Questions de société
Motion de la 10e section du CNU (Littératures comparées)

Motion de la 10e section du CNU (Littératures comparées)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Anne-Rachel Hermetet)

Nous, membres de la 10section (littératures comparées) du CNU, apprenons avec stupéfaction que le Sénat a adopté dans la nuit du 21 au 22 juin 2013 un amendement visant à supprimer le premier alinéa de l’article L.952-6 du code de l’éducation, dans le but de mettre fin aux procédures de qualification nationale des enseignants-chercheurs. Cette décision prise à la hâte témoigne d’une méconnaissance totale du fonctionnement du CNU et de l’importance de la procédure de qualification aux fonctions d’enseignant-chercheur. Supprimer la qualification, c’est tout bonnement croire que le doctorat suffit à décider de l’aptitude à remplir les missions d’un enseignant-chercheur, or il n’en est rien.

La session de qualification est le seul moment où tous les dossiers des futurs enseignants -chercheurs d’une année dans une discipline sont examinés. C’est par conséquent une instance indispensable pour affiner les critères scientifiques de disciplines qui évoluent aussi en fonction de leurs productions. En outre, le CNU, instance composée de deux tiers de membres élus et d'un tiers de membres nommés, est le seul garant de la qualité du service public dans l'enseignement supérieur et la recherche sur l'ensemble du territoire. Sans une qualification nationale, il ne resterait que des procédures locales parfois sans légitimité disciplinaire (en particulier pour les "petites disciplines") et plus sujettes aux pressions locales. La qualification par le CNU apporte une garantie aux comités de sélection des établissements : les compétences disciplinaires d'un candidat qualifié dans une section ont été validées après un examen attentif de son dossier, un débat contradictoire et sur décision collective d'une large assemblée de pairs.

Nous rappelons que la procédure de qualification est collégiale, équilibrée et transparente, puisque chaque candidat peut obtenir sur simple demande les deux rapports circonstanciés que les rapporteurs ont écrits sur son dossier. Les candidats refusés ont la possibilité de faire appel de la décision suite à deux refus consécutifs et sont alors auditionnés.

Plutôt que supprimer la qualification et attaquer le CNU, les sénateurs et députés seraient avisés de prendre en compte ce qui a été véritablement dit par la communauté universitaire au moment des « Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche ».