvelles pratiques, nouvelles représentations

Sciences humaines et crise climatique. Nouveaux récits, nouvelles pratiques, nouvelles représentations

Publié le par Pierre-Louis Fort (Source : sylvie.brodziak@u-cergy.fr )

(english version below)

Colloque international transdisciplinaire

International transdiciplinary Colloquium

Sciences humaines et crise climatique

Humain Sciences and climate crisis 

Nouveaux récits, nouvelles pratiques, nouvelles représentations

New stories, new practices, new representations.

14-15 mai 2020

Appel à communications/ call for papers.

Lieu / Site : Université de Cergy Pontoise et Parc Naturel Régional du Vexin.

 

En 1990, le GIEC dans son premier rapport constate le réchauffement climatique et tente d’évaluer quels en seraient les impacts. En 2012, lors du IVème Sommet de la Terre, Jacques Chirac reprend la phrase de l’historien de l’écologie Jean-Paul Deléage : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Depuis, discours, rapports, essais, pétitions, manifestations citoyennes ne cessent de nous rappeler que sauver la planète est une urgence et que nous avons très peu de temps pour agir. La conscience écologique est désormais au cœur du monde et a pour mission de modifier les politiques, les pratiques et les comportements.

Ces changements sont à accomplir en urgence sinon, comme l’a souligné le 6 mai 2019 le groupe des experts de l’ONU sur la biodiversité « environ un million d’espèces animales et végétales sont déjà menacées d’extinction et beaucoup pourraient disparaître dans les prochaines décennies ».

Il est donc vital non seulement de renouer avec l’environnement mais surtout de repenser la relation que nous entretenons individuellement et collectivement avec lui. Cette renaturation de notre existence passe autant par les techniques que par les imaginaires.

Ainsi, nombreuses sont les disciplines scientifiques et artistiques qui étudient, inventent ou créent sur la question environnementale. 

Parmi celles-ci, la littérature n’est pas à la traîne et les écritures de l’espace naturel – romans, nouvelles et récits – se multiplient. Le topos n’est pas nouveau. Il est central de l’Antiquité à nos jours, et ce dans toutes les cultures. L’antagonisme nature-culture ne cesse d’être exploré.

En revanche, depuis le milieu du XXème siècle, la tragédie environnementale imprègne les récits. La nature que les humains contemplaient a été abimée par ceux et celles qui s’y réfugiaient et la chantaient. La littérature sur la nature appartient aussi à un pan de la littérature de la catastrophe. Ces nouvelles représentations et formes discursives rassemblées dans un ensemble que l’on nomme éco-poétique ont fait naître dans les années 1990 aux Etats Unis les Green Studies analysée par l’écocriticism, chargées d’étudier la relation de la littérature avec l’environnement. En France, paraît en 2012 l’ouvrage littérature et environnement ; Pour une écocritique comparée de Alain Suberchicot. Désormais, séminaires, journées d’études, colloques témoignent de l’entrée de l’éco/géopoétique dans la recherche en littérature. Toutefois, force est de constater que cette entrée ne se fait que fortement accompagnée. En effet, au regard de la complexité de la question environnementale et de ses enjeux, l’écopoétique et l’écocritique sortent du strict champ littéraire et rencontrent la philosophie, les sciences politiques, le droit, l’économie, la géographie, la biologie, la sociologie, etc...

En effet, écopoétique, ou plutôt géopoétique est balisée dans champ des Sciences sociales pour son enjeu de dénonciation d’une histoire culturelle occidentale qui n’a eu de cesse que de « distendre notre rapport au monde » (Amar), ce qui serait le prix nécessaire de la connaissance scientifique, laquelle procèderait de l’abstraction, de la catégorisation, de la distance analytique et critique… Bref, autant d’hypothèses nécessaires à une appréhension clinique, froide, sans sensations, sans émotions… sans intensité. Pour preuve, la construction scientifique de l’objectivité qui ne pourrait jamais se faire qu’au prix de l’économie de l’expérience vécue de celle ou celui qui l’énonce, et en particulier en matière environnementale ou nos expériences peuvent souvent s’avérer déconcertantes face à l’objectivité des approches métrologiques. Devant un tel constat, il ne faudrait pas tomber dans l’écueil inverse qui consisterait à indiquer que seuls les arts seraient susceptibles d’exprimer une relation intense, affective, en prise avec le monde. Entre les deux, se trouve au moins la vie quotidienne qui fournit à toutes et tous ce genre d’occasions. Ces constats reviennent à interroger la capacité d’engagement des scientifiques :

  • Engagement politique vis-à-vis du Monde – l’environnement comme préoccupation et le sens du travail scientifique pour dénoncer la situation contemporaine et proposer des solutions ;
  • Engagement corporel (sans envisager de distinction corps/esprit) au Monde – l’environnement comme impensable en dehors d’une relation d’interaction.

