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Les métamorphoses culturelles (revue Inter-lignes)

Les métamorphoses culturelles (revue Inter-lignes)

Publié le par Marc Escola (Source : Revue Inter-lignes (ICT Toulouse))

Les métamorphoses culturelles

Du grec metamórphōsis, « transformation », les métamorphoses convoquent les notions de mutation, voire d’hybridation. Elles sont omniprésentes dans de nombreuses formes artistiques : littérature, cinéma, peinture, sculpture, musique. Il s’agit alors de donner à voir ou à entendre les transformations lentes ou fulgurantes de personnages, d’objets. Les lieux, réels ou imaginés, plus ou moins transfigurés deviennent les épitomés de ces histoires singulières. Représentations des mutations du monde réel, les œuvres peuvent également évoluer, à travers les explorations formelles plébiscitées par l’écriture postmoderne notamment, vers des transfigurations novatrices, parfois anamorphosées, d’œuvre antérieures.

En dehors de tout acte de représentation ou d’artéfact, les métamorphoses sont partout et intéressent de ce fait un large spectre de disciplines scientifiques. Les transformations de l’individu trouvent écho dans les mutations sociétales qui elles-mêmes s’inscrivent dans le cadre de transfigurations géographiques et environnementales. 

Depuis les Métamorphoses de la culture libérale. Ethique, médias, entreprisede Gilles Lipovetsky en 2002 et sous l’impulsion des productions sur la question de la diversité culturelle au Canada qui ont donné lieu en 2005 à la convention de l’Unesco pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, de plus en plus d’essais interrogent la question culturelle - la parole et l’expression d’une société - en termes de métamorphoses. Ainsi, en plus de Gilles Lipovetsky pourraient être mentionnés André Gorz1ou Jean Beaudrillard2qui envisagent les métamorphoses comme éléments essentiels à l’émergence du post-modernisme.

Nombreux autres auteurs discourent sur cette notion de métamorphose, laquelle se traduit dans des débats actuels, comme celui organisé par l'Observatoire des politiques culturelles, en 20143. Ainsi, Ulrich Beck et Anthony Giddens dans Les Métamorphoses de la souveraineté, 2006 proposent des analyses sociales : "L’Europe telle qu’elle est : un point de vue cosmopolitique" ainsi que Daniel Innerarity avec l’étude  : "Gouverner une société complexe"ou encore Jean-Louis Cohen avec son analyse : "Transformations contemporaines de la souveraineté". Nous observons que ces auteurs pensent la marche des nations de nos sociétés actuelles à la lumière des métamorphoses. 

Pour mieux définir le lien avec l’expression culturelle et sociale, nous proposons non pas de revenir aux Métamorphoses d’Ovide mais de rappeler quelques concepts au travers de certaines œuvres ou courants aptes à ouvrir sur des analyses à partir des métamorphoses, souvent traitées au pluriel. Les axes qui intéressent ici sont tout d’abord d’ordre sémiotique portant tout autant sur la sémantique que sur la pragmatique qui ont pour effet d’éclairer la sphère culturelle et aussi d’ordre épistémologique aussi bien dans l’acception critique que sur l’étude de la connaissance.

Principe dynamique en perpétuel devenir, les métamorphoses sont une source d’invention et de création qui engagent une certaine vision ou disposition du monde. Elles convoquent par conséquent les notions de subjectivité et d’objectivité. Emerge alors la « partition » (Mallarmé) que réalise la métamorphose, qui, affranchie de la linéarité du langage, invite à modifier la dialectique en coopération. Par ailleurs, Giorgio Agamben rappelle que la transformation opérée par la métamorphose, permet plus d’échapper à l’état initial que d’atteindre l’état final. Cette nouvelle forme confine à l’insaisissable Facticia ou Factum (De Brosse) qui peut devenir cet objet fétiche dans nos sociétés contemporaines (Barthes).

Comme le révèle l’ambiguïté de toute métamorphose, l’état - ou la forme - de référence se trouve négativé en même temps qu’évoqué dans son substitut et le rapport plus ou moins substantiel des deux donne le potentiel, la grandeur ou beauté du résultat. 

Étudier le concept de métamorphose, en analyser les ressorts et les conséquences participe alors de la compréhension de la réalité sensible et intellectuelle actuelle. 

A partir des grands axes sémiotique et épistémologique de l’étude, nous invitons à réfléchir autant sur les phénomènes stylistiques et esthétiques autour du paradigme de la subjectivité et de l’objectivité, de la partie et du tout, de la présence négativée et de l’absence qui engendrent les métamorphoses, que sur les processus sociologiques dans la parole et la présence culturelles qui nourrissent depuis un objet, un état ou une forme, des types de métamorphoses dans l’actualité. Comment, dans la mondialisation qui entraîne une uniformisation culturelle, l’altérité par la métamorphose resurgit-elle ? Sommes-nous définitivement hors d’une pseudomorphose historique, illustrée par Spengler ? Comment les métamorphoses se déploient-elles face à cette société panoptique de Foucault à Lipovetsky ? Est-ce que la structure et la performance de chaque métamorphose permet de voir se réaliser un projet ? Peut-on observer ce phénomène en termes de finalité ? Nous invitons particulièrement à réfléchir sur ces mouvements de transformation propres à la métamorphose dans le champ culturel des sociétés actuelles.  

1 André Gorz, 2004, les Métamorphoses du travail ou critique de la raison économique

2 Jean Baudrillard, 2015, L’agonie de la puissance.

3 http://www.observatoire-culture.net/rep-rencontres/rub-rencontre/ido119/les_metamorphoses_de_la_culture_contemporaine.html

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Axes

  • Entre subjectivité et objectivité : le réel dans la métamorphose

  • L’idée du fini et de l’infini (hybridité et ambiguïté) dans la métamorphose

  • La métamorphose pour s’affranchir de la linéarité : une coopération entre le subjectif et l’objectif 

  • La métamorphose et le sacrifice d’un état/forme pour un/e autre (pseudomorphose)

  • La métamorphose au service de la diversité culturelle

  • La performance de la métamorphose au regard de son projet et de sa finalité

  • La métamorphose versus processus révolutionnaire socio-culturel 

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Les articles en français, anglais ou espagnol ne dépasseront pas 30 000 caractères (espaces, notes, notice biographique et résumés inclus) en caractères Times New roman 11 pour le corps du texte et Times New roman 9 pour les notes de bas de page.

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Les articles incomplets ne seront pas examinés par le comité de lecture.

Les propositions devront être adressées avant le 1er février 2020 (pour parution au printemps 2020) par mail à Karine Wiltord (karine.wiltord@ict-toulouse.fr) et Olivier Damourette (olivier.damourette@ict-toulouse.fr)