Actualité
Appels à contributions
Les Nuits de Paris in extenso

Les Nuits de Paris in extenso

Publié le par Université de Lausanne (Source : Hélène Boons)

Les Nuits de Paris in extenso

Université Paul Valéry Montpellier 3

10 et 11 mars 2022

Colloque organisé par l’IRCL (Université Paul Valéry Montpellier 3 – UMR 5186 du CNRS),

avec le soutien du CELIS (Université Clermont-Auvergne) et de la Société Rétif de La Bretonne

Comité d’organisation :

Hélène Boons, Linda Gil, Françoise Le Borgne, Pierre Testud.

Comité scientifique :

Hélène Boons, Michel Delon, Béatrice Ferrier, Linda Gil, Françoise Le Borgne,

Franck Salaün, Magali Soulatges, Pierre Testud, Dominique Triaire.

 

La récente réédition de l’intégralité des Nuits de Paris par Pierre Testud aux éditions Champion renouvelle l’appréhension d’une série à la fois très connue et méconnue, souvent perçue comme un mélange d’anecdotes pittoresques, un témoignage sur la Révolution française, un document sur Rétif de La Bretonne, voire comme une informe rhapsodie. Envisageant la série dans son intégralité, Pierre Testud insiste sur la cohérence et les enjeux proprement littéraires d’une œuvre ambitieuse qui, à l’instar des Contemporaines et du Paysan-Paysanne pervertis qui l’ont précédée, se veut une œuvre totale. À partir des modèles que constituent les traditions des Mille et Une Nuits et des « spectateurs », Rétif fait des récits de son Hibou-Spectateur nocturne le lien entre des protagonistes – la marquise, du Hameauneuf, Fonthlète – qui permettent de penser une sociabilité nouvelle. Les choses vues, les réflexions philosophiques et morales, les contes s’enchaînent dans la succession des Nuits et de leurs suites. Rétif, sous la Révolution, reprend cette structure alors même que la place de l’écrivain qu’elle permettait d’affirmer se trouve violemment ébranlée. Ce sont ces dynamiques que la publication intégrale des Nuits de Paris vient mettre au jour et que le colloque de Montpellier pourra permettre d’analyser, dans le prolongement de la journée d’étude de 2018 consacrée aux Contemporaines.

Dans cette perspective il sera intéressant de revenir sur le projet et l’esthétique de la série, en questionnant les sources et les modèles dont s’inspire Rétif pour construire sa poétique de la déambulation nocturne et en analysant la composition narrative des Nuits : comment ces unités sont-elles désignées et structurées ? Qu’est-ce qui leur confère leur cohérence et leur variété kaléidoscopique ? Quel est le statut des instances narratives et des personnages qui les hantent ? Ce questionnement invite à envisager la singularité des Nuits de Paris au regard d’autres œuvres rétiviennes également offertes sous le signe de la totalité discontinue et à s’intéresser non seulement à la construction narrative des Nuits mais aussi à leur théâtralité et à la présence d’éléments insérés dans la trame du récit : histoires grecques, contes merveilleux, juvénales, pièces de théâtre, etc.

L’interprétation de cette totalité discontinue engage bien évidemment la question du projet de l’auteur, de sa cohérence et de son évolution entre le moment où Rétif ébauche le projet du Hibou, en 1776, et celui où il achève, presque vingt ans plus tard, La Semaine nocturne (1794). Quel statut et quel rôle revendique l’auteur à travers cette mise en scène de soi en « Hibou-spectateur nocturne » ? Quel projet moral et politique s’efforce-t-il de promouvoir ?

Par son ambition et la période charnière qu’elle couvre, la série se prête également à une étude sociopoétique interrogeant les représentations de la ville nocturne et de ses habitant.e.s mobilisées par Rétif. Par quels canaux sensoriels ces représentations sont-elles médiatisées ? Quelle topographie construisent-elles ? Comment expliquer la focalisation de l’attention sur la délinquance, la misère, les violences faites aux femmes et la prostitution ? Peut-on parler d’un « réalisme » des comptes-rendus du « hibou-spectateur-nocturne » ?

Enfin, on pourra également s’intéresser à l’édition des Nuits de Paris, aux choix typographiques et aux illustrations qui la caractérisent ainsi qu’à la postérité de l’œuvre (traductions, réécritures…).

Les actes du colloque seront publiés dans le n° 54 des Études rétiviennes (2022).

Les propositions (1000 signes environ) ainsi qu’une courte bio-bibliographie sont à adresser à

linda.gil@univ-montp3.fr et francoise.le_borgne@uca.fr pour le 30 juin 2021.