De leur côté, les sciences du langage peuvent elle aussi parler des effets du changement climatique sur les langues naturelles : de la disparition de certaines formes (les haïkus, par exemple) à celle de nombreuses langues en passant par les conséquences sociolinguistiques des migrations climatiques, elles interrogent la nécessité de préservation d’une diversité linguistique essentielle à la connaissance et à la défense de l’humanité et de l’environnement.

Ainsi, plusieurs questions peuvent être posées :

  • Le renouvellement du vocabulaire, les modalités, la grammaire d’expression de l’environnement, et des urgences qui y sont associées. Quelles questions pour les SHS : celle de la description pour les Sciences sociales, celles de la culturalisation scientifique pour les Humanités ?
  • L’hybridation art/science est bien une réalité dans de nombreux domaines… quels sont ses apports dans l’écopoétique ? Enjeu pour une littérature toujours plus informée des processus qu’elle met en scène. Enjeu pour une géographie qui assumerait davantage la dimension construite du discours qu’elle produit
  • La question des langues et de leur protection : protéger la planète = protéger les discours comme les pratiques ?
  • La multiplication des formes d’écriture : est-ce que le verbe dit tout ? Qu’en est-il des géographies de l’affect, des intensités faibles, des jeux de force imperceptibles, de l’infra-ordinaire et de ce qui échappe à la logique du représentationnel ?
  • Le passage à l’action : agir sur le Monde, agir sur la terre, aménager l’espace est à ranger du côté des pratiques poétiques et quelle est leur influence ? Enjeu de sortir d’une lecture fonctionnaliste du monde et penser le rapport esthétique (sensible) comme esthétique à celui-ci
  • L’analyse des documents poétiques (cf. Leibovici : un artefact produit pour répondre à un nouveau besoin d’information).

C’est ce renouvellement contemporain de l’expérience de la nature qu’il nous a semblé important d’interroger et ce dans toutes ses dimensions.

*

Abstract :

Current, ecological conciousness reaches the heart of the world’s concerns. It modifies politics, practices and habits. Nowadays, several scientific and artistic domains are concerned by environmental questions and among them, litterature, linguistics and geography are important. Through geopoetics and ecopoetics, they are able to share their points of view about climate change.
The conference is co-organised by litterature,linguistics and geography researchers from three labs of the UCP. Its aim is to concretise this new vision of climate change that focuses on the preservation of the environment. We will study the renewal of vocabulary, the hybridization between arts and sciences, the problem of languages and their protection, the multiplicity of writing forms, the moving into action and layout of spaces and finally, poetic documents.

The contemporary renewal of the experience of nature will be the centre of our preoccupations.

Un titre et un résumé d’environ 150 mots en français et en anglais, accompagnés d’une brève notice bio-bibliographique devront être envoyés avant le 31 décembre 2019 aux adresses suivantes :

sylvie.brodziak@u-cergy.fr ; corinne.blanchaud@u-cergy.fr ; damien.masson@u-cergy.fr ; helene.manuelian@u-cergy.fr.

Comité organisateur/ Organizing comittee

Sylvie Brodziak (Littéraire, laboratoire AGORA) – Corinne Blanchaud (Littéraire, laboratoire Agora) Damien Masson (Urbaniste, laboratoire MRTE) – Hélène Manuélian (Linguiste laboratoire LT2D)

Comité scientifique (outre les organisateurs) / Scientific committee (in addition to the organizers)

Pascal Amphoux, École nationale supérieure d’architecture de Nantes

Elisabeth Auclair, Université de Cergy-Pontoise. (sous réserve)

Olivier Bertrand,  Université de Cergy-Pontoise

Rachel Bouvet, université du Québec, Montréal, Canada.

Simona Crippa, université d’Angers, France.

Patrick Haillet, université de Cergy-Pontoise, France.

Violaine Houdart-Mérot, université de Cergy-Pontoise, France.

Laure Lévêque, université de Toulon, France.

Christine Marcandier, université d’Aix Marseille, France.

Anne Marie Petitjean, université de Cergy Pontoise, France.

Christophe Rey, université de Cergy-Pontoise, France.

Pierre Schoentjes, université de Gand, Belgique.

Nicolas Tixier, École nationale supérieure d’architecture de Grenoble, Université Grenoble Alpes.