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Appels à contributions
Observer les expériences scénographiques : créations professionnelles et activités de réception (Revue INTERSTUDIA)

Observer les expériences scénographiques : créations professionnelles et activités de réception (Revue INTERSTUDIA)

Publié le par Marc Escola (Source : Simina Mastacan)

Revue INTERSTUDIA

Appel à contributions

Numéro thématique (n°32)

"Observer les expériences scénographiques : créations professionnelles et activités de réception"

François Perea, Lucie Alidières, et Simina Mastacan.

À paraître en mai / juin 2022

 

Toute (re)présentation d’œuvre(s), des expositions muséales aux représentations théâtrales ou chorégraphiques, repose sur la création d’une scénographie qui, matérialisée, constituera le cadre d’expérience du visiteur/spectateur. Dès lors, la scénographie apparait comme une activité complexe en tension entre ces processus de production/création et de réception/expérience. Pour le dire à la manière de Veron et Levasseur, il faut donc distinguer la production de la reconnaissance :

Notre pari conceptuel a été de postuler que le comportement de visite exprime le décalage entre la production et la reconnaissance, qu’il doit être considéré comme la résultante d’une négociation qui ne peut se comprendre que comme l’articulation (complexe) entre les propriétés du discours proposé et les stratégies d’appropriation du sujet (1983, p. 38, les auteurs soulignent).

Au départ se trouve l’œuvre (expôt, pièce de théâtre, chorégraphie…). L’artiste ou l’artisan l’a produite comme telle mais pour l’expérimenter, il faut qu’elle soit mise en scène, portée à l’attention, proposée.

Ce travail peut être réalisé par le même créateur ou pas.  Ici apparait l’acte de création scénographique, dans un geste à la fois artistique et professionnel, un geste d’écriture pour reprendre à Jean Davallon : « Parler de scénographie, c’est parler de scène – et donc d’espace – mais aussi de graphie, autrement dit d’écriture » (2010, p. 229). Cet acte scénographique est complexe : il enchâsse l’œuvre exposée (l’expôt dans le musée par exemple) dans une œuvre d’exposition (l’installation muséographique).

Le travail d’écriture du scénographe est à la fois rigoureux et poétique, il peut être intuitif, partagé, fluctuant… et conduit une œuvre à la fois palimpseste et inter-discours. Il créé une dialectique entre exigences institutionnelles et individuelles, entre contraintes temporelles et financières, entre aspirations artistiques et intellectuelles. Il élabore un espace scénique selon trois entrées (Guinebault 2012 ; 296) : définir un point de vue, dramatiser l’espace, jouer avec les signes. Ce travail répond aussi à une exigence de captation esthétique pour séduire, favoriser les perceptions du public. Ainsi, il devient lui-même une œuvre d’exposition d’œuvres exposées qui participe aux conditions de réception du spectateur, qui utilise les cadres de scène et qui nourrit le cadre interprétatif.

En regard, se trouve l’expérience des spectateurs/visiteurs, qui compose avec la scénographie dans un réseau d’interactions, comme le souligne Eidelman et al. : « La visite est une activité, une action ou un événement qui peut s’appréhender à travers des interactions entre de multiples composantes : le visiteur, ses accompagnateurs, les autres visiteurs, l’espace de l’exposition, le bâtiment, les personnels d’accueil, les objets, les textes, etc. » (2013, p. 75). C’est donc une activité de réception, d’appropriation et d’interprétation propre, à la fois libre et cadrée, qui se déploie dans l’espace scénographié.  

La question de son observation a donné lieu à une abondante littérature et les recherches sont très nombreuses (voir notamment les synthèses dans Eidelman et Roustan, 2008, Schmitt et Aubert, 2017) et présentent des démarches méthodologiques variées, depuis l’observation à l’insu des visiteurs jusqu’aux questionnaires et entretiens post-visite, mobilisant souvent des dispositifs variés (par exemple la photographie chez Gilman, dès 1916).

Cette littérature grise est le reflet de la variété des objets observés : réflexions sur les connaissances des publics, fréquentation des établissements, attractivité de certains thèmes d’exposition… A côté des études qui décrivent les caractéristiques préalables et déterminantes dans la visite (telles les caractéristiques sociologiques par exemple), se développent notamment des approches liées à l’« expérience des visiteurs » réelle. Il s’agit bien « de comprendre les réactions des visiteurs aux expôts du musées (œuvres, objets, dispositifs) » (Schmitt et Aubert, 2017), et donc à la création scénographique.

Le présent appel vise à réunir des études attachées à l’un et/ou l’autre des aspects de l’expérience scénographique :  création professionnelle ou activités de réception. Il s’agit de faire un état des dispositifs méthodologiques et des approches théoriques permettant de rendre compte, de manière structurée et ancrée dans les terrains, des dynamiques des expériences des spectateurs/visiteurs.

Sans exclure d’autres approches, les communications devront s’inscrire prioritairement dans les axes :

production / création scénographique (une attention particulière sera apportée aux arts vivants)

activités de réception

expériences des spectateurs/visiteurs

Elles pourront avoir trait à une approche méthodologique et / ou théorique, à une présentation de terrain, à un dispositif scénographique.

D’une longueur d’une page environ, complétée d’une bibliographie, la proposition présentera clairement la problématique, les méthodes et les ancrages théoriques.

Elle est à adresser à simina_mastacan@yahoo.com avant le 15 octobre 2021.

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Bibliographie

— Davallon J., 2010, « L’écriture de l’exposition : expographie, muséographie, scénographie », dans Culture & Musées, n° 16n p. 229-238.

— Eidelman J., Gottesdiener H., Le Marec J., 2013, « Visiter les musées : expérience, appropriation, participation », Culture & Musées. Muséologie et recherches sur la culture, Hors-série : La muséologie : 20 ans de recherches, p. 73-113.

— Eidelman J. & Roustan M., 2008. « Les études de publics : Recherche fondamentale, choix de politiques et enjeux opérationnels », p. 15-37 in La Place des publics : De l’usage des études et recherches par les musées, sous la direction de Jacqueline Eidelman, Mélanie Roustan & Bernadette Goldstein. Paris : La Documentation française. (Musées-Mondes.)

—  Guinebault, C., 2012, « Scénographie et représentation : une certaine façon d’appréhender le monde », Études théâtrales, 2(2-3), 291-297.

— Schmitt D., Aubert O., 2017, « REMIND : une méthode pour comprendre la micro-dynamique de l’expérience des visiteurs de musées », Revue des Interactions Humaines Médiatisées (RIHM) = Journal of Human Mediated Interactions, Europia, 17 (2), p.43-70).

— Veron E. et Levasseur M., 1983, Ethnographie de l’exposition. L’espace, le corps et le sens, Bibliothèque publique d’information, Centre Georges Pompidou.