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Oz : étude culturelle d'un médiart patrimonial

Oz : étude culturelle d'un médiart patrimonial

Publié le par Emilien Sermier (Source : Christian Chelebourg)

Colloque organisé par le laboratoire

Littératures, Imaginaire, Sociétés (EA 7305)

Université de Lorraine

Oz : étude culturelle d’un médiart patrimonial

Direction : Christian Chelebourg, Caroline Klensch

(16-17 avril 2014)

 

Paru en 1900, magistralement porté à l’écran en 1939 par Victor Fleming après plusieurs adaptations au temps du muet, The Wonderful Wizard of Oz de Lyman Frank Baum offre l’exemple caractéristique d’une fiction de jeunesse devenue, au fil du temps, un véritable patrimoine narratif mondialisé. Dans les années récentes, le double succès planétaire, en 1989 et en 2001, de la reprise par Israel « IZ » Kama du standard d’Harold Arlen et Yip Harburg, « Over the Rainbow », les continuations romanesques imaginées par Gregory Maguire – Wicked (1995), Son of a Witch (2005), Out of Oz (2011) – ou Maxime Chattam – Autre monde : Oz (2012) –, la sortie d’Oz the Great and Powerful de Sam Raimi (2013) et son adaptation en jeu vidéo – Temple Run: Oz (2013) –, le lancement par les éditions du Cherche-Midi d’une traduction française intégrale des quatorze romans du cycle d’Oz composés par Baum, attestent la productivité et l’actualité de cet univers dans l’imaginaire contemporain et témoignent de sa transmission de génération en génération, moyennant des aménagements qui interrogent tant par leur fidélité à la source que par leurs écarts à son encontre.

Le présent colloque se propose d’étudier la fortune du Pays d’Oz dans sa dimension intermédiatique. Il s’agira de revenir sur l’œuvre de Baum pour analyser le sens qu’elle a pris dans la culture américaine, de s’intéresser à ses suites immédiates ainsi qu’à sa diffusion internationale et d’étudier les inflexions auxquelles son succès a donné lieu. Ce sera aussi l’occasion d’une réflexion théorique sur la patrimonialisation du corpus de littérature de jeunesse : comment opère-t-elle ? que signifie-t-elle ? comment la définir et l’aborder ? quels bénéfices critiques attendre de son approche, notamment dans les champs de la poétique et des études culturelles ?

Quatre grandes pistes de recherche seront explorées :

1. L’œuvre de L. Frank Baum

Le cycle de Baum appelle une relecture, notamment quant à la cohérence d’ensemble de l’image qu’il donne de l’Amérique. Les développements utopiques, d’inspiration socialiste, relevés par Jack Zipes (2007) dans les suites du premier roman méritent tout particulièrement d’être articulés à l’hymne au Midwest contenu dans le fameux « There is no place like home », martelé par Fleming. Ces romans peuvent également être mis en regard du reste de l’œuvre littéraire de Baum, aussi bien que de ses activités de scénariste et de producteur. Les divers films sur Oz auxquels il a travaillé témoignent d’une conscience précoce de la vocation médiartique d’une fiction qui avait donné lieu, dès 1902, à un spectacle musical à succès.

2. Le médiart et sa diffusion

Après la mort de Baum en 1919, Ruth Plumly Thompson poursuivit pendant vingt ans la série des romans consacrés à l’univers qu’il avait créé, témoignant ainsi de la place que celui-ci avait prise dans la culture américaine, et initiant une longue tradition de continuations qui s’est poursuivie jusqu’à nos jours à l’échelle internationale et sur toutes sortes de supports médiatiques. L’œuvre de Baum a par ailleurs fait l’objet de multiples adaptations entre lesquelles se noue un dialogue contribuant à la prolifération du monde originel. Aussi apparaît-il nécessaire d’examiner la séminalité de celui-ci, du double point de vue de sa consistance et de sa sémantique. Enfin, Oz irrigue la culture populaire de références dont la dissémination invite à une réflexion sur leur choix, leur fonction et leur sens.

3. Tradition merveilleuse et renouvellement romanesque

La féerie du Pays d’Oz marque un profond bouleversement des codes du merveilleux et donne naissance à une nouvelle tradition. Il sera intéressant d’observer les glissements opérés par Baum et ses continuateurs par rapport aux représentations de la magie, des sorts ou des êtres fabuleux. Oz est un terrain de prédilection pour l’étude des tensions entre permanence et rupture qui caractérisent l’histoire fictionnelle de l’enchantement. C’est également un lieu où s’organisent des rapports originaux entre les fonctions d’édification et de récréation de la littérature de jeunesse, comme entre les inspirations issues du conte de fées, d’une part, du roman d’aventures, de l’autre.

4. Fictions de jeunesse et patrimonialisation

Les études de l’imaginaire manquent d’outils conceptuels pour saisir les phénomènes de ce type. La notion de « mythe littéraire » apparaît inappropriée, à la fois par ses présupposés anthropologiques et par son horizon médiatique. De même, les traditionnelles perspectives génériques impliquent-elles des cloisonnements déplacés. La part ménagée à l’auctorialité dans la conception des médiarts constitue, de son côté, un enjeu jusque-là trop négligé. Il faut également rechercher le moyen de cerner, notamment en diachronie, l’intérêt spécifique que présente, en termes de réception, la récurrence d’un imaginaire préétabli et la dynamique de ses variations. Enfin, l’une des grandes questions pendantes touche aux interactions sociétales de reprises intermédiatiques qui érigent un univers fictionnel en véritable patrimoine culturel.

 

 

Oz: a cultural study on a patrimonial “mediart”

First published in 1900, greatly adapted to the big screen by Victor Fleming in 1939, after several adaptations from the era of silent movies, The Wonderful Wizard of Oz by Lyman Frank Baum has become a perfect example to show how a youth fiction story became a real narrative world heritage. Recently, music, literature, cinema and even the world of video-games became interested in this story and prove the productivity and the current presence of this universe in the contemporary imagination. The recurrence of the subject testifies of the generational transmission, the changings are questioning the original due to their loyalty or distance to Baum’s story.

The present colloquium is intending to study the heritage of the Wonderful Land of Oz in its intermedial dimension. First of all, Baum’s works have to be analyzed to make out the importance they have in American culture. On the other hand, the immediate sequels and continuations that made of this fiction an international success have to be studied. Finally, a more theoretical reflection on youth literature’s becoming a cultural heritage should be made. How does this process work? What does it mean? How to define it? What approaches should be made in order to analyze it correctly? What critical profits can one await according to poetical and cultural studies?

Four major avenues shall be explored by this research:

The work of L.Frank Baum The mediart and its distribution Imaginary tradition and novelistic renewal Youth fiction and heritage

 

Les propositions (titre et synopsis) sont à adresser conjointement à

Caroline Klensch (caroline.klensch@education.lu) et Christian Chelebourg (chelebourg@gmail.com)

avant le 31 janvier 2014