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Les lieux du corps : Politique et émancipation

Les lieux du corps : Politique et émancipation

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Anders Fjeld)

Les lieux du corps : Politique et émancipation

Argumentaire

Un corps hors de la place qui lui était assignée, reconfigurant les données d'un lieu, cela a été et reste une action politique forte : Rosa Parks donnant un lieu à son corps noir là où il n'avait aucun droit de cité ; le « peuple égyptien » reconfigurant la place Tahrir, espace de circulation quotidienne, par une multitude de pratiques de corps pour y installer une communauté polémique ; les sans-papiers occupant leurs nombreux lieux de travail à Paris, sortant des ombres administratives, donnant une visibilité polémique à leurs corps dans ces espaces publics et travailleurs où ils sont censés mener une existence invisible et silencieuse ; les féministes s'émancipant d'une corporalité dominante en agençant différemment les coordonnés, possibilités et pratiques du corps, brisant la logique du pouvoir en multipliant les corps possibles. Comment penser les lieux politiques du corps, leurs spatialités et temporalités, les pratiques et dynamiques qui y prennent place, les possibles qu'ils suscitent? Nous entendons dépasser l'idée du corps comme simple lieu matériel de travail, de reproduction, de souffrance et d'exploitation ainsi que l'idée de l'émancipation comme le processus par lequel on s'élève de ses conditions corporelles dominées. Pour cela, il s'agira d'examiner comment les corps s'insèrent, s'agencent ou se subjectivent dans des situations politiques et des processus d'émancipation. Reconfigurations de corps normalisés et maîtrisés, constructions de communautés polémiques, peuvent questionner la manière dont se configurent les liens, disjonctions et dynamiques entre corps, politique, domination et émancipation.

1. Pratique des corps et processus d'émancipation

Les contributions s'inscrivant dans cet axe s'intéresseront à la possibilité de penser le corps comme lieu d'une pratique de l'émancipation. Peut-on voir par exemple dans les pratiques de lutte et dans l'engagement corporel militant une source d'émancipation ? Doit-on envisager les résistances et le détournement du travail par les ouvriers uniquement comme les conséquences d'une domination des corps devenue insupportable, ou est-il possible d'y voir des forces créatrices de nouveaux possibles ? Avec cet axe, nous invitons, sans renier la pertinence des travaux sur le gouvernement des corps, à penser la possibilité d'une émancipation des corps, par des pratiques de résistance reconfigurant les rapports et les espaces sociaux. Corps travailleurs, corps militants, corps sexués, corps racialisés, et d'autres, sont des angles pouvant permettre d'aborder ces questions.

2. Corps, violence, politique

La violence est une question corporelle : des corps s'affrontent et se détruisent, subjuguent et dominent. La violence n'est-elle qu'un moyen de domination, ou pire une mesure de corruption, ou sa force peut-elle briser les dispositifs sociaux écrasants et se lier aux mouvements émancipateurs ? Comment penser et situer les violences qui peuvent avoir lieu dans une situation politique composée d'un réseau d'investissements subjectifs et de positions et dynamiques différentes ? Nous invitons à dépasser deux hypothèses ayant déterminé ces questions : d'une part le dispositif libéral pour lequel la politique commence là où la violence cesse, là où l'Etat détient le monopole raisonné de la violence légitime ; d'autre part le dispositif marxiste orthodoxe où la violence devient un simple moyen de lutte pour déconstruire les systèmes de domination et parvenir à une liberté universelle. Est-ce possible de concevoir différemment les relations entre corps, politique et violence ? Peut-on conceptualiser des violences qui ne seraient ni la simple négation de la politique ni le simple moyen au service de la politique, mais problématiques ou problématisantes, situées dans une constellation de forces politiques tirées entre émancipation et domination ?

