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Monstres et monstruosités dans les représentations esthétiques et sociales

Monstres et monstruosités dans les représentations esthétiques et sociales

Publié le par Marc Escola (Source : Néstor Ponce, directeur de la revue "Amerika")

APPEL À ARTICLES POUR LA REVUE AMÉRIKA

MONSTRES ET MONSTRUOSITÉS

DANS LES REPRÉSENTATIONS ESTHÉTIQUES ET SOCIALES

 

LABORATOIRE INTERDISCIPLINAIRE DE RECHERCHES SUR LES AMÉRIQUES (LIRA) / ÉQUIPE DE RECHERCHES INTERLANGUES MÉMOIRES, IDENTITÉS, TERRITOIRES 4327

 

Date limite de remise des articles : 15/11/2014

Les normes pour la présentation des articles figurent dans notre revue Amerika (www.amerika.revues.org) (http://amerika.revues.org/749). Les articles peuvent être présentées dans l’une des langues suivantes : espagnol, français, anglais, portugais. 40.000 signes maximum (bibliographie et note de bas de page comprises).

A envoyer à : amerika@revues.org et nestorponce35@yahoo.fr

 

 

Chaque époque crée et imagine des “monstres” depuis la norme, depuis un système (linguistique, politique, religieux, social) qui les situent « contre », « en dehors » ou comme manifestation d’une erreur/faille ou élément étranger et difforme qui déstabilise et met en danger le système, légitimant ainsi son rejet ou bien son assimilation. En ce sens, le monstre est reconnaissable depuis l’altérité qui le constitue. C’est pour cela qu’il nous permet de comprendre comment se construit l’autre et comment on le perçoit. [Tout ceci sans perdre de vue que le monstre n’est pas seulement l’autre ni toute personne qui est hors norme. Nous sommes tous des autres (pour les autres) et nous ne sommes pas des monstres pour autant. L ‘autre est nécessaire à l’identification du moi à qui il sert de support dès la première identification.

Nous proposons un retournement dans l’appréhension contemporaine du monstre vers un retour dans l’intime, individuel et corporel comme symptôme socio-esthétique des interactions problématiques et de l’éclatement structurel  du contexte postmoderne. D’une fonction purement cognitive et représentative qui souvent peut être assimilatrice, le monstre investit une fonction performative dans la sphère de l’action : survie, libération, résistance, revendication, lutte politico-sociale. Le monstre se resitue dans le Moi, dans l’individu, dans la conscience et surtout dans l'inconscient. Depuis Freud nous savons que le moi est clivé et que nous ne connaissons qu'une petite partie de ce moi. L'inconscient formé à partir du refoulement est le réservoir de tout ce qui n'est pas accepté par la société et qui peut apparaître comme monstrueux pour le moi lui-même.

Dans la continuité de l’adage rimbaldien « je est un autre », nous proposons l’hypothèse d’un « je est (peut-être) un monstre ». De la stigmatisation distanciée d’un Autre, le monstre devient l’expression du Moi propre, l’action du Moi sur son propre corps, de l’artiste sur son œuvre, de la société sur sa structure : une possibilité d’auto-conscience comme action libératrice qui rend possible le dépassement de représentations identitaires préétablies dans un mouvement clairement transgressif.

A partir de cette hypothèse, nous pouvons penser à toute sorte d’action sur le corps comme expressions (ou “options formelles”) de revendication identitaire et traces de ce même processus : fragmentation, fracture, (auto)-mutilation, blessure, maladie, appendice, coupure, oubli, animalisation, drogue, séparation aussi bien du corps individuel que du corps social.

Le retournement que nous proposons ne doit pas être compris comme rupture radicale dans la mesure où il se base sur le corps, sur les marques du corps, les restes du passé ou réappropriations dans les représentations et les traditions. C’est en cela que se définit la position contemporaine : dans ce « changement focal » qui met en place le caractère performatif dans la subjectivité et dans la réception du produit esthétique. Ainsi,  nous proposons une réflexion diachronique sur le Monstre dans la mesure où il est présent dans les esthétiques et représentations espagnoles et hispano-américaines, où le monstre occupe une place originale, depuis les entreprises de légitimation des conquêtes, les guerres d’indépendances jusqu’aux discours constructeurs de la Nation ou autres expressions discursives, politiques dictatoriales ou néolibérales… Il nous reste donc à suivre les traces du monstre dans cette perspective de « changement focal » pour mesurer sa portée et son pouvoir esthétique et social aujourd’hui.

Dorénavant, nous proposons une réflexion interdisciplinaire, poursuivant le défi de saisir une certaine entrée « systématisante » dans nos problématiques contemporaines depuis diverses « options formelles » et les « changements focaux » qui les ont impliqué: histoire, mémoire, politique, littérature, cinéma, linguistique, théâtre, musique, art populaire et de rue.