Actualité
Appels à contributions
Pauvretés esthétiques : regards croisés. France, Royaume-Uni au XIXe s. (Rouen)

Pauvretés esthétiques : regards croisés. France, Royaume-Uni au XIXe s. (Rouen)

Publié le par Marc Escola (Source : Florence Fix)

Pauvretés esthétiques : regards croisés (France, Royaume-Uni au XIXe siècle)

Université de Rouen-Normandie : appel à communications pour volume collectif

 

Le projet de publication souhaite retenir des articles centrés sur les représentations de la précarité au XIXe siècle, telle qu’elle est induite par l’urbanisation et l’industrialisation, ce qui implique plutôt un espace franco-britannique (colonies comprises) sans toutefois exclure la Prusse. Il ne s’agit donc pas tant d’explorer la pauvreté que la précarisation, c’est-à-dire des situations d’entre-deux, d’incertitude financière et de détresse économique, notamment des travailleurs pauvres et des populations modestes qu’un revers fait basculer dans la misère. Leur situation, en ce qu’elle fait figure d’exception dans le discours libéral valorisant le travail et l’effort comme assurance d’ascension sociale, inspire nombre de traités et de discours socio-économiques et politiques (sur la charité, sur l’assistance, sur la judiciarisation de la pauvreté et de l’absence de domicile envisagées comme des délits, sur le travail etc.) dont on souhaite articuler l’étude à celle de représentations iconographiques, romanesques, théâtrales, poétiques et photographiques de la pauvreté. Les divers usages de la figure et du personnage (de théâtre, de roman ou dans les arts visuels) de la femme, de l’homme et de l’enfant pauvres, envisagés à partir d’une approche diachronique, nous invitent à confronter les faits aux représentations, les conditions de la pauvreté aux modalités de son esthétisation. Parmi ces enjeux, on pourra, sans que cette liste ne prétende à l’exhaustivité, envisager :

  • Esthétique et genres littéraires et artistiques : le roman feuilleton de la pauvreté, la peinture de genre, le mélodrame ou le conte illustré, la poésie de la bohème consentie ou de l’indigence conditionnent-ils une représentation propre de la misère ?
  • Esthétique et éthique, lectures moralisatrices du travail et du désœuvrement, de la pauvreté et de la richesse ; laideur ou beauté du pauvre ; bon et mauvais pauvre.
  • Trajectoires narratives de la pauvreté : s’agit-il d’en sortir ? d’y demeurer dans une constatation navrée et fataliste ? Quels « moments » et quelles axiologies de la précarité sont-ils privilégiés (chute, déchéance, péripétie temporaire, situation endémique et inéluctable) ? De ce fait, quel regard est-il porté sur le libre-arbitre ou l’autonomie du personnage précaire ? Le support ou le genre utilisé programme-t-il une forme de réception, un lieu d’exposition engageant une pensée économique ou politique singulière ?
  • Subversion et convention : quelle portée politique pour ces fictions ? quels liens avec les textes économiques et politiques de l’époque, ainsi qu’avec les débats mis en place dans la presse et au parlement ? Dans une perspective d’articulation des discours politiques et des textes littéraires ou des représentations iconographiques, on envisagera la perméabilité et le nomadisme des enjeux et des modes de représentation. L’homme pauvre et la femme, ou même l’enfant, sont-ils accompagnés des mêmes espaces, des mêmes objets, endossent-ils les mêmes gestuelles ou impliquent-ils les mêmes regards dans l’imaginaire social et culturel de la pauvreté ?
  • Arts visuels et esthétisation du pauvre, gestuelle codifiée, habillement, objets et lieux : scénographie de la précarité à l’image et dans les textes ;
  • Proximité et distance : faut-il aider le pauvre ou l’écarter, voire le sanctionner ? Les pauvres sont-ils des masses violentes et indisciplinées, promptes à l’insurrection et à la grève ? Des pauvres ou un pauvre ? Des foules en colère ou un pauvre isolé dans une détresse solitaire ? Ces questions autour du portrait ou du paysage impliquent là encore autant des questions éthiques et politiques qu’esthétiques.

 

On préférera donc aux monographies sur un romancier, un économiste ou un peintre des études comparées ou croisées entre littérature, histoire de l’art, histoire des idées, histoire culturelle, pensée économique ou politique.

Les propositions d’article sont attendues, en français ou en anglais, pour le 1er octobre 2020 aux deux adresses électroniques suivantes :

Anne-Florence Gillard-Estrada : af.gillardestrada@gmail.com

Florence Fix : Florence.fix@univ-rouen.fr

Une réponse sera donnée sous quinzaine après échéance de la date-limite et, sur acceptation, les articles seront attendus pour le 1er février 2021.