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Appels à contributions

"Littérature et espaces francophones" (en ligne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Mohammed HASSI)

Appel à communications

Laboratoire de recherches « Langue, Littérature, Imaginaire et Esthétique »

Colloque international (A distance)

Littérature et espaces francophones

15 et 16 septembre 2021

Coordinateurs : - Pr. Mohammed HASSI - Pr. Mohamed ZAHIR

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Argumentaire

         Par-delà son ancrage spatio-temporel et ses avatars linguistiques, la littérature semble réfractaire à tout déterminisme et à toute tentative de la circonscrire dans des paradigmes, aussi ingénieux soient-ils, au risque de la dénaturer et de la situer quelque part alors qu’elle ne veut être nulle part. Ainsi, pulvérise-t-elle toutes les aspérités de l’appartenance, « […] la littérature telle que Roussel l’a pratiquée nous tend aussi ce mortel miroir, dans lequel le réseau des êtres et des événements se dénoue : elle nous enseigne à voir les choses du point de vue de leur mort, et par là même, elle nous apprend à mourir » 1 . Dans ce sens, le binarisme de l’intitulé paraît antinomique. Comment peut-on à la fois concilier ce qui est conçu comme une négation de l’espace avec ce qui revendique un déterminisme spatial, en l’occurrence les « espaces francophones »? Comment peut-on arracher la littérature à son destin linguistique, au jus soli et au jus sanguinis pour ne faire de sa réalité qu’une « réalité de livre »2, seul espace littérairement reconnu ? Comment la critique peut-elle œuvrer à ce que la littérature francophone échappe aux effets délétères de l’histoire et de la politique pour faire valoir ses propres enjeux, esthétiques essentiellement, et montrer que celui qui écrit dans une langue   étrangère est « capable en elle des audaces les plus imprévisibles3 . » ? Ces interrogations et d’autres constituent l’épine dorsale de notre colloque. De ce fait, il serait légitime de se demander comment, à travers les différentes déclinaisons toponymiques, la littérature francophone en fait ces signes migrateurs dont le tissage "rhizomatique" ouvre sur l’infini des possibles et l’absolu de la liberté. Par voie de conséquence, elle sollicite un nouveau regard critique qui élude le confinement dans la fixité référentielle et les paradigmes inhibiteurs qui étouffent leur littérarité et cela afin d’être plus attentif à « la spatialité de l’écriture, à la disposition atemporelle et réversible des signes, des mots, des phrases, du discours dans la simultanéité de ce qu’on nomme un texte » 4 . A cette condition, la littérature peut prendre sa revanche sur les différentes taxonomies pour récupérer son identité et faire valoir son droit de prédilection, celui de faire plaisir et marquer « sa contingence à l’égard [des] systèmes »5 . Dans cet esprit, les « espaces francophones » ne peuvent se réduire à la référence à une langue et à un espace. La littérature les déterritorialise et les récupère pour n’en faire que des repères subsidiaires, des artefacts, des simulacres de référentialité qu’elle ne tarde pas à dissoudre et à emporter dans sa béance au profit de l’effet-texte et de l’éphémère. Car si la littérature dit les espaces, c’est davantage pour dire l’« indisable », emprunter cette courbe asymptote qui n’approche les espaces que pour s’en éloigner et rejoindre la finalité de la littérature qui ne nourrit ni prétention de vérité ni espoir de changer le monde, sinon le risque est grand de faire de la littérature dans les espaces francophones une littérature-reflet de second ordre où l’écriture perdrait ses droits à dire obliquement ce qu’elle veut dire, c’est-à-dire l’épuisement du dire pour effleurer ces voisinages d’absence et de « négativité » de la parole. Dans cet ordre d’idées, les thématiques, les techniques et les esthétiques d’écriture s’ingénient à tenter de relever le défi de porter à son acmé cette tension et cette propulsion vers ces voisinages et c’est, semble-t-il, l’une des conditions majeures de l’universalité de la littérature dans les espaces francophones.

1. Macherey Pierre, A quoi pense la littérature ?, puf, Collection Pratiques/théoriques, 1990, p.191.

2.Blanchot Maurice, Le Livre à venir, Gallimard, Folio-Essais, 1999, p.272.

3. Kristeva Julia, Étrangers à nous-mêmes, Paris, Gallimard, Collection Folio Essais, 1991, p.48.

4. Genette Gérard, Figures II, Du Seuil, Points, 1979, p.45. 

5. Iser Wolfgang, L’Acte de lecture, Philosophie du langage, traduit de l’allemand par Evelyne Sznycer, 1976, p.21.

Problématiques :

- Littérature, espaces francophones et interculturalité ;

- Littérature, espaces francophones et dialogisme ;

- Littérature, espaces francophones et esthétique ;

- Littérature et identité dans les espaces francophones ;

- Littérature et espaces francophones ou le pari de l’altérité ;   

- Littérature et espaces francophones ou l’enjeu de la toponymie ;

- Littérature, espaces francophones et la dynamique de l’ici et de l’ailleurs ;

- Littérature, espaces francophones et narrativité ;

- Littérature, espaces francophones ou l’enjeu du clos et de l’ouvert ;

- Littérature, espaces francophones ou l’enjeu de l’urbain et du rural ;

- Littérature, espaces francophones et perception des lieux ;

- Littérature, espaces francophones ou la dynamique du dedans et du dehors ;

- Littérature, espaces francophones ou le livre comme espace ;

- Littérature et poétique de l’espace dans les espaces francophones.

Les propositions de communications sont à envoyer avant le 30 juin 2021, aux adresses suivantes :

- Farajihassan01@yahoo.fr

- Mzahir6@yahoo.fr

Comité scientifique :

- Pr. Abdelmounïm EL AZOUZI (Faculté des Lettres et Sciences Humaines Saïs-Fès) - Pr. Abdelghani EL HIMANI (Faculté des Lettres et Sciences Humaines Saïs-Fès)

- Pr. Hassan CHAFIK (Faculté des Lettres et Sciences Humaines Saïs-Fès)

- Pr. Mohamed ZAHIR (Faculté des Lettres et Sciences Humaines Saïs-Fès)

- Pr. Mohamed SEMLALI (Faculté des Lettres et Sciences Humaines Saïs-Fès)

- Pr. Abdelhak BOUAZZA (Faculté des Lettres et Sciences Humaines Saïs-Fès)

- Pr. Mohamed HASSI (Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation-Fès)

- Pr. Mohamed FAHFOUHI (Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation-Fès)

- Pr. Mounir OUSSIKOUM (Faculté des Lettres et Sciences Humaines-Béni Mellal)

- Pr. Mohamed LAKHDAR (Faculté Polydisciplinaire-Larache)

- Pr. Jaouad BOUMAAJOUN (Faculté des Lettres et Sciences Humaines-Tétouan)

- Pr. Brahim BOUMAZZOU (Ecole Nationale des Sciences Appliquées-Kénitra)