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Le transfert culturel, un carrefour de perspectives critiques – conceptualisations, usages et limites de la notion 

Le transfert culturel, un carrefour de perspectives critiques – conceptualisations, usages et limites de la notion

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Jean-Claude LABORIE)

Le transfert culturel, un carrefour de perspectives critiques – conceptualisations, usages et limites de la notion

v  27 janvier 2012/ Université de Paris-Ouest- Nanterre (organisation Jean Claude Laborie et Michel Riaudel), salle des colloques, bâtiment B

 

L’étude de la circulation des phénomènes culturels, de leurs relations et porosités, a suscité la prolifération de notions concomitantes, successives ou concurrentes : influence, réception, acculturation, transculturation, interculturation, intertextualité, métissage, syncrétisme, assimilation, créolisation, « hybridity » etc. Chaque variation, tout en ne cessant d’exprimer l’interaction de modèles culturels, induit des présupposés spécifiques, qui, selon les contextes, les disciplines ou les objets d’analyse, ont pu relever de l’ethnocentrisme ou du rejet d’un impérialisme culturel. D’autres encore, pour se démarquer des préjugés trop nettement idéologiques, cherchent les points de médiation et de passage, et étudient les processus. La grande instabilité conceptuelle en la matière, comme la promotion, depuis une vingtaine d’années, d’une terminologie plus neutre, tel le mot « circulation », illustrent la difficulté d’avancer sur des terrains minés par des situations de colonisation, d’hégémonie, de dépendance, d’oppression et de luttes de libération, ainsi que par de vaines polémiques entre disciplines académiques et écoles doctrinales.

Dans la mesure où chaque discipline définit de manière spécifique les concepts de « culture » (ou de modèle culturel), de circulation, mais également les espaces, la chronologie et les types de passeurs, la notion connaît aujourd’hui à la fois une extension maximale et une dilution complète. Elle est devenue, de manière paradoxale, à la fois un outil polémique et un concept mou autorisant tous les emplois analogiques.

            Dans les années 1990, nous avons vu émerger dans le contexte français la notion de transfert culturel (Michel Espagne), une formulation dont la très rapide extension — surtout dans le champ des études littéraires, voire historiques — tient à ce qu’elle insiste sur la complexité des processus en jeu sans les prédéterminer ou les réduire avant toute analyse. Ce terme semble, en effet, ne privilégier a priori ni le point de départ (influence) ni le point d’arrivée (réception), et laisse entrevoir des circulations de tout ordre qu’il est possible de conjuguer. Le transfert suppose, en effet, une circulation à double sens et intègre des phénomènes divers, comme l’intertextualité, la réécriture, la traduction (stricto sensu ou dans une acception élargie par plusieurs courants de l’anthropologie contemporaine — voir Lévi-Strauss, M. Sahlins, entre autres), ou la translation (au sens que lui donne Antoine Berman), les études de réception et d’imagologie, mais également des circulations concrètes assurées par tout type de passeurs culturels. Le succès de cette terminologie, porté éventuellement par l’extension des « cultural studies », réside donc dans son indétermination et sa plasticité idéologique.

Nous faisons, pour notre part, l’hypothèse qu’il s’agit d’une notion souffrant d’une circonscription trop indécise, d’un usage souvent acritique (à la limite, tout est ‘transfert’), et qu’elle renvoie à des recherches dont les procédures et le vocabulaire ne convergent pas nécessairement. Dans le même temps, il est frappant que des usages plus centraux, notamment dans le domaine psychanalytique, concourent rarement à une resémantisation de la notion. C’est pourquoi un effort de conceptualisation permettrait d’en préciser les contours et d’en exploiter toutes les résonances.

L’objectif de ce colloque sera de procéder à un premier inventaire et une esquisse de redéploiement des usages de la notion de transfert culturel, en réunissant des spécialistes de littérature, ainsi que des comparatistes et des chercheurs en sciences humaines (historiens, sociologues, anthropologues, psychanalystes). Le choix d’un paradigme européo-brésilien, qui n’a rien d’exclusif à ce stade de la réflexion, fournira une occasion de croiser des approches concrètes autour d’un corpus, à de multiples égards, exemplaire. Il s’agira de construire dans un premier temps un panorama des usages spécifiques parallèles, de leurs objets et enjeux au sein de chaque pratique de recherche, pour ensuite prendre en compte la diversité et la multiplicité des perspectives. Nous souhaitons rompre avec des procédures de définition trop marquées par les clivages disciplinaires, sans pour autant vouloir réduire ou unifier acceptions et emplois, sans chercher à tout prix un ou des points communs. Notre premier effort sera au contraire de susciter, dans chaque contexte d’emploi, une réflexion théorique de la part de chaque spécialiste sur ses choix méthodologiques, afin de mieux tirer profit de la vitalité créatrice de nos éventuelles différences, une fois décrites et fondées.

 

Programme du Colloque

 

9h30 ouverture : Jean-claude Laborie et Michel Riaudel : « les enjeux d’une réflexion sur les transferts culturels »

10h : Introduction : Jean-claude Laborie

10h30-13h : Table ronde : les transferts culturels, un carrefour interdisciplinaire

10h30-11h30 : Des expériences croisées

-       Anaïs Fléchet (histoire, Saint Quentin en Yvelines)

-       Carole Boidin (littérature comparée, Paris X)

-       Myriam Suchet (littérature et traductologie, ENS Lyon)

-       Olivier Douville (psychanalyse, Paris VII)

-       Fernanda Area Peixoto (anthropologie, USP São Paulo)

11h30-13h : Débats

13h déjeuner

14h30 : Introduction : Michel Riaudel

15h-17h30 : Table ronde : les transferts culturels et le paradigme franco-brésilien

15h-16h : usages et pratiques transatlantiques 

-       Laurent Vidal (histoire, La Rochelle)

-       Ilda Mendes dos Santos (littérature portugaise, Paris 3)

-       Roberto Zular (littérature comparée, USP São paulo)

16h-17h30 : Débats

17h30 : Conclusions