3. Corps utopiques

Un corps, marqué par la tradition comme prison de l'âme, peut-il être utopique, à la fois lieu de nulle part et lieu du bonheur ? N'est-il pas un espace à investir, à revisiter, à (ré)inventer ? En prenant le contre pied des dispositifs de normalisation et de naturalisation des individus, il s'agit de replacer le corps dans des imaginaires, des théories et des pratiques politiques (féminisme, transhumanisme, performances artistiques...) inédites, singulières, de penser un corps ouvert aux possibles. Ces corps utopiques, corps transfigurés, « corps sans corps » et « corps sans organes », corps cyborgs, corps minoritaires ne seraient-ils pas le premier lieu de l'action politique ?

Cette manifestation, organisée conjointement par le CSPRP (Centre de Sociologie des Pratiques et des Représentations Politiques, Université Paris Diderot-Paris 7), le GTM-CRESPPA (Genre Travail Mobilités - Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris, Université Paris 8), le LLCP (Laboratoire d'études et de recherches sur les Logiques Contemporaines de la Philosophie, Université Paris 8) et l'Institut des Ecoles Doctorales Université Paris Diderot-Paris 7, a pour objectif de créer un espace d'échange entre doctorants et jeunes docteurs s'intéressant de façon critique au fait politique. Elle a vocation à se répéter annuellement.

Programme

Vendredi 25 janvier 2013    

Salle des conférences
Site CNRS pouchet
59/61 rue Pouchet, 75017 Paris

Plan d'accès : http://www.pouchet.cnrs.fr/plan.htm

    
Accueil des participants    8h30-9h00
Introduction par Anders Fjeld    9h00-9h30

Corps souffrants  9h30-13h00

Présidente de séance : Asli Telseren   

Tony Ferri
Les corps face aux pénalités contemporaines

Paula Vasquez Lezama (CNRS / CESPRA)
Les corps souffrants en public en temps de révolution bolivarienne (Venezuela)

Natasia Hamarat (Université Libre de Bruxelles)
Quelles possibilités de reconfiguration de l'identité corporelle des femmes par l'action collective ? Le cas des associations de la lutte contre le cancer du sein

Adrien Cascarino (Université Paris 7)
Ouvrir la peau, ouvrir les corps : quelle politique des scarifications ?

Déjeuner    13h00-14h30

Gestes politiques 14h30-18h00
Présidente de séance : Sarah Mailleux

Grégory Beltran
Les corps en présence. Stratégies collectives et résistances individuelles dans un mouvement pro-immigrés d'occupation

Marco Angella (Université Paris 10)
Corps, travail, émancipation

Federico Tarragoni (Université Paris 10)
Les politiques du corps d'une révolution en cours : le cas de la révolution bolivarienne.

François Reyssat (Université Paris 7)
Travail sale et sale boulot, de la résistance à l'émancipation. Les ouvriers du nettoyage en région parisienne.
   
Samedi 26 janvier 2013
    
Salle des thèses, Halle aux Farines, Université Paris Diderot-Paris 7
Esplanade Pierre Vidal-Naquet, 75013 Paris

Plan d'accès : http://www.univ-paris-diderot.fr/sc/site.php?bc=PRG&np=accueil

Corps dissidents 9h30-13h00
Présidente de séance : Alice Carabedian
    
Camila Arêas (Université Paris 2)
Le voile comme vécu politique du corps : émancipation féminine et civilisationnelle

Cornelia Moser (CRESPPA-GTM, CNRS)
Our bodies-ourselves ? Discrimination et émancipation corporelle dans la pensée féministe allemande.

Jean François Bissonnette (King's College, Londres)
Entre émancipation et paranoïa : les limites de la « propriété de soi-m�me » sont-elles infranchissables?

Miguel Castello (Université Paris 8)
La vie sans corps, un problème politique

12h30-14h00    Déjeuner

Métamorphoses du corps 14h30-18h00
Présidente de séance : Anouk Colombani
    
Eléonore Antzenberger (Université de Nîmes ; Université Paul Valéry de Montpellier)
Pierre Molinier, Le Corps réinventé

Willy Paillé
Le cri de gitan de Roland Barthes

Camille Louis (Université Paris 8)
Le corps au travail de son émancipation. Gestes politiques et processus artistique

Federica Maltese (Université de Grenoble ; Université de Turin)
Entre science-fiction et revendication féminine : Selbstversuch de Christa Wolf.