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Appels à contributions

"Les savoirs où on ne les attend pas. Science et espaces fictionnels" (Université Bordeaux Montaigne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Laboratoire TELEM)

Appel à contribution

Les savoirs où on ne les attend pas
Science et espaces fictionnels

Journée d'étude - Jeudi 16 avril 2020 - Université Bordeaux Montaigne

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La structuration progressive de la littérature depuis le XVI ème siècle, à travers la constitution d'une langue, de livres, d'écrivains et de lecteurs, marque la naissance de rapports ambivalents entre le texte littéraire et la science. Entre inspirations réciproques, la science empruntant une forme à la littérature, la littérature empruntant un objet à la science, et influences mutuelles, tant pour ce qui est des méthodes que des expériences proposées, elles entretiennent des rapports complexes dont les formes et les modalités évoluent au gré des époques et des acteurs. De cette fascination, apparaissent, dans la littérature, des textes hybrides mettant en scène des savoirs, qu'il s'agisse de savoirs validés par les institutions savantes au moment de l'écriture ou alors issus de recherches et de découvertes isolées, et qui s’inscrivent dans des lieux fictionnels. Parmi ces espaces créés par la fiction, certains (comme les jardins, les déserts, certains modes de transport, la taverne, etc.) sont en décalage par rapport à l’expression de la connaissance et semblent peu propices au déploiement du discours scientifique. Dès lors, que faire de ces écrits qui insèrent des savoirs dans les textes littéraires et ancrent, dans un univers qui n'est pas le leur, une façon de penser, de parler, de se représenter le monde d’une époque donnée1 ?

Au-delà de la question des rapports entretenus entre science et littérature, dans une cohabitation des savoirs, de la fiction et du langage, ces textes littéraires se proposent comme points de rencontre, de constitution, de compilation ou de présentation mettant en scène des connaissances scientifiques dans des lieux fictionnels, propres à la création littéraire, méthode qui éclaire sans égal les modes de structuration et de transmission du savoir en cours au moment de l’écriture. Par ailleurs, ces discours de savoirs au cœur même de la fiction occupent une place prépondérante dans la construction d’un imaginaire scientifique qu’il convient d’étudier dans son statut d’imaginaire, en dehors de ses logiques strictement empiriques. Cette journée d’étude se donnera comme objectif, dans une approche pluridisciplinaire mais centrée sur le texte et sa forme, de questionner la convocation d’espaces fictionnels inattendus, décalés, éloignés de toute forme de savoir, pour porter un discours dont l’inscription dans un espace imaginaire nourrit tout autant les approches littéraires que scientifiques. Nous pouvons nous demander, en effet, comment considérer la nature et le statut de ces espaces littéraires fictifs inattendus, en tant que lieux de savoirs, porteurs d’information. En quoi sont-ils constitutifs d’un imaginaire scientifique ? Comment comprendre leurs manifestations, leurs représentations, leurs transformations, ainsi que les parcours qui les traversent, tant du point de vue de la littérature que de celui de la science ? Pourquoi recourir à des lieux de fiction décalés pour porter un discours scientifique ? Que penser d’un savoir extrait de son environnement et présenté, délocalisé dans un espace avec lequel il n’a, a priori, aucun lien ? Peut-on identifier des modèles récurrents propices à la convocation d’un savoir donné ou doit-on rendre compte de la singularité de chaque espace pour la mise en scène d’une connaissance particulière ? Quels sont les rapports entre la réalité scientifique d’une époque et les savoirs énoncés dans un texte littéraire qui lui est contemporain ? Doit-on considérer le récit fictionnel qui inclut un discours scientifique comme un stratagème pour permettre à l’auteur de recourir à des procédés rhétoriques adaptés à l’univers interprétatif du destinataire ? De plus, peut-on penser l’inscription des savoirs au sein d’espaces créés par le récit de fiction comme un acte de réflexion, de production et de construction, donc comme une actualisation, dans le réel, des connaissances inscrites dans le texte ? Enfin, comment évaluer la scientificité d’un discours qui vit dans un espace fictionnel qui lui est totalement étranger ?

1 Pour une approche plus approfondie de ces lieux de fiction, voir M. Blanchot, L'Espace littéraire, 1955.

Organisation matérielle
La journée d’étude aura lieu le jeudi 16 avril de 9h à 17h sur le site de l’Université Bordeaux-Montaigne.
Les interventions seront d'une durée de 35 à 40 minutes.

Propositions de communication
Dans une volonté d’élargir notre réflexion, la journée d’étude est ouverte à des chercheurs et des doctorants issus des sciences humaines comme des sciences appliquées. Les propositions de communication (entre 300 et 500 mots) sont à envoyer, accompagnées d’une courte bio-bibliographie avant le 14 février 2020.
Céline MÉOT : celine.meot@u-bordeaux-montaigne.fr
Eudes HUYGHE : eudes.huyghe@gmail.com