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Poésie et politique au XXème siècle

Poésie et politique au XXème siècle

Publié le par CCIC (Source : Michaël Morel)

DU LUNDI 12 JUILLET (19 H) AU LUNDI 19 JUILLET (14 H) 2010

POÉSIE ET POLITIQUE AU XXème SIÈCLE

[Actes paru en 2011] [Appel à contributions]

DIRECTION : Henri BÉHAR, Pierre TAMINIAUX

ARGUMENT :

Ce colloque repose sur le désir d'éclairer d'un jour nouveau les rapports de la poésie de langue française du XXe siècle aux grands événements historiques et politiques qui ont traversé et à bien des égards défini ce siècle souvent tragique et tourmenté, du communisme au fascisme en passant par le colonialisme. Il tentera en particulier d'offrir des perspectives plus actuelles et détachées des simples circonstances de l'époque sur ces rapports afin de mieux cerner le caractère éternel et universel des questions éthiques et philosophiques qu'ils suscitent.

Il s'agira de mettre en question une conception traditionnelle et trop commune de la poésie comme simple expression esthétique et formelle de l'homme et de son langage. Àtravers l'étude de mouvements modernistes essentiels,de dada au surréalisme en passant par le lettrisme, il importera ainsi de souligner l'importance déterminante de l'engagement du poète dans la communauté, et non de la poésie. Celle-ci s'y est-elle compromise àjamais?

Les rapports étroits et complexes de personnalités telles queTristan Tzara, André Breton, Paul Eluard, Benjamin Péret, Robert Desnos, Louis Aragon pour le dadaïsme et le surréalisme, ou de Christian Dotremont, pour Cobra, à l'idée de révolution envisagée dans sa détermination poétique seront considérés comme des exemples fondamentaux permettant de nourrir et de développer notre problématique. Ne seront pasoubliés non plus le parcours original de figures singulières, de René Char à Francis Ponge en passant par AiméCésaire, qui ont accompagné de manière radicale et existentielle les actions de la résistance àl'occupation nazie ou la lutte des peuples du tiers-monde pour leurindépendance ni l'utilisation politique de la poésie moderne par le mouvement de mai 68, ni les possibilitésd'expression subversive offertes par l'avant-garde de l'Internationalelettriste.

Le poète, en ce sens, doit être saisi comme un citoyen et un homme du monde, pleinement impliqué dans la réalité et dans ses combats. La conception dominante de la "littérature engagée", en effet, s'est échafaudée au XXe siècle à partir de l'existentialisme sartrien, et donc de genres littéraires tels que le roman, le théâtre ou l'essai. Nous voudrions insister ici sur le fait que la poésie moderne, dans son cheminement propre, fut aussi le symbole vivant d'une littérature engagée en sa totalité. En ce sens, elle réussit à se dégager à la fois de l'ombre de Baudelaire, soit d'une conception surtout esthétique et sensible de la poésie, et de celle de Mallarmé, soit d'une conception abstraite du langage poétique née de la spéculation conceptuelle et du monde des idées. En conclusion, cette décade devrait offrir des modes originaux d'interprétation du politique, dans la mesure où celui-ci a été abordé prioritairement au XXe siècle sous ses aspects idéologiques et doctrinaires, ou alors dans la société contemporaine, sous ses aspects pratiques et utilitaristes. En d'autres termes, l'étude des rapports du poète à la Cité (àla Polis) implique nécessairement un processus soutenu de poétisation du politique.

COMMUNICATIONS :

*Surréalisme/Post-surréalisme: A.-M. Amiot: Arcane XVII de Breton: sublimation dans le mythe du refus permanent de la poésie engagée, D. Christoffel: L'anti-démagogisme poétique (la revue Proverbe), J. Getz: Michaux: poésie de l'autre homme, B. Gómez-Angel: La voix solidaire à l'Espagne d'Éluard, M. Harada: Les manifestations du politique chez Breton en dehors des écrits qui s'y référent, L. Michel: Politique du poème chez Char, J. Novaković: Création poétique et engagement politique dans le surréalisme: Aragon et Oskar Davičo, V. Pouzet-Duzer: La poétique anthropophage de Péret, C. Reig: Oulipolitiques, E. Rentzou: Au-delà de l'(inter)national: le surréalisme et le "monde" en métonymie, C. Reynaud Paligot: La poésie surréaliste entre révolte et révolution
*Résistances/Révolutions/Subversions: Y.-M. Bouillon: Poètes en guerre totale, J. Duwa: A quoi bon des poètes en temps de liesse révolutionnaire? L'événement 68, F. Flahutez: Lettrisme et économie politique, B. Gorrillot: Christian Prigent: pour une écriture politique?, J.-C. Marceau: Repoétiser la vie: Raoul Vaneigem où la subversion affinée du Libre-Esprit, D. Rumeau: Gaston Miron, "l'amour et le militant", P. Sigoda: Ponge ou les écrits comme espace spirituel de la nation, T. Wuilleme: L'hypothèse communiste: de l'éloge à l'adieu politique (Depestre, Roy, Guillevic)
*Espaces périphériques: C. Chomarat-Ruiz: Rhétorique d'un paysagiste à l'usage du politique, A. Marangoni: Unanimisme de Jules Romains et du premier Jouve
*Altérités culturelles/Francophonies: S. Bastien: La poésie québécoise, de l'automatisme au féminisme: 25 ans de revendication, F. Khodr: De la circonstance politique à la circonférence poét(h)ique, J.-C. Lambert: Entretien avec P. Taminiaux autour de C. Dotremont, M.-E. Lenoble: Frankétienne, la politique de la Spirale, G. Saad: La poétisation du politique chez Eluard et Cesar Vallejo: une dialectique?

SOIRÉES :

*Projection de L'invention du Monde

*C. Prigent: "Légendes du politique" (lecture et entretien avec B. Gorrillot)

*J.-C. Lambert: Projection de X-Alta

Avec le soutien du Centre de recherche sur le Surréalisme de l'Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris 3