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Les imaginaires du féminin/masculin. Permanences et métamorphoses

Les imaginaires du féminin/masculin. Permanences et métamorphoses

Publié le par Marc Escola (Source : Najate Nerci)

Le laboratoire Interculturalité, communication et modernité (ICM)

(FLSH Mohammedia- Université Hassan II Casablanca)

co - organise

en collaboration avec

Le centre de recherches internationales sur l’imaginaire (CRI2i)

Un colloque international :

Les imaginaires du féminin/masculin

Permanences et métamorphoses

À la faculté des lettres et des sciences humaines-Mohammedia, les 4 et 5 mars 2020

 

 

Les questions soulevées par les rapports du féminin et du masculin sont la conséquence de l’évolution des sciences en général et des sciences humaines en particulier (ethnologie, anthropologie, sociologie, études de l’imaginaire, psychologie et psychanalyse, etc). Depuis lors, cette dyade qu’est  le féminin/masculin est l’objet de remise en question des usages dominants car un siècle de mouvements d’émancipation n’a pas suffi à libérer la condition des femmes, dans bien des contextes sociaux, de la domination masculine (patriarcat, phallocratie, misogynie). Or, au sein des imaginaires sous-tendant la dyade féminin/masculin, qui offre une catégorisation en apparence irrémissible et définitive mais dont les frontières sont en fait poreuses, émergent des figures, des re-symbolisations qui subvertissent et remettent en cause les fondations de nos cultures en les ouvrant sur de nouveaux circuits de construction de sens. Ces figures et ces re-symbolisations subvertissent le destin rigide du paradigme, y introduisent un trouble durable et élargissent à l’infini les orbitales du couple féminin/masculin. Nous pensons notamment au mystique andalou Ibn Arabi (1165-1240) pour qui l’homme est marqué par la féminité qui est, elle-même, diffuse dans l’univers: « l’on ne peut compter sur un lieu s’il n’est pas mis au féminin ». La figure de l’androgyne réunit, elle aussi, le féminin et le masculin dans une cohérence non dénuée de trouble où chaque forme partage avec son contraire des propriétés antithétiques et communes. G. Durand relève à titre d’exemple que dans le symbole du Tai Ki des taoïstes, toutes les figures analogues et opposées renferment une fraction de l’autre.

Par ailleurs, la situation anthropologique moderne de la femme a connu des métamorphoses  par suite de la contraception, de la procréation assistée par la médecine, voire la filiation multiple (dans la GPA), ce qui ne manque pas de susciter de vives controverses quant à leurs des retombées sur l’avenir de l’humanité.  On assiste alors à des revendications vives qui réinterrogent les normes, institutions et usages et on voit poindre un nouveau « conflit des interprétations » au risque d’entraîner ce que certains psychanalystes appellent une crise de la masculinité (de la virilité ou de  la paternité). On veut donc reprendre la question du féminin et du masculin en amont, dans cette instance psychique où elle se prépare, c‘est-à-dire le champ des représentations, des imaginaires, des images, des symboles, des archétypes, qui constituent une structure symbolique à la fois invariante et variable dans l’espace et le temps des sociétés.

On pourra restituer d’abord une mythologie genrée dualistique, largement associée à la procréation qui distribue les rôles de manière biologique. Il existe bien une correspondance entre les spécificités anatomiques et physiologiques des hommes et des femmes et certains de leurs attributs dans l’ordre symbolique, qui ont été fixés par des mythologies et des idéologies dérivées. Cette asymétrie a été aussi figée et normalisée par des traditions religieuses, en particulier monothéistes.

Pourtant à regarder de plus près les attributs du masculin et du féminin sont plus complexes et riches dans les imaginaires que dans les situations psycho-sociales qui s’en revendiquent : dyades pensées comme polarités et non comme entités, bisexualité et androgynies comme tension (yin yang), pour ne pas parler des attributs du mytho-poétique féminin qui compensent ou annulent les approches instrumentales et oppressives du féminin. Les mythes dans les religions permettent d’explorer la richesse des attributs du féminin (terre-mère, virginité, déesse, prophétismes –Sybille-, mais aussi ménades, etc.)

On peut dès lors reconstituer les éléments d’un nouvel imaginaire pour les temps présents, marqués par les changements anthropologiques de la procréation et des nouvelles conditions du travail féminin. Sans tomber dans le relativisme absolu, le constructivisme fantasmatique, on peut dégager le nouveau « trajet anthropologique » des images sexuées, au sens de Gaston Bachelard ou de Gilbert Durand, qui voyaient dans l’imaginaire la résultante d’une articulation dynamique de données biologiques, voire neurobiologiques, de données psychologiques (liées à la caractérologie, au langage etc) et de données culturelles (mythes collectifs). Il en résulte que les imaginaires ne peuvent être de pures constructions arbitraires, puisque engrammés dans une nature humaine (même si elle est évolutive) mais qu’ils peuvent aussi être variables puisque inscrits dans des différenciations selon des « bassins sémantiques » culturels.

On cherchera à esquisser la logique symbolique de cette métamorphose des imaginaires sexués, située entre un essentialisme stéréotypé et un nominalisme subjectiviste. On gagnerait à revenir par l’intermédiaire des travaux pluridisciplinaires sur les imaginaires, sur les fondements psychiques de la bisexualité originaire, sur les archétypes de l’animus et de l’anima (au sens de C.G. Jung), qui coexistent en chaque individu, mais aussi sur les valences spécifiques des attributs sexués (maternité, paternité). Comment penser aussi la complexité des identités : l’animus de la femme, l’anima de l’homme, comment penser les filiations multiples? Comment penser les nouvelles figures de la parenté et des liens familiaux en usage dans les sociétés actuelles ? etc.

En s’ouvrant aux  regards croisés de différentes disciplines, ce colloque se donne pour tâche d’interroger les discours, représentations et productions liées aux imaginaires du féminin/masculin, en prêtant une attention particulière aux archétypes qui entourent leur rencontre suivant les domaines suivants :

•             Littérature, linguistique et arts visuels ;

•             Philosophie, sociologie, psychologie et psychanalyse ; 

•             Pédagogie et sciences de l’éducation ;

•             Histoire, sciences politiques ;

•             Histoire et anthropologie ;

•             Histoire des religions.

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La proposition de communication en français (titre, nom et prénom, structure d’attache, résumé (une vingtaine de lignes), 7 mots clefs) qui sera accompagnée d'une courte notice bio-bibliographique  est à envoyer aux adresses suivantes:

aacaiozzo@gmail.com

najate.nerci@gmail.com

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Principales échéances:

15 Janvier 2020: Date limite de soumission des propositions de communication.            

01 Février 2020: Notification des propositions acceptées.

01 Septembre 2020: Rentrée des textes définitifs, accompagnés de leurs résumés.

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Comité scientifique :

Jean Jacques Wunenburger (Université Jean Moulin Lyon 3, France), Corin Braga (Université Babes-Bolyai, Cluj-Napoca, Roumanie), Philippe Walter (Université Stendhal de Grenoble), Ana Tais Barros (Université Rio Grande do Sul, Porto Alegre, Brésil), Fanfan Chen (Université Dong Hwa, Taiwan), Danielle Perin Rocha-Pitta (Université de Pernambouc à Recife, Brésil),  Hichem Ismail (Université de Sfax, Tunisie),  Ionel Buse (Université de Craiova, Roumanie), Mercédès Montoro (Université de Grenade, Espagne), Ilona Blocian (Université de  Wroclaw, Pologne), Renato Boccali (Chaire UNESCO, IULM, Italie), Gérard Peylet (Université Bordeaux-Montaigne, France), Géraldine Puccini (Université Bordeaux-Montaigne, France), Peter Kuon (Université de Salzburg, Autriche), Hakima Laala (ICM, FLSH Mohammedia, Université Hassan II-Casablanca, Maroc), Saad Belgnaoui (ICM, FLSH Mohammedia, Université Hassan II-Casablanca, Maroc), Fatima Ibork (ICM, FLSH Mohammedia, Université Hassan II de Casablanca, Maroc), Najate Nerci (ICM, FLSH Mohammedia, Université Hassan II de Casablanca, Maroc).

Comité d’organisation:

Anna Caiozzo (Université Bordeaux Montaigne), Saad Belgnaoui (FLSH Mohammedia, Université Hassan II-Casablanca, Maroc), Hakima Laala (FLSH Mohammedia, Université Hassan II-Casablanca, Maroc), Fatima Ibork (FLSH Mohammedia, Université Hassan II-Casablanca, Maroc), Najate Nerci (FLSH Mohammedia, Université Hassan II-Casablanca, Maroc).

Coordination :

Najate Nerci

Anna Caiozzo