Web littéraire
Actualités

"Mémoire vive de Régine Robin", par Bernabé Wesley (laviedesidees.fr)

Publié le par Marc Escola

À lire sur laviedesidees.fr:

"Mémoire vive de Régine Robin", par Bernabé Wesley (en ligne le 26 octobre)

 
Dans l’entrelacs des langages, des disciplines et des supports, Régine Robin a développé sous l’apparence de la flânerie une œuvre exigeante qui rappelle que toute identité est multiple, et qu’on ne peut s’en saisir qu’en croisant les approches.
 
L’œuvre de Régine Robin (1939-2021) mène une réflexion d’ordre historiographique à la croisée de la linguistique et de la sémantique historique. Elle examine la dimension mémorielle des œuvres de fiction ; elle lit et explore l’imaginaire social des villes et repense la question de la judéité à partir du yiddish envisagé comme une langue du manque et de l’absence ; elle prolonge enfin ces différentes voies dans des fictions qui entremêlent écriture de soi, récits de migrance et remémorations fantasmées.

Pour le lecteur qui la découvre, cette œuvre offre une plongée dans les mécanismes symboliques de la mémoire collective, dans les débats historiographiques et dans l’activité mémorielle des œuvres littéraires. De l’essai au roman, de l’écriture de soi à la réflexion historienne, Régine Robin n’a cessé de repenser le champ de la mémoire collective pour y faire une place à la part d’inconciliable et d’irrésolu qui caractérisent nos représentations du passé. Son cheminement s’est construit sur des refus : ne plus distinguer la fiction du factuel, l’écriture de soi de la réflexion théorique, l’histoire des autres disciplines des sciences humaines ; ne plus séparer l’ici et l’ailleurs, ni l’identité des absences et des manques qui la creusent. Ce parcours suit trois lignes de crête : explorer la question mémorielle dans le roman, objet d’étude privilégié mais aussi genre pratiqué en écrivaine ; privilégier les frontières de l’histoire comme lieu possible d’un renouvellement historiographique ; se raconter dans des fictions mémorielles qui pratiquent l’écriture de soi à la lisière de l’essai et de la fiction. […]

Lire la suite de l'article…

*

Bibliographie

La société française en 1789. Semur-en-Auxois, Paris, Plon, coll. « Civilisations et mentalités », 1970, 522 p.
Histoire et linguistique, Paris, Armand Colin, coll. « Linguistique », 1973, 306 p.
Le cheval blanc de Lénine ou l’histoire autre, Bruxelles, Éditions Complexe, 1979, 159 p.
La Québécoite, Montréal, La bibliothèque québécoise, 2019[1983], 220 p.
L’amour du Yiddish : écriture juive et sentiment de la langue (1830-1940), Paris, Le Sorbier, 1984, 321 p.
Le réalisme socialiste. Une esthétique impossible, Paris, Payot, 1986, 348 p.
Kafka, Paris, Belfond, coll. « Les dossiers Belfond », 1989, 347 p.
Le roman mémoriel. De l’histoire à l’écriture du hors-lieu, Montréal, Presses Universitaires de Montréal, coll. « Essais classiques du Québec », 2021[1989], 185 p.
La sociologie de la littérature (avec Marc Angenot), Montréal, CIADEST, cahier no 4, 1993[1991].
Le deuil de l’origine. Une langue en trop, la langue en moins, Paris, Kimé, coll. « Détours littéraires », 2003[1993], 236 p.
Discours et archive (avec Jacques Guilhaumou et Denise Maldidier), Bruxelles, Mardaga, 1994, 218 p.
L’immense fatigue des pierres, XYZ éditeur, coll. « Romanichels poche », 2004[1996], 220 p.
Berlin Chantiers. Essai sur les passés fragiles, Paris, Stock, coll. « Un ordre d’idées », 2010[2001], 450 p.
La mémoire saturée, Paris, Stock, coll. « Un ordre d’idées », 2003, 525 p.
Cybermigrances. Traversées fugitives, Montréal, VLB éditeur, « Le soi et l’autre », 2004, 244 p.
Mégapolis. Les derniers pas du flâneur, Paris, Stock, 2009, 397 p.
Nous autres, les autres, 2011, Montréal, Boréal, coll. « Liberté grande », 352 p.
Le mal de Paris, Paris, Stock, coll. « Un ordre d’idées », 2014, 360 p.
Un roman d’Allemagne, Paris, Stock, coll. « Un ordre d’idées », 2016, 296 p.
Ces lampes qu’on a oublié d’éteindre, Montréal, Boréal, coll. « Liberté grande », 2019, 264 p.

Pour aller plus loin :
« L’écriture à la trace. Entretien avec Régine Robin réalisé par Vincent Casanova et Sophie Wahnich, avec l’aide de Didier Leschi », Vacarme, n° 54, 2011/1.
• Caroline Désy, Véronique Fauvelle, Viviana Fridman, Pascale Maltais (dir.), Une œuvre indisciplinaire. Mémoire, texte et identité chez Régine Robin, Québec, Presses de l’Université Laval, 2007, 277 p.