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Appels à contributions
Penser le roman avec Milan Kundera (Revue Inter-Textes)

Penser le roman avec Milan Kundera (Revue Inter-Textes)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Eugenia Grammatikopoulou)

Revue Inter-Textes, n° 20, automne 2020 :

"Penser le roman avec Milan Kundera"

Pour le 20e numéro de la revue en ligne « Inter-Textes » (ISSN: 2241-1186 – http://dia-keimena.frl.auth.gr/index.php/fr/) du Laboratoire de Littérature Comparée du Département de Langue et de Littérature Françaises de l’Université Aristote de Thessalonique, nous proposons un appel  à contributions autour de l’œuvre de Milan Kundera. La revue entend réunir des textes sur les romans et les essais de Kundera ayant pour fil conducteur sa conception de l’art du roman. L’ambition de ce numéro spécial consacré à l’auteur tchèque naturalisé français est de présenter et de commenter sa théorie du roman dans le but d’en saisir l’originalité et les spécificités.

Nous proposons ci-dessous une liste non exhaustive des thèmes pouvant être explorés : 

Théorie du roman.

  • Quels rapports les écrits de Kundera entretiennent-ils avec les grandes théories du roman du ΧΧe siècle (Auerbach, Lukács, Bakhtine, Girard) ? Les auteur.e.s sont invité.e.s à déceler l’influence de ces critiques littéraires sur la conception du roman de Kundera et à en identifier les points de divergence et de convergence autour des grands thèmes de la théorie du roman tels que le personnage romanesque, le rapport du roman aux autres genres littéraires, la représentation romanesque de la réalité, la morale du roman, etc.
  • Les contributions pourraient également se pencher sur les différences entre la conception de Kundera du roman et celle des avant-gardes des années 30 (surréalisme) et 60 (nouveau roman, nouvelle critique).
  • Depuis le reflux des approches strictement formalistes de la littérature, de nombreux critiques littéraires et philosophes revisitent la question de la représentation littéraire et de sa dimension gnoséologique (Bouveresse, Descombes, Pavel entre autres). De quelle manière l’œuvre de Kundera pourrait-elle contribuer à cette discussion ?

La figure du romancier

En réaction à la politisation de la vie intellectuelle en Tchécoslovaquie, Kundera est devenu un fervent défenseur de l’autonomie de l’art. Il a élaboré ses positions sur la figure du romancier en s’opposant à la notion de l’écrivain engagé de Sartre et plus généralement à toute forme d’enfermement de la littérature à une idéologie. Kundera dénonce également la critique biographique, sans toutefois se placer du côté de l’idée de la mort de l’auteur. Le romancier, selon lui, est le fruit d’une conversion au réel, il « …naît sur les ruines de son monde lyrique » (Le Rideau, essai en sept parties, dans Œuvre II, p. 1003). Il serait intéressant d’étudier la construction de la figure du romancier dans son œuvre et de mettre en relief toutes les implications psychologiques et esthétiques qu’elle requiert.

Le roman et l’Europe 

Pour Kundera, l’unité de la civilisation européenne se fondait jusqu’à l’avènement des Temps modernes sur la religion. Suite au désenchantement du monde, la culture a assumé cette fonction en devenant le domaine « de réalisation des valeurs suprêmes par lesquelles l’humanité européenne se comprenait, se définissait, s’identifiait » (« Un Occident kidnappé », Le Débat, 1983/5 n° 27, p. 3-23).  Or, la fierté nationale des pays européens, déplore Kundera, les empêche de percevoir l’unité historique de la culture européenne et, de ce fait, les œuvres littéraires sont étudiées dans le petit contexte national.

Cette problématique sur le roman et l’Europe ouvre trois pistes de réflexion :

  • La conception kunderienne de « Weltliteratur », de « littérature-monde » reprise de Goethe ; Kundera affirme que la valeur des œuvres littéraires, à savoir leur nouveauté esthétique, ne peut être appréhendée qu’à partir du grand contexte mondial, autrement dit de l’histoire supranationale des arts et non simplement du contexte national.
  • L’importance du roman, en tant que réservoir de savoir existentiel ou anthropologique, accompagnant l’homme tout au long des Temps modernes.
  • Une certaine déception de Kundera, perceptible dans les essais et les romans de la période française, concernant l’Occident tel qu’il a évolué depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Hostile à la complexité de l’art du roman et à la culture en général, cette période de l’histoire occidentale se distingue des Temps Modernes dans la mesure où la culture perd son importance et ne fonde plus l’identité de l’Europe.

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Informations pratiques :

Coordination du dossier : dr. Christos Grosdanis 

Contact : cgrosdan@frl.auth.gr et egrammat@frl.auth.gr

Envoi des propositions avant le 31 janvier 2020 (750 mots max.) suivies d’une brève notice bio-bibliographique

Notification de sélection : 14 février 2020

Soumission des articles : 30 juin 2020

Publication de la revue : automne 